Introduction
Les genres littéraires, tels que les énigmes, les devinettes, les contes et les proverbes, jouent un rôle essentiel au sein de la culture kabyle, occupant une place privilégiée dans la tradition orale. La transmission intergénérationnelle de ces expressions contribue à préserver la langue, le patrimoine culturel et les connaissances locales. En effet, là où l’archive écrite n’est pas accessible, la littérature orale sous tous ses genres sert de mémoire collective. De ce fait, les noms propres revêtent une importance fondamentale au sein de ces genres, évoquant personnages historiques, lieux mythiques, héros légendaires, divinités et autres événements marquants de l’histoire kabyle. Porteurs de connotations liées à des valeurs, croyances et pratiques culturelles spécifiques, ces noms propres incarnent des significations symboliques et reflètent les convictions religieuses, tout en illustrant les pratiques traditionnelles au sein de la société kabyle. Ils offrent ainsi un accès à l’imaginaire collectif, aux codes culturels et aux références mythologiques qui façonnent cette culture distinctive.
L’étude approfondie des noms propres dans ces genres littéraires variés permet de comprendre les représentations symboliques, les codes culturels et les références mythologiques qui sous-tendent l’imaginaire de cette société. En outre, elle met en exergue leur usage contextuel, leur rôle narratif et leur importance culturelle. D’autre part, la préservation de l’héritage lexical dans le domaine de l’onomastique demeure un aspect crucial de la littérature orale. L’onomastique, qui se penche sur les noms propres, occupe une place de choix dans la littérature orale amazighe, en particulier kabyle. Cette tradition a permis de conserver un patrimoine lexical relativement riche, notamment dans les noms de personnes, de lieux, de plantes, d’animaux et d’objets. Ces noms propres portent fréquemment des significations symboliques, reflétant la vision du monde et les valeurs culturelles de la communauté. Par exemple, certains noms de personnes peuvent être en lien avec des événements marquants de leur vie, leur lieu de naissance ou un aspect de leur personnalité. De même, les noms de lieux peuvent refléter leur importance culturelle ou historique au sein de la communauté.
La préservation de cet héritage lexical revêt une importance cruciale, car il maintient un lien vital avec la langue, l’histoire et la culture de la communauté amazighe. En effet, ces noms propres sont souvent intrinsèquement liés aux traditions et aux connaissances transmises de génération en génération. La littérature orale amazighe représente donc un témoignage inestimable de la richesse culturelle de cette communauté, et la préservation de cet héritage lexical est essentielle pour sauvegarder cette culture distinctive et éviter l’oubli de ces traditions et connaissances uniques.
La littérature orale amazighe, notamment celle de la culture kabyle, abonde en noms propres qui incarnent l’histoire, la culture et les valeurs de cette communauté. Néanmoins, une exploration systématique des noms propres au sein de la littérature orale kabyle, englobant leur fréquence et leur signification, demeure lacunaire. D’où cette problématique qui soulève ainsi ces questionnements cruciaux : Quels sont les noms propres les plus récurrents dans la littérature orale kabyle ? Quelles connotations symboliques et culturelles leur sont associées ? Comment s’opère la transmission générationnelle de ces noms propres, et comment leur signification évolue-t-elle au fil du temps ? De quelle manière peut-on assurer la préservation et la mise en valeur de ce patrimoine onomastique ?
L’abondance des noms propres dans la littérature orale kabyle suggère qu’ils jouent un rôle central dans la préservation et la transmission de l’histoire, de la culture et des valeurs de la communauté kabyle. Cependant, une analyse systématique des noms propres au sein de cette tradition littéraire, incluant leur fréquence et leur signification, fait défaut. C’est pourquoi cette recherche explore plusieurs hypothèses cruciales. Tout d’abord, nous supposons que certains noms propres sont récurrents dans la littérature orale kabyle, ce qui pourrait indiquer leur importance culturelle et symbolique. De plus, nous envisageons que ces noms propres portent des connotations spécifiques liées à la culture kabyle, contribuant ainsi à la transmission des valeurs et des croyances de cette communauté. Par ailleurs, nous postulons que la transmission intergénérationnelle de ces noms propres est essentielle pour préserver l’identité culturelle et que leur signification évolue au fil du temps en réponse aux changements sociaux et culturels. Enfin, nous chercherons à déterminer s’il est possible de développer des approches et des stratégies pour préserver et valoriser efficacement ce patrimoine onomastique unique au sein de la culture kabyle.
1. Le nom propre dans la littérature orale kabyle
1.1. Exploration des noms propres dans les contes kabyles
Pour aborder la problématique des noms propres dans la littérature orale kabyle, une démarche méthodologique rigoureuse et une analyse systématique du corpus sont nécessaires. Notre approche repose sur l’étude de six ouvrages sélectionnés pour leur représentativité de la diversité de la littérature orale kabyle1.
La consultation de ces ouvrages a permis de recueillir un total de 269 noms propres, qui ont ensuite été épurés pour éliminer les doublons, ne conservant ainsi que 141 noms uniques. Cette approche méthodique et exhaustive du corpus met en lumière l’utilisation et la signification des noms propres dans la littérature orale kabyle.
En adoptant une perspective interdisciplinaire, cette étude englobe des éléments de linguistique, de littérature, d’anthropologie et d’histoire. L’analyse minutieuse des noms propres inclut leur signification lexicale, leur contexte culturel et leur rôle au sein de la littérature orale kabyle. Cette approche holistique permettra de saisir la portée et la profondeur de ces noms propres, révélant leur importance dans la préservation de l’identité et du patrimoine culturel de la communauté kabyle.
