Introduction
L’analyse du discours s’impose comme un champ de recherche plutôt qu’une problématique d’enseignement, une perspective qui a contribué à l’apparition tardive de cette discipline (Simone Bonnafous, Malika Temmar, Eds, 2007, pp. 24-25). De ce fait, la formation à l’analyse du discours a commencé à se développer. Cette formation puise principalement ses programmes dans les bases théoriques de l’école européenne, notamment sous l’influence de la théorie de Michel Pêcheux, exposée dans L’analyse automatique du discours (Côté, 1981). Cet ouvrage problématise l’Appareil Idéologique d’État (AIE) et ses extensions psychanalytiques sur la théorie de l’auto-discours, ainsi que la théorie de Michel Foucault sur le concept des formations discursives. L’intervention de ces théories a renforcé la méthode d’analyse, telle que l’analyse lexicale, l’analyse syntaxique, l’analyse sémantique, etc.
Bien que ce domaine soit au centre des préoccupations de nombreux chercheurs appartenant à cette école, la formation à l’analyse du discours en Algérie semble timide par rapport à d’autres spécialités. Elle se limite à certains départements de langues, en particulier celui de la langue française. Au début de ce siècle, grâce aux initiatives de certains chercheurs ayant bénéficié d’un stage de formation dans le cadre d’un programme algéro-français, des outils sémiolinguistiques ont commencé à être intégrés dans le traitement des nouveaux concepts relatifs aux différents discours institutionnels en Algérie, afin de mieux comprendre les différentes pratiques lexicales et numériques utilisées (Chiali-Lalaoui, Fatima Zohra, 2019, pp. 139-151). Dès lors, l’importance de l’Académie du Discours Français (ADF) s’impose comme une approche importante grâce à ses méthodes et ses théories adaptées. Il existe également d’autres initiatives liées à l’enseignement de l’analyse du discours dans d’autres spécialités des sciences sociales et humaines, notamment dans les sciences de l’information et de la communication (SIC). La convergence entre ces deux disciplines renforce le développement de l’analyse du discours grâce à plusieurs facteurs liés au contexte adaptatif (Simone Bonnafous, Alice Krieg-Planque, 2014, pp. 223-238).
Sur la base de cette interdisciplinarité, la formation à l’analyse du discours dans l’enseignement supérieur, dans le domaine des SIC, est bien installée. Elle se décline dans des matières pertinentes qui se focalisent généralement sur des corpus purement médiatiques (au niveau des médias) et communicationnels (au niveau des organismes).
À cet effet, l’analyse du discours s’adapte aux différents corpus, à travers lesquels les types et les genres discursifs se manifestent. Cette richesse se répercute sur la nature de l’analyse du discours, laquelle est revisitée en fonction du développement des outils, des méthodes et des différents dispositifs de recherche. Dans ce sens, il existe plusieurs approches d’analyse du discours qui déterminent la méthode d’analyse. Tenant compte des normes méthodologiques, notre attention s’inscrit dans l’aspect opérationnel de l’analyse du discours. Nous proposons une grille d’analyse adaptée au discours médiatique, en guise de modèle qui répondra aux questions méthodologiques que de nombreux étudiants en fin de cycle, doctorants, voire même certains enseignants-chercheurs soulèvent de manière récurrente. Concernant l’opérationnalisation de ce type de discours par une grille d’analyse adéquate, nous allons présenter quelques étapes pertinentes qui regroupent toutes les techniques permettant une analyse globale et détaillée.
1. La spécificité de la discipline mise en valeur
La remise en question de l’application de l’analyse du discours en SIC s’inscrit dans les domaines interdisciplinaires (Maingueneau, Analyse du discours et champ disciplinaire, 2010). Cette spécificité se reflète dans les méthodes et les outils d’analyse opérationnels. À cet effet, plusieurs tendances théoriques divergent à travers des approches d’analyse particulières. La démarche de ces tendances se construit théoriquement sur des ancrages philosophiques et linguistiques (Simone Bonnafous, Malika Temmar, Eds, 2007, p. 27).
L’analyse du discours en SIC a été développée par l’application d’outils de recherche issus des sciences humaines et sociales (SHS).
Par ailleurs, l’analyse du discours a été considérée comme une boîte à outils dans un ensemble de « méthodes qualitatives » des SHS. Ces analystes travaillent au sein de cadres définis par la discipline à laquelle ils appartiennent : sociologie, histoire, sciences politiques, géographie, etc. Ils appréhendent le discours comme un ensemble d’indices permettant d’accéder à des « réalités » hors langage. Une telle démarche tend à brouiller la frontière entre les approches proprement discursives et d’autres méthodes qualitatives, en particulier les techniques d’« analyse de contenu » (Ibid., pp. 27-29).
Ainsi, la compréhension du concept se clarifie grâce à la mise en évidence de la différence entre l’analyse du discours et les études du discours, souvent désignées sous le terme « discursivistes ». Ces dernières n’ont pas travaillé sur la théorie du discours mais sur l’analyse du discours, devenant ainsi des analystes du discours grâce à leur utilisation de nombreuses méthodes et à l’étude de corpus. Ce courant représente une tendance dominante qui perçoit l’analyse du discours comme une méthode qualitative dans les SHS (Maingueneau, Que cherchent les analystes du discours... ?, 2012, pp. 5-6).
La divergence en analyse du discours se manifeste notamment dans sa relation avec l’« analyse de contenu » (Coulomb-Gully, 2002), qui se traduit par une complémentarité entre la technique quantitative (analyse de contenu) et la technique qualitative (analyse du discours). La spécificité de l’analyse du discours réside dans sa technicité, ses méthodes, ses approches, ses théories et ses écoles. En revanche, l’analyse de contenu est une technique purement quantitative, qui a été développée par la suite en tant que technique mixte (quantitative et qualitative).
À partir de cette spécificité, l’analyse du discours se révèle comme une approche analytique purement qualitative (Maingueneau, Dominique, 1992, p. 9). À cet effet, l’approche analytique d’un discours médiatique ou communicationnel varie en fonction des différentes approches théoriques et méthodologiques. La mise en œuvre de l’approche analytique d’un discours particulier en SIC nécessite de prendre en compte plusieurs critères : 1) le type et le genre du discours à analyser ; 2) les frontières de la complémentarité entre l’analyse du discours et l’analyse de contenu ; 3) le niveau d’analyse du discours, notamment en ce qui concerne sa structuration, son texte et son contexte. En tenant compte de ces critères, qui fonctionnent selon des approches théoriques et méthodologiques de l’analyse du discours, l’analyse est effectuée de manière méthodique (Dominique M., 1979). Dans cette perspective, nous avons proposé une grille d’analyse comme modèle permettant de décortiquer un discours médiatique en tant que type discursif, en fonction des critères mentionnés précédemment, sur lesquels repose l’opérationnalisation de l’analyse du discours médiatique.
2. L’opérationnalisation de l’analyse d’un discours médiatique
Notre démarche se base sur quelques recherches pertinentes sous forme d’études antérieures, d’une part, et sur la nature de notre formation et champ d’intérêt à travers des recherches purement analytiques, d’autre part (tout ce qui concerne l’axe du message). À partir de cette plateforme, nous avons tenté de développer un modèle de grille d’analyse permettant d’opérationnaliser les différentes étapes de l’analyse du discours. L’opération sera spécifique à un discours médiatique, ce qui nous permet d’utiliser des termes pertinents de ce type, lesquels se reflètent directement sur les unités d’analyse.