1.2. Fréquence des noms propres dans la Littérature orale kabyle
L’identification des noms propres les plus fréquents dans la littérature orale kabyle nous entraîne dans une exploration des noms propres émergents des contes, proverbes et devinettes propres à la culture kabyle. Cette enquête révèle une thématique saillante : la prédominance des noms propres à connotation religieuse. Environ 41 des 141 noms propres répertoriés s’imbriquent dans des références religieuses, témoignant de l’importance de la foi et de la religion au sein des communautés locales.
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Origine et diversité linguistique des noms propres : Sur le plan linguistique, les noms propres à connotation religieuse se distinguent par leur origine principalement arabe. Des noms tels que « Muḥend, » « Aḥmad, » « Ali » et « Ṛebbi » sont enracinés dans la langue arabe et portent des significations profondes dans le contexte de l’islam. Certains noms reflètent également des origines variées, enrichissant la palette onomastique et le lexique kabyle. Par exemple, le nom « Musa, » bien que d’origine sémitique, renvoie aux références du judaïsme, tandis que « Σezrayen » peut être associé à des connotations religieuses chrétiennes. Cette diversité linguistique témoigne de l’histoire complexe et des interactions culturelles de la région kabyle.
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Noms propres en tant que passerelles culturelles : Cette diversité linguistique fait des noms propres des passerelles culturelles reliant différentes traditions religieuses et linguistiques. Ils reflètent l’échange, l’influence et le dialogue entre diverses communautés et croyances, soulignant la coexistence historique et la dynamique culturelle des différentes langues en contact ou en influence dans la région kabyle.
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Héritage religieux et linguistique : Les noms propres à connotation religieuse incarnent un héritage complexe, tissant des liens entre les générations et soulignant l’importance de la spiritualité dans la vie quotidienne des Kabyles.
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Dynamique onomastique : L’exploration des noms propres à connotation religieuse révèle une dynamique complexe, témoignant de l’évolution linguistique au sein de la culture kabyle. Ces noms, originaires principalement de traditions sémitiques, ont été adaptés au kabyle, illustrant l’interaction et l’intégration entre les langues sémitiques et le kabyle, et formant des ponts linguistiques entre différentes traditions.
En conclusion, cette investigation sur la récurrence des noms propres à connotation religieuse dans la littérature orale kabyle met en lumière une richesse onomastique et linguistique considérable. Ces noms jouent un rôle crucial dans la préservation de l’identité kabyle et la transmission des valeurs spirituelles à travers les générations, témoignant ainsi de la complexité linguistique de la langue kabyle et de son entrelacement avec les références religieuses.
2. Onomastique des noms propres kabyles : valeurs culturelles et significations étendues
L’étude des noms propres, désignant des personnes, des lieux, des événements et bien plus encore, constitue le domaine de l’onomastique. Cette discipline trouve ses racines dans la linguistique, tout en s’étendant vers la géographie, l’histoire, la sociologie, l’anthropologie, la psychologie et même la littérature. Dans le contexte de notre recherche, l’onomastique se déploie dans l’exploration des noms propres au sein de la littérature orale kabyle. Une telle investigation englobe leur signification, leur contexte culturel et leur rôle, embrassant diverses facettes.
2.1. L’onomastique anthroponymique
Cette branche plonge dans les noms propres de personnes, explorant leurs origines et significations. Les noms de personnes révèlent des liens familiaux, des traces de traditions religieuses et des échos d’événements historiques, offrant ainsi des éclairages sur la toile sociale kabyle. En ce sens, l’anthroponymie est l’étude des noms propres des individus, tels que les prénoms et les noms de famille, ainsi que leurs origines, significations et évolutions dans différentes langues et cultures. Cela englobe l’analyse des tendances, des traditions et des influences socio-culturelles qui façonnent la création et l’utilisation des noms personnels.
1. At Mraw │MRW│ (CN° 22)
Le nom propre « AtMraw » est un patronyme et toponyme, associé à une tribu en Kabylie, spécifiquement située dans la région de Larbaa NathIraten. Il s’agit d’une dénomination à la fois géographique et culturelle, qui porte en elle des significations profondes liées à l’histoire et à l’identité de cette région.
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Signification et référence : Le terme « At Mraw » constitue un élément linguistique et culturel d’une richesse intrinsèque au sein de la culture kabyle. Traduit littéralement, il se décompose en « Mraw », verbe kabyle signifiant « divulguer ». Dans cette acception, « At Mraw » pourrait être interprété comme « ceux qui n’ont rien à cacher », une expression connotant une transparence absolue. Cependant, son sens s’approfondit au-delà de cette interprétation initiale.
En qualité de patronyme, ce terme revêt le préfixe de filiation « Ait Mraw », évoquant les « descendants de Mraw ». Cette appellation généalogique, inscrite dans la structure même du nom de famille, reflète la relation ancestrale entre les individus et leur origine commune. En se tournant vers sa dimension toponymique, « At Mraw » désigne le village du clan associé à « Mraw ». Cette dimension spatiale confirme le rôle du préfixe « At » dans la désignation de lieux habités et de regroupements humains spécifiques à une localité.
L’emploi du préfixe « At » en kabyle est particulièrement pertinent pour l’identification de communautés résidant dans des zones géographiques bien définies. Ici, « Mraw » se révèle être un élément clef, pouvant représenter le nom d’un ancêtre éminent, une caractéristique géographique distinctive ou même un symbole culturel enraciné au sein de la tribu.
La complexité de « At Mraw » réside donc dans sa capacité à encapsuler diverses couches de signification. Au-delà de la simple transparence évoquée, il incarne l’héritage ancestral, la topographie mémorable et les valeurs culturelles fondamentales. Cette pratique onomastique reflète la profonde connexion entre la langue, la géographie et la mémoire collective au sein de la culture kabyle. En explorant l’essence de « At Mraw », nous plongeons dans l’essence même de l’identité culturelle kabyle, où les mots transcendent leur apparence pour révéler un monde riche en héritage et en sens. -
De la particule « At »/« Ait » : Le préfixe « At » (ou parfois orthographié « Ait ») s’érige comme un marqueur discernable, bien qu’il ne se manifeste pas systématiquement, au sein du lexique kabyle. Il se déploie en qualité de préfixe prééminent des patronymes, revêtant la charge conceptuelle de filiation au sein du tissu culturel kabyle et des autres communautés berbères, incarnant en sa quintessence l’idée de « clan de », « descendants de » et « ceux de ».
Néanmoins, il revêt une importance substantielle de comprendre que l’usage du préfixe « At » chez les Kabyles n’entraîne pas automatiquement une relation de parenté entre les individus, puisque cette association repose davantage sur le suffixe qui complémente le nom de famille.
Ce schéma de filiation spécifique résonne pareillement dans d’autres sociétés, où l’utilisation de préfixes tels que « Mac », « O », « Fitz » ou « Banu » assume une fonction analogue pour consigner l’affiliation, respectivement dans les contextes écossais, irlandais, normands et arabes, sans nécessairement invoquer un lien biologique.
Dans certaines langues berbères, y compris le kabyle, ce préfixe peut occasionnellement prendre la forme non réduite de « ait », tel qu’en témoigne l’exemple d’« Ait Menguellat ».
Dès lors, « At » émerge tel un portail ouvert sur les nuances de la langue kabyle, éclairant les dynamiques complexes de filiation et d’identité au sein du tissu culturel berbère. Par l’investigation de cette sémantique, nous plongeons au cœur des idiomes berbères et de leurs patrimoines foisonnants, tout en mettant en lumière la manière dont les indicateurs de filiation tissent des connexions culturelles au sein d’une multitude de sociétés à travers le monde. -
Localisation : « At Mraw » est spécifiquement associé à la région de Larbaa Nath Iraten en Kabylie. Cette indication géographique précise situe la tribu dans un contexte local particulier, évoquant ainsi les interactions historiques, culturelles et environnementales qui ont façonné son identité.
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Dimension culturelle : Le toponyme « At Mraw » incarne une dimension culturelle profonde en renvoyant à une communauté tribale et à un lieu où des générations ont vécu et partagé leur histoire. Ce nom évoque l’attachement des habitants à leur territoire, ainsi que l’héritage de traditions, de valeurs et de récits transmis de génération en génération.
En définitive, « At Mraw » est bien plus qu’un simple toponyme. C’est un témoignage de l’interaction entre l’histoire, la géographie et la culture au sein de la littérature orale kabyle. En désignant une tribu spécifique dans la région de Larbaa Nath Iraten, ce nom propre témoigne de l’importance des toponymes dans la préservation de l’identité et du patrimoine immatériel des communautés kabyles.
2. Abderraḥman │ΣBD + ṚḤMN│ (CN° : 2)
Le nom propre « Abderraḥman » est un nom de famille et prénom masculin issu de la langue arabe. Il est fréquemment utilisé en Kabylie, où il est porté en louange à Dieu. Dans certaines de ses déclinaisons, il s’assimile patronyme, comme « Abderrahmani », très répandu en Kabylie.
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Étymologie : « Abderraḥman » est formé à partir de deux composantes de la langue arabe :
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« ΣBD » (ʿabd) signifiant « serviteur » ou « adorateur ».
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« ṚḤMN » (raḥmān) faisant référence à l’un des attributs d’Allah signifiant « le miséricordieux ».
La combinaison de ces deux éléments donne « Abderraḥman », qui peut être interprété comme « serviteur de la miséricorde » ou « serviteur d’Allah le miséricordieux ».
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Louange à Dieu en Kabylie : En Kabylie, le prénom « Abderraḥman » est porté avec une connotation de louange à Dieu. Ce prénom témoigne de la dévotion et de la reconnaissance envers Allah, en mettant l’accent sur sa miséricorde et son amour pour ses serviteurs. Dans cette région, le choix de ce prénom reflète une profonde spiritualité et une adhésion à la foi musulmane.
« Abderraḥman » est un prénom masculin d’origine arabe, signifiant « serviteur de la miséricorde » ou « serviteur d’Allah le miséricordieux ». En Kabylie, ce prénom est adopté avec une intention de louange à Dieu et exprime la piété et la reconnaissance envers Dieu.
2.2. L’Onomastique toponymique
Se penchant sur les noms propres de lieux, cette branche dévoile des détails géographiques, tissant des connexions avec l’environnement et les interactions régionales. Pour rappel, la toponymie est la discipline qui se consacre à l’étude des noms de lieux, tels que les noms de villes, de villages, de régions, de montagnes et de cours d’eau. Elle examine l’origine, la signification et les évolutions linguistiques de ces noms géographiques, ainsi que leur lien avec l’histoire, la culture et les coutumes des régions où ils sont utilisés.