Notre grille d’analyse est construite autour de quatre catégories principales qui déterminent la structure d’un discours et permettent de comprendre à la fois le texte et son contexte. Ces catégories représentent le système de découpage et les éléments de la déconstruction d’un corpus médiatique, caractérisé par une forme et un contenu spécifiques. Méthodologiquement parlant, l’analyse du discours s’articule autour d’une structure (l’ordre structurel), des constituants ou des différentes relations linguistiques sur lesquelles le texte s’organise et se signifie, ou ce que l’on appelle la conception référentielle et modale du texte, ainsi que d’un contexte dans lequel le texte s’interprète selon les circonstances de la production du discours (le contexte).
Par conséquent, nous allons opérationnaliser notre grille d’analyse en fonction de ces quatre catégories à travers ses unités d’analyse, en considérant le type discursif choisi et ses différents genres.
2.1. Le cotexte (et/ou le contexte)
Prédéterminant la catégorie, le concept nécessite d’abord une définition précise afin de comprendre le fonctionnement du contexte. En se basant sur de nombreuses définitions, le concept se distingue en deux définitions opposées : la première se focalise sur ce que l’on appelle l’intralinguistique, c’est-à-dire le contexte linguistique ou la vision structurelle d’un texte. En d’autres termes, il s’agit du contexte qui s’articule principalement autour du contexte lexical et sémantique. À l’inverse, la seconde définition se concentre sur ce que l’on appelle l’extralinguistique. Simplement, il s’agit d’un contexte beaucoup plus large (le concept du contexte se réduit ou s’élargit selon Wodak, 2009, pp. 97-125) que le premier, qui repose sur une analyse plus globale et englobe tous les contextes sociaux dans lesquels le sens se construit. À partir de cette explication, nous pouvons dire que le contexte s’articule autour de deux concepts pertinents : le décontextualisé (contexte) selon le cadre du texte, et le contextualisé (hors contexte) selon le cadre social (Kleiber, 2009, pp. 17-32). En d’autres termes, il s’agit du sens contextuel d’une part, et de l’interprétation contextuelle d’autre part (Cusin-Berche, 1997, pp. 135-146). Ainsi, à partir de cette contextualisation, la compréhension du texte se détermine. Dans ce sens, le cotexte est la mise en relation du système textuel en tant que contexte, d’un côté, et du système social en tant que contexte général, composé de différents sous-systèmes (politiques, économiques, médiatiques, socioculturels, etc.).
Opérationnellement parlant, la contextualisation d’un discours médiatique repose sur plusieurs éléments permettant d’expliquer le fonctionnement et la compréhension du texte, que ce soit au niveau intralinguistique ou extralinguistique. Dans cette perspective de contextualisation, nous nous concentrons sur la catégorie de l’intralinguistique, en traitant quelques unités d’analyse pertinentes, comme synthétisé ci-après.
Tableau N01 : Grille d’analyse du cotexte d’un discours médiatique
Aspect |
Détails |
Contextuel (La mise en texte) |
Presse écrite : Haut ou bas de la page, ou selon le plan (ex. : A1, A2, B1, B2, etc.). |
Page de l’article : La Une, au milieu, à la fin. |
|
Audiovisuel : Début, milieu ou fin (selon la programmation d’une émission ou d’un programme). |
|
Rubrique du texte |
Presse écrite : Selon le menu du journal. |
Audiovisuel : Selon la programmation radio ou télévisuelle. |
|
Longueur du texte |
Presse écrite : Long, moyen, court (mesuré en mots ou en centimètres). |
Audiovisuel : Durée de l’émission, du programme, d’un film, etc. |
|
Style d’écriture du texte |
Presse écrite : Taille, police, etc. |
Audiovisuel : Couleurs, qualité d’image, réalisation, animation, éléments topographiques, etc. |
|
Plan du texte |
Formes rédactionnelles : Pyramidal (inversé, simple), chaîné, diamant, équilibré, etc. |