1. Aɣbalu │ΓBL│(CN° 7)
Le nom propre « Aɣbalu » est un terme d’origine kabyle, porteur de significations géographiques liées à des lieux hydronymiques spécifiques.
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Signification : Le nom « Aɣbalu » est lié à la racine « ΓBL » dans la langue amazighe, qui évoque l’idée de « grande source » ou « source abondante ». Ce terme est employé pour désigner des endroits qui ont une importance particulière en raison de la présence de sources ou de cours d’eau.
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Références géographiques : Le toponyme « Aɣbalu » peut être associé à des lieux géographiques spécifiques en Kabylie. Par exemple, il est mentionné « Adrar aɤbalu » qui désigne une « montagne sourcière » située près de Bgayet, une ville importante de la région. De même, « Bir ɣbalu » est évoqué pour désigner un « puits d’eau », donné comme nom de lieu à un village dans la région de Bouira. Tout comme nous le trouvons comme nom d’une commune dans la wilaya de Médéa.
Ces références géographiques soulignent l’importance de l’eau dans la vie des communautés kabyles, ainsi que la valeur accordée aux sources et aux cours d’eau dans le paysage et la culture de la région.
En résumé, « Aɣbalu », (orthographié Akfadou), est un terme utilisé en Kabylie, porteur de significations géographiques liées à des lieux spécifiques ayant une grande source ou un cours d’eau. Ce nom propre met en lumière l’importance de l’eau dans la vie et la culture des communautés kabyles, ainsi que la valorisation des lieux dotés de ressources hydriques abondantes.
2. Akeffadu │KFD│(CN° 11)
Le nom propre « Akeffadu » est à la fois le nom d’une commune de Kabylie et un terme lié à la géographie locale, évoquant un endroit venté.
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Signification : « Akeffadu » est un terme amazighe qui trouve son origine dans la région de Kabylie. Il est étroitement associé à l’idée d’un endroit venté, où le vent souffle fréquemment avec force. Cette caractéristique géographique particulière a valu à cette localité le nom de « Akeffadu ».
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Référence géographique : En tant que nom d’une commune, « Akeffadu » est utilisé pour désigner un lieu géographique spécifique en Kabylie, où la présence d’une forêt avoisinante peut contribuer à accentuer les vents. Ce nom rappelle donc la particularité des vents forts qui soufflent dans la région.
En conclusion, « Akeffadu » est un nom propre associé à une commune de Kabylie, faisant référence à un endroit venté en raison de sa proximité avec une forêt. Ce nom évoque la particularité géographique de cette localité où les vents soufflent fréquemment avec force. Il témoigne de l’importance des références géographiques et culturelles dans la dénomination des lieux en Kabylie.
2.3. L’Onomastique Éponymique
L’éponymie est le phénomène linguistique ou culturel où un lieu, une personne, un objet ou un concept est nommé d’après une personne célèbre ou emblématique associée à cette entité, souvent en raison de sa contribution, de son importance ou de son association symbolique. Les noms liés à des éléments ou phénomènes prennent vie ici, témoignant de l’influence de la communauté kabyle sur son environnement. Ils suggèrent un lien profond entre le peuple et son cadre de vie.
1. Agawa │GW│ (CN° 6)
Le nom propre « Agawa » est un terme d’origine kabyle, désignant un homme appartenant à la tribu des Igawawen.
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Signification : Le nom « Agawa » est associé à la racine « GW » dans la langue amazighe, qui se renvoie spécifiquement à la tribu des Igawawen. Ce terme est utilisé pour identifier et distinguer les membres de cette tribu particulière au sein de la société ou culture kabyle.
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Origine tribale : Les Igawawen sont une tribu berbère vivant traditionnellement en Kabylie, région montagneuse d’Algérie. Le prénom « Agawa » est ainsi utilisé pour indiquer l’appartenance de l’homme portant ce nom à cette tribu spécifique.
Ainsi, « Agawa » est un terme utilisé en Kabylie pour désigner un homme appartenant à la tribu des Igawawen. Ce nom propre souligne l’importance des liens tribaux et de l’identité culturelle au sein de la communauté kabyle.
2. Waɣzen │ΓZN│ (CN° 128)
Le terme « Waɣzen » évoque une riche dualité de sens en kabyle, revêtant à la fois le caractère énigmatique d’un prénom mythique et la profondeur d’un toponyme significatif. Cette dualité lui confère une dimension sémantique complexe, liée aux strates culturelles de la région.
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L’énigme du Prénom « Waɣzen » : En qualité de prénom, « Waɣzen » suscite une intrigue linguistique. Son essence, « trempe la mort », porte en elle une portée symbolique profonde. Ce choix sémantique, évoquant la robustesse et l’invincibilité face à la mortalité, véhicule l’espoir que le porteur incarne la force et l’ingéniosité. Paradoxalement, ce prénom, qui façonne une image de redoutabilité, évoque aussi l’idée de résilience.
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Le Mythe incarné : Intimement enchevêtré dans le tissu narratif kabyle, « Waɣzen » se déploie en tant que prénom porteur de connotations mythiques. Il trouve sa place dans les récits et les légendes régionaux, étant souvent associé aux figures mythologiques maléfiques, illustrant ainsi le caractère redouté et effrayant.
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La Géographie évocatrice : Par-delà son rôle dans les récits, « Waɣzen » s’étend également en tant que toponyme, évoquant un village niché au cœur de la haute Kabylie, au sein du massif du Djurdjura. Sa présence géographique détient potentiellement une signification profonde et particulière pour les habitants de la région.
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Dialogue subtil avec « Teryel » : Le prénom « Waɣzen » se lie parfois de manière subtile à « Teryel », autre figure mythologique maléfique dans le folklore kabyle. « Waɣzen » peut être dépeint comme l’antagoniste de « Teryel » ou s’associer à lui d’une manière ou d’une autre dans les narrations.
Ainsi, le nom propre « Waɣzen » s’inscrit dans le dialogue entre les expressions mythiques et la réalité géographique. Il puise dans son origine le sens de « trempe la mort », intrinsèquement lié à la force et à la persévérance face à la finitude humaine. « Waɣzen » apparaît ainsi comme un révélateur subtil de la complexité culturelle et sémantique qui définit la région kabyle.
2.4. L’Onomastique sociale
Elle se réfère à l’étude des noms propres qui sont liés aux relations sociales et aux structures de la société. Cela inclut les noms de famille, les titres sociaux, les surnoms et autres dénominations qui reflètent les liens familiaux, les positions sociales, les affiliations professionnelles ou les rôles au sein d’une communauté. L’onomastique sociale explore comment ces noms reflètent les dynamiques culturelles et sociales d’une société donnée. En ce sens, les noms de groupes ethniques, de communautés et d’organisations trouvent leur place dans cette branche. Ils dessinent la structure sociale et politique de la communauté kabyle, ouvrant une fenêtre sur son organisation.
1. Agellid │GLD│(CN° 8)
Le nom propre « Agellid » est un prénom purement kabyle porteur de significations royales, de grandeur et de référence à Dieu.
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Signification : Le prénom « Agellid » est couramment utilisé en kabyle pour exprimer les notions de « roi » ou de « grand chef ». Il est associé à l’idée de gouvernance, de leadership et de respect envers celui qui porte ce nom.
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Référence à « aqerḍal » : Le prénom « Agellid » est également étroitement lié à la notion de « aqerḍal » qui signifie « roi » ou « chef » en kabyle. Cette référence renforce l’idée de « leadership » et de gouvernance, soulignant ainsi la qualité de guide ou de figure d’autorité que peut incarner celui qui porte ce nom.
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Référence à Dieu chez les Kabyles : Outre sa signification liée à la royauté, « Agellid » désigne métaphoriquement Dieu.
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En conséquence, « Agellid » est un prénom kabyle porteur de significations royales, de grandeur et de référence par la voie de la métaphore à Dieu. Il est étroitement lié à la notion de « aqerḍal » qui évoque le statut de « roi » ou de « chef ». Ce nom propre met en valeur l’importance des valeurs culturelles et spirituelles dans la société kabyle, offrant ainsi une perspective holistique sur la dévotion, le respect et la reconnaissance envers les figures de gouvernance et Dieu.
2. Bezzi │BZ│(CN° 42)
Le nom propre « Bezzi » se révèle comme un prénom/patronyme porteur de significations sociétales qui transcendent les frontières linguistiques et culturelles. Avec des ramifications dans différentes langues et régions, ce nom incarne des nuances subtiles qui en font un témoignage de la richesse sémantique des noms propres.
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Signification Translinguistique : Le nom « Bezzi » est un patronyme qui résonne dans plusieurs contextes linguistiques. Il évoque la notion de « petit », apportant ainsi une connotation de jeunesse ou de taille réduite. Cette signification se retrouve dans des termes similaires tels que « Meziane » ou « Ameziane », « Ṭuṭaḥ » ou même « Mejṭuḥ », qui partagent cette idée de « petit » dans d’autres variantes linguistiques.
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Écho mozabite : En mozabite, le nom « Bezzi » prend une signification spécifique, désignant également « le petit ». Cette connotation est renforcée par le terme « lbezz » qui évoque « les petits » en général. Cette dimension mozabite du nom témoigne de sa portée régionale et de son enracinement dans les langues et cultures locales.
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Un révélateur d’âge : La connotation de « petit » ou « le petit » peut également être interprétée comme une référence à l’âge ou à la jeunesse. Dans ce sens, le nom « Bezzi » pourrait être associé à des individus jeunes ou à la génération plus récente, suggérant ainsi un lien avec la jeunesse et la vitalité.
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Transfert de sens culturel : Le fait que le nom « Bezzi » porte des significations similaires dans différentes langues et cultures souligne la manière dont les connotations peuvent être transférées d’une langue à une autre, tout en conservant leur essence. Cela révèle également l’importance des noms propres en tant que porteurs de valeurs culturelles partagées.
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Lien familial : Le patronyme « Bezzi » peut également établir des liens familiaux ou généalogiques en identifiant une branche particulière de la famille. En partageant des racines sémantiques avec d’autres noms similaires, il peut signaler une connexion entre différentes branches familiales.
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Ainsi, « Bezzi » est bien plus qu’un simple patronyme ; c’est un reflet de la complexité des significations et des connotations qui peuvent être encapsulées dans un nom propre. À travers ses associations linguistiques et culturelles, il témoigne de la diversité des langues et des héritages tout en mettant en lumière la manière dont les noms propres transcendent les frontières et connectent les individus et les familles à travers le temps et l’espace.
3. Référents onomastiques kabyles : religieux, professionnels, topographiques
L’onomastique berbère, discipline étudiant les noms propres des populations amazighes, offre un aperçu profond de leur culture, de leur histoire et de leur identité. Les référents de l’onomastique berbère se divisent en trois catégories majeures : les référents religieux, les référents professionnels et les référents topographiques.