Genres journalistiques communs |
Presse écrite : Informationnel, reportage, interview, compte rendu, portrait, analytique, éditorial, enquête, commentaire, etc. |
Audiovisuel : Talk-show, différé, direct, documentaire, dramatique, divertissement, couverture d’événement, animation, etc. |
|
Le texte comme cadre contextuel |
Le texte constitue un cadre contextuel à partir duquel les unités d’analyse sont explicitées. |
Unité d’analyse selon l’approche théorique
Théoricien |
Concept d’unité d’analyse |
F. de Saussure |
Structure de la langue dans le texte. |
Z. Harris |
Analyse au-delà de la phrase : mots, phonèmes, morphèmes. |
D. Maingueneau |
Énoncé et situation communicationnelle. |
J. M. Adam |
Texte. |
R. Barthes |
Image : icône codée (symboles), icône non codée (littérale). |
J. Moeschler |
Actes de langage. |
M. Foucault |
Formations discursives. |
N. Fairclough |
Formation des pratiques. |
V. van Dijk |
Structure du langage dans le contexte : niveaux supérieurs et partiels. |
2.2. Le paratexte
Dans le cadre du contexte, certains éléments accompagnent le texte et se manifestent sous la forme de ce que l’on appelle le paratexte, qui inclut les éléments suivants : le nom de l’auteur, le titre de l’œuvre, le recueil dont le texte est extrait, la date et le lieu de publication, ainsi que le titre. Parfois, d’autres indications sont fournies dans la présentation, en marge ou en note de bas de page. Lorsqu’il s’agit d’un journal ou d’un magazine, le lecteur peut déduire à quel public le texte s’adresse et tenir compte de cette donnée pour établir l’intention avec laquelle le texte a été écrit. En associant ces informations à ses connaissances personnelles ou en clarifiant les références à l’aide d’outils documentaires, le lecteur peut se faire une idée de l’intention et des facteurs qui influent sur le point de vue présenté.
Tableau N02 : Grille d’analyse de paratexte d’un discours médiatique
Catégorie |
Détails |
Auteur |
Nom et prénom, pseudonyme, signature, etc. |
Date |
Jour, mois, année. |
Source |
- Sources fermées : Formelles, témoins, médias, agences de presse, etc. |
Titre |
- Police du titre : En gras, taille spécifique, etc. |
Illustrations |
Photos, caricatures, dessins, légendes, figures, tableaux, symboles (logos, slogans, etc.). |
2.3 Le contexte
La deuxième dimension du concept se représente par le contexte élargi ou le contexte général. Il s’agit tout simplement de la contextualisation proprement dite, à travers la situation de communication d’un côté, et la situation globale de l’autre. À partir de ces éléments, la compréhension du discours renvoie au cadre social dans lequel nous pouvons comprendre le rapport entre la langue et la société. Ce rapport se manifeste pratiquement, d’une part, à travers le discours et les autres discours dans la société, dans l’objectif de les comparer ou de les critiquer ; d’autre part, à travers le discours et les facteurs environnants, en les considérant comme des circonstances de la production du discours. Ainsi, nous pouvons dire que :
« la description (des propriétés formelles du texte), l’interprétation (qui s’occupe de la relation entre le texte et les processus de production et d’interprétation) et l’explication qui permet d’éclairer la relation entre l’interaction et le contexte social en prenant en compte la part de détermination sociale des processus de production et d’interprétation, et leurs effets sociaux » (Petitclerc, 2009).
À cet effet, nous avons établi les unités d’analyse par lesquelles le contexte se détermine à travers le situationnel, qui se manifeste par le cadre spatiotemporel, que ce soit la situation de discours (la situation de communication), ou la situation globale qui se représente par toutes les circonstances environnantes liées aux facteurs sociaux, politiques, historiques, culturels, civiques, etc.