3.1. Les référents religieux
En ce qui concerne les référents religieux, les noms propres sont classés en deux catégories distinctes : les noms propres islamiques et les noms propres préislamiques. Les premiers ont émergé à la suite de la conversion à l’islam et incluent des noms de personnes, de lieux et de confréries liés à la religion. Ces noms islamiques anthroponymiques sont souvent des prénoms honorant les prophètes et les membres de la famille du prophète, tandis que les noms toponymiques islamiques désignent généralement des lieux de culte. Les noms sociaux islamiques, quant à eux, désignent des confréries soufies.
1. Mḥend, Muḥd et Muḥand │MḤMD│ (CN° 93, 95 et 97)
Les noms propres Muḥd, Muḥand et Mḥend, issus de la racine │MḤMD│, se révèlent être des expressions subtiles de valeurs spirituelles dans le contexte de la culture berbère. Bien qu’ayant des variantes, ces noms partagent les évocations spirituelles d’un nom partagé : « Muḥammad » des significations profondes et une relation étroite avec la foi islamique.
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Lien avec le prophète de l’Islam : Les noms Muḥd, Muḥand et Mḥend découlent de la contraction berbère du nom « Mohamed », qui établit un lien avec le prophète Mohammed de l’Islam.
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Approbation Divine et Louange : Ces noms portent en eux l’idée d’être approuvés et loués par Dieu. Muḥd, Muḥand et Mḥend évoquent une reconnaissance divine, suggérant que ceux qui les portent sont favorisés et bénéficient de la faveur divine.
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Exemples de vertu : Les noms incarnent les vertus et les qualités du prophète Mohammed, qui sont des modèles de piété, de compassion et de justice. En portant ces noms, les individus peuvent aspirer à incarner ces qualités dans leur vie quotidienne.
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Transmission de l’héritage : Donner ces noms à une nouvelle génération est une transmission d’un héritage spirituel, rappelant les enseignements du prophète et l’appartenance à la communauté musulmane.
En résumé, Muḥd, Muḥand et Mḥend sont des noms propres en lien avec le prophète Mohammed. Ces noms charrient une connotation culturelle et religieuse les involuant dans l’ère culturelle musulmane.
Les noms propres de la période préislamique en revanche englobent des noms de personnes, de lieux et de tribus liés aux croyances religieuses de l’époque. L’étude de ces référents religieux permet de mieux appréhender l’histoire, la culture et les influences religieuses qui ont façonné la littérature orale kabyle.
2. Musa │MS │ (CN° 98)
Le prénom « Musa », (orthographié Moussa), reflète une union significative de prophéties et de vertus entre un nom aux origines culturelles et religieuses distinctes de l’Islam.
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L’héritage de Moïse : le prénom « Musa » est la forme arabe du prénom hébreu « Moïse » chez les chrétiens et « Moshé » chez les juifs, qui joue un rôle central dans les traditions religieuses de l’islam du christianisme et du judaïsme. Musa/Moïse/Moshé, personnage biblique, est reconnu comme prophète tant par les musulman(e)s que par les chrétiens et les juifs.
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Héritage prophétique : en portant le prénom « Musa », l’individu est associé à l’héritage et aux enseignements du prophète Moïse/Moshé.
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Lien entre les religions : le prénom « Musa » établit un lien entre les trois traditions religieuses monothéistes.
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En somme, « Musa » est un prénom qui incarne les héritages prophétiques de Moïse et inspire à vivre une vie alignée sur des principes éthiques et spirituels élevés.
3.2. Référents professionnels
Concernant les référents professionnels, les noms propres sont classés selon leur lien avec les activités économiques et les métiers exercés dans la communauté kabyle. Les noms anthroponymiques liés aux référents professionnels sont souvent des surnoms décrivant la profession ou la spécialité de la personne. Par exemple, « Haddad » désigne celui qui travaille le fer, tandis que « Fellah » désigne celui qui travaille la terre. Les noms toponymiques liés aux référents professionnels reflètent les activités économiques et les métiers exercés dans la région, tandis que les noms sociaux liés à ces référents désignent des confréries ou des guildes regroupant les travailleurs d’un même métier ou d’une même activité économique. L’étude de ces référents professionnels permet de mieux comprendre les activités économiques et les métiers pratiqués dans la communauté kabyle, ainsi que les valeurs qui y sont associées.
1. Cheikh │CX│(57)
Le nom « Cheikh » résonne comme un aptonyme, portant en lui la signification profonde d’enseignant, de formateur ou tout particulièrement de maître d’école. Ce terme s’impose comme un titre honorifique imprégné de connotations culturelles, religieuses et sociales. Il incarne des significations qui ont façonné l’histoire et la vie des communautés, en assumant des rôles cruciaux de leadership, d’enseignement et de guidage.
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Guide Spirituel et Éclairant : « Cheikh » incarne la figure d’un guide spirituel, celui qui dirige et illumine le chemin des croyants. Ce titre est associé à des personnalités respectées pour leur sagesse, leur connaissance et leur expérience dans les domaines religieux et spirituels.
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Leader et maître reconnu : Ce nom évoque l’idée d’un leader, d’un maître, ou d’une autorité établie dans divers domaines de la vie. Il symbolise la position de celui qui dirige un groupe, une communauté ou une organisation.
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Enseigneur et éducateur : « Cheikh » incarne également le rôle d’un enseignant, d’un éducateur et d’un transmetteur de savoir. Ce nom est associé à ceux qui partagent leur connaissance et leur expérience pour guider les autres vers la compréhension et l’apprentissage.