Tableau N03 : Grille d’analyse du contexte d’un discours médiatique
Catégorie |
Détails |
Le situationnel |
Cadre spatiotemporel : Représente les circonstances de la production du discours, extralinguistiques. |
La situation de communication |
- Analyse du cadre spatiotemporel du discours. |
La situation globale |
Facteurs environnants contribuant à la production du discours : |
2.4 Le texte
Le texte est le corpus sur lequel l’analyse se réalise. Il se matérialise comme un système linguistique à travers un ensemble de significations. À ce titre, le texte possède une forme qui se manifeste par une structure, ainsi qu’un contenu linguistique significatif. Ces éléments sont déterminés par la nature de la communication, qui est un processus commençant par un orateur et se terminant par un auditoire. Par conséquent, la compréhension du discours se matérialise dans la transmission du sens entre l’orateur et l’auditoire, sous forme d’un système linguistique (texte ou textes, oraux ou écrits) dans un dispositif communicationnel auquel la structure du discours s’adapte.
À partir de ce processus, nous pouvons comprendre le fonctionnement du discours à travers ses constituants internes, c’est-à-dire en cherchant le sens selon le rapport entre les unités discursives au sein du texte lui-même. De plus, nous pouvons analyser ses constituants externes, qui sont représentés par le rapport entre les unités discursives au sein de la société (les circonstances de la production), le texte étant un système de signes destiné à construire un sens commun. Par conséquent, le sens du discours se divise en un sens linguistique textuel et un sens linguistique contextuel. Les deux contribuent à la construction du sens, ou ce que l’on appelle la construction sociale du langage (Charaudeau, 2011, pp. 23-41).
Par ailleurs, l’analyse du discours, dans ce contexte, nécessite un ensemble d’instruments pour le décortiquer selon plusieurs critères. Il est difficile d’invoquer tous les outils d’analyse qui relèvent des nombreuses approches théoriques et méthodologiques (Dominique, 1979). La nature du discours étant différente selon le type discursif choisi, « la typologie du discours » (Maingueneau, 2014, p. 64) impose, dans une certaine mesure, le choix des unités d’analyse qui nous permettent de déterminer les outils d’analyse adéquats.
À cet effet, nous proposons quelques outils pour analyser un texte d’un discours médiatique, à titre d’exemple. Lorsque nous analysons la forme ou la structure, l’opération nécessite un système de découpage ou de déconstruction qui se base sur des dimensions représentées par des structures supérieures et partielles ; ce découpage est particulier par rapport au contenu du discours. Cependant, la structure se manifeste également par une architecture sur laquelle les éléments esthétiques, artistiques et stylistiques se déterminent.
Ainsi, la construction d’un discours nécessite l’intervention de multiples facteurs, qu’ils soient internes ou externes, sur lesquels le système linguistique fonctionne et à travers lesquels sa force se manifeste. Cette force s’interprète selon l’approche théorique pertinente (le discours comme pouvoir) (Foucault, 1976, pp. 10-65). En focalisant sur cette variable essentielle, le sens devient clair, car l’implicite du langage se dissimule derrière une stratégie discursive bien déterminée, qui émerge d’un ensemble de compétences linguistiques et communicationnelles ainsi que de stratégies persuasives et argumentatives.
Sur la base de ce constat, nous appliquons certaines unités d’analyse à un texte médiatique, en utilisant différentes approches méthodologiques et théoriques. L’opérationnalisation se fonde initialement sur un ensemble de termes pertinents propres à un discours purement médiatique, selon lequel l’analyse est menée.