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Gardien de la Culture : Le terme « Cheikh » est profondément enraciné dans la culture et les traditions. Il est associé à des figures respectées qui œuvrent à préserver et à transmettre les valeurs culturelles, les coutumes et les enseignements ancestraux.
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Symbole de respect : La prononciation du nom « Cheikh » est empreinte de respect, témoignant de la position élevée qu’il incarne. Ce titre reflète la vénération et l’admiration pour ceux qui portent ce titre et qui jouent des rôles significatifs dans la société.
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Pilier de la religion : Dans le contexte religieux, « Cheikh » est associé aux érudits et aux guides spirituels jouant un rôle crucial dans l’interprétation des enseignements religieux et la direction spirituelle des croyants.
Pour conclure, « Cheikh » transcende largement sa simple dimension nominale ; il se révèle comme un aptonyme éloquent, portant en lui les notions d’enseignement et de conduite. Ce titre honorifique est profondément enraciné dans les cultures et les croyances, et transcende les frontières pour incarner des valeurs universelles de sagesse et de leadership.
2. Iḥegganen │ḤGN│(CN° 68)
« Iḥegganen », enraciné dans la racine « ḤGN », transcende son rôle de simple repère temporel pour ouvrir les portes d’une période significative du calendrier agraire kabyle et d’une fonction agricole ayant une connotation bénie par Dieu. Ce terme est doublement utilisé, tant comme patronyme « Ḥeggan » au pluriel « Iḥegganen », signifiant « agriculteur », « fellah » ou « paysan », qu’en tant qu’aptonyme, désignant le lien profond entre le nom de famille et le métier ou l’occupation.
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Marqueur temporel précis : « Iḥegganen » évoque avec précision une période dans le calendrier agraire kabyle, annonçant le mois d’avril, spécifiquement du 05 au 11, qui revêt une importance cruciale dans le rythme et la fonction agricoles.
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Tradition Calendaire Agraire : ancré dans la tradition agricole de la Kabylie, ce nom illustre la fusion intime entre la culture, les saisons et les activités agricoles, reflet des cycles de la vie.
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Climat évocateur : « Iḥegganen » fait écho à des conditions climatiques particulières caractérisées par des températures froides et des précipitations abondantes, soulignant ainsi les défis inhérents à cette période cruciale.
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Harmonie avec la nature : Ce terme incarne la relation symbiotique entre l’homme et la nature, mettant en lumière l’impact des saisons sur les activités agricoles et l’importance de l’adaptation.
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Écho littéraire : Le conte bien connu « Aḥeggan n Wakli » reflète l’importance culturelle de cette période et s’inscrit dans le répertoire littéraire kabyle, tissant des récits emblématiques liés à « Iḥegganen ».
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Patrimoine culturel vivant : « Iḥegganen » contribue à la richesse du patrimoine kabyle en préservant des coutumes, des croyances et des rituels intrinsèquement liés aux saisons et à la terre.
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Célébration de la transition : Ce terme symbolise également la transition entre l’hiver et le printemps, célébrant le passage vers une période de renouveau et d’activités agricoles.
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Aptonyme révélateur : L’aptonyme « Iḥegganen » souligne la relation profonde entre le nom de famille « Ḥeggan » et l’activité agricole, rappelant la tradition où le nom est étroitement lié à l’occupation.
De ce fait, « Iḥegganen » transcende ainsi sa simple signification temporelle pour incarner une entité culturelle et agricole, révélant la relation entre le temps, la nature et la vie quotidienne. En fusionnant la précision du calendrier avec la bénédiction de l’activité agricole et la résonance de l’aptonyme, ce terme témoigne de l’harmonie entre les éléments naturels, le métier et la culture vivante de la Kabylie.
3.3. Les référents topographiques
En ce qui concerne les référents topographiques, les noms propres sont classés selon leur lien avec les caractéristiques géographiques et environnementales de la région. Les noms toponymiques liés aux référents topographiques sont souvent des noms de lieux reflétant les caractéristiques géographiques et environnementales de la région. Les noms anthroponymiques liés à ces référents sont souvent des surnoms désignant une caractéristique physique ou un lieu spécifique de résidence de la personne, tandis que les noms sociaux liés à ces référents désignent souvent des tribus ou des clans ayant émergé dans des zones géographiques spécifiques. L’étude de ces référents topographiques permet de mieux comprendre les caractéristiques géographiques et environnementales de la région, ainsi que les liens historiques et culturels entre les habitants et leur environnement.
1. At Yiɣil │ΓL│(CN° 29)
Le nom propre « At Yiɣil » se révèle comme un toponyme oronymique, qui sculpte les réalités géographiques et culturelles dans l’espace précis de la Kabylie. Dans le contexte de nombreux toponymes, « Iɣil » en kabyle s’entrelace avec le relief, inscrivant son sens profond dans les courbes de la terre qui sculptent l’horizon. Ainsi, « Iɣil » émerge comme un oronyme, signifiant colline, mont, petite montagne, sommet ou même hauteurs. Ce toponyme topographique, répandu en Kabylie, lie intimement la géographie à la culture.
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Ancre géographique : Le préfixe « At » solidarise ce nom propre avec un point d’ancrage géographique. « Iɣil » devient l’indicateur spatial qui distingue cet endroit, le faisant émerger du paysage kabyle en une entité à part entière.