Tableau N04 : Grille d’analyse du texte d’un discours médiatique
Catégorie |
Détails |
Analyse des thèses |
- Analyse lexicale : Champ lexical lié au sujet des thèses ou antithèses. |
Analyse syntaxique |
- Relations pragmatiques et syntaxiques : Grammaire, conjugaison. |
Analyse stylistique |
- Analyse linguistique : Synonymes, répétitions, antonymes, omissions, conjonctions, etc. |
Analyse argumentative |
- Stratégies logiques : Raisonnements (déductif ou inductif), enchaînement logique, relations et connecteurs logiques, rhétorique logique. |
Analyse référentielle |
- Réalités scientifiques : Citations, statistiques, exemples, concepts, théories, études. |
Stratégies émotionnelles |
- Séduction, suspense, popularisation. |
Stratégies éthiques |
- Image de soi : Personnes physiques (politiciens, écrivains) ou morales (partis, institutions, entreprises). |
Analyse d’image |
- Composantes iconiques (codées et non codées). |
Outils analytiques auxiliaires |
- Politique des médias : Ligne éditoriale, idéologies. |
Il apparaît ainsi que le discours médiatique est l’un des types discursifs, comprenant divers genres discursifs tels que le discours journalistique, radiophonique et télévisuel. Dans cette grille d’analyse, nous avons mis en évidence trois aspects essentiels : l’aspect structurel, conceptuel et contextuel.
L’analyse du discours médiatique à travers ces différentes catégories révèle que son opérationnalisation s’articule autour d’une grille englobant tous les aspects d’analyse sur lesquels repose le sens du discours.
Enfin, il convient de noter que la mise en œuvre d’une approche théorique ou méthodologique pour l’analyse d’un discours nécessite plusieurs lectures approfondies des fondements pertinents, d’une part, et une pratique basée sur les recherches effectuées dans ce domaine, d’autre part. C’est à partir de ces bases que l’analyse peut s’opérationnaliser, tout en tenant compte des nouveaux corpus émergents avec le numérique, qui exigent de nouvelles méthodes d’analyse adaptées à la spécificité du texte, de sa structure et de son contexte. Toutefois, l’analyse du discours continue de s’appuyer sur les démarches antérieures pour encadrer cette pratique. Ainsi, la mise en pratique de l’analyse du discours se heurte parfois à des difficultés pratiques, notamment dans le domaine des sciences de l’information et de la communication (SIC), en raison de la diversité des types et genres discursifs. À cet égard, la grille d’analyse proposée offre des solutions pour l’opérationnalisation de l’analyse du discours, en facilitant sa compréhension à travers l’explication et l’interprétation de tous ses constituants internes et externes.
Conclusion
La grille d’analyse proposée pour l’opérationnalisation de l’analyse du discours médiatique constitue un apport méthodologique. Ce modèle, réalisé de manière personnelle, s’appuie sur plusieurs analyses de corpus médiatiques, notamment audiovisuels ou télévisuels, tels que ceux des chaînes télévisées internationales. La recherche en analyse du discours s’est développée grâce à des contributions opérationnelles, notamment celles des chercheurs français (Maingueneau, Analyser les textes de communication, 2007, 2012, 2016), qui ont joué un rôle clé dans la création de l’école française de l’analyse du discours.
L’analyse du discours est une matière enseignée dans les programmes de formation destinés aux étudiants en master (Cycle 2). Dans cette perspective, l’opérationnalisation d’un prototype d’analyse du discours facilitera la pratique de l’analyse d’un corpus en SIC en général, et d’un corpus médiatique en particulier. Il est important de noter que la grille d’analyse proposée est commune à ces champs d’étude, même si les outils analytiques continuent de se développer en fonction des unités d’analyse et des contextes spécifiques.
Par ailleurs, cette opération est complétée par le profil d’un chercheur spécialisé, davantage analyste que discursiviste (Dominique M., 2012). À partir de cette position, en tant que chercheurs en SIC et en communication, nous préservons l’originalité de cette méthode qualitative. Cependant, l’analyse du discours ne se limite pas à ces frontières : elle a également été développée en tant que méthode quantitative lorsqu’il s’agit d’outils d’analyse portant sur des données discursives mesurables. Cette méthode se base sur ce que l’on appelle la « lexicométrie » (Brunet, 2014), inscrite dans le domaine des statistiques linguistiques. La diversité des approches a conduit à une réflexion méthodologique mixte entre l’analyse quantitative et qualitative du discours (méthode mixte), ainsi qu’à la complémentarité entre l’analyse de contenu et l’analyse du discours, notamment dans le domaine des SIC.