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Identité locale : « Iɣil » façonne une identité singulière pour ce village, tissant un lien indéfectible entre ses résidents. Cette appellation devient le miroir reflétant l’histoire et les expériences partagées de la communauté, embrassant les moments de réjouissance et de chagrin ainsi que les traditions qui ont forgé son caractère. De plus, la topographie oronymique joue un rôle crucial dans la construction de cette identité, puisque le choix de s’établir sur les hauteurs, un héritage ancré dans la sagesse ancienne, témoigne d’une prévoyance stratégique. En effet, les Kabyles, conscients des nécessités défensives, ont souvent érigé leurs villages en hauteur, créant ainsi des cités imprenables et profitant d’une vue panoramique qui leur permettait de repérer toute approche d’ennemis de loin. Cette relation étroite entre le toponyme « Iɣil » et la topographie montagneuse renforce le lien entre identité, sécurité et sagesse ancestrale, insufflant une profondeur supplémentaire à l’identité locale du village.
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Héritage culturel : Le nom « Iɣil » se dresse en tant qu’héritage culturel, tissant une trame solide entre les générations passées, présentes et à venir de ce village. Il enveloppe les récits, les coutumes et les valeurs transmises à travers les époques, créant une connexion intemporelle avec le passé. Cette signification s’enrichit davantage lorsque l’on considère l’acte de construire sur les crêtes, les cimes ou les hautes collines. Ce choix architectural profondément ancré dans la culture kabyle sert de pont entre la topographie et la créativité humaine, une symbiose qui a trouvé sa place dans les gènes architecturaux du peuple kabyle.
Les villages perchés non seulement incarnaient une ingéniosité stratégique, mais reflétaient également la résilience et l’esprit d’adaptation du peuple face aux défis du passé. Choisir les sommets pour bâtir des foyers était une manière de se protéger contre d’éventuelles menaces, mais c’était aussi une manière de se rapprocher des cieux, de toucher les étoiles et de fusionner avec la nature environnante. Ainsi, « Iɣil » ne se contente pas d’être un simple nom toponymique, mais devient le gardien d’une culture architecturale ancestrale, incorporant une sagesse héritée de générations antérieures. La décision de s’installer sur les hauteurs se fond dans le tissu culturel kabyle, créant un lien tangible entre la topographie, la créativité architecturale et l’expression de l’identité culturelle profonde du village. -
Liens sociaux : Le toponyme « Iɣil » ne se contente pas de relier le village à une réalité géographique, il tisse aussi des liens sociaux au cœur de la communauté. Cette désignation devient un point de convergence où les échanges, les rencontres et les liens se forment naturellement. « At Yiɣil » émerge comme un symbole vibrant d’unité et de solidarité au sein de la communauté villageoise. Dans une signification encore plus profonde, « Iɣil » en kabyle renvoie également au terme « bras » ou même « brassée ». Dans cette perspective, le toponyme acquiert une connotation d’entraide et de force. Les bras représentent non seulement la capacité de travailler ensemble pour atteindre des objectifs communs, mais aussi la symbolique de la solidarité et de la coopération. Tout comme les bras s’unissent pour réaliser des actions conjointes, les habitants d’« At Yiɣil » se rassemblent pour créer une communauté dynamique et solidaire, prête à faire face aux défis et à saisir les opportunités. Ainsi, « Iɣil » ne se contente pas de définir un lieu géographique, mais il insuffle également une énergie sociale et culturelle qui lie les individus les uns aux autres. Cette appellation évoque des notions de rassemblement, d’entraide et d’unité, reflétant ainsi l’esprit de coopération et de solidarité qui caractérise la vie au sein de la communauté de « At Yiɣil ».
2. Iɣban │ΣBN│(67)
« Iɣban », et sa racine « ΣBN » dépassent le simple statut de nom pour révéler des recoins dissimulés, des lieux à la fois énigmatiques et significatifs, où se mêlent harmonieusement géographie, histoire et culture. Cette désignation évoque un monde qui transcende les apparences et invite à une exploration enrichissante.
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L’énigme des lieux : « Iɣban » ouvre la porte vers des endroits mystérieux, capables de piquer la curiosité et de stimuler l’imaginaire. Ces sites peuvent être des déserts éloignés, des coins retirés ou des étendues peu fréquentées, suscitant ainsi une aura d’énigme et de fascination.
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Les racines temporelles : Le nom « Iɣban » nous conduit vers des lieux marqués par l’histoire, des endroits où des moments décisifs ont façonné le passé. Ces lieux conservent en leur sein des témoignages silencieux d’événements importants, offrant ainsi une connexion tangible avec le passé.
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La géographie significative : « Iɣban » peut être associé à des endroits difficilement accessibles, mais qui peuvent également servir de refuges ou de sanctuaires naturels. Ce nom incarne la dualité entre la difficulté d’accès et la beauté brute de la nature, soulignant ainsi le lien étroit entre la géographie et le symbolisme.
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L’appel de l’inconnu : « Iɣban » suggère l’exploration intrépide et la quête de secrets enfouis. Il suscite la curiosité, encourageant à dépasser les apparences pour découvrir ce qui se cache au-delà du visible.
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Le Congrès historique de la Soummam : Parmi les « Iɣban » se distingue « Iɣbi » (au pluriel « Iɣban »), un village au sein de la confédération des Awzellaguen. C’est un témoin vibrant de l’importance historique d’Ifṛi, dont le sens sémantique coïncide avec « Iɣban ». C’est aussi le lieu où le congrès historique de la Soummam a laissé son empreinte, un événement marquant dans la lutte pour l’indépendance. Il est aussi utile de mentionner, en plus de la convergence sémantique, qu’« Ifṛi » se situe à « Iɣbi ».
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L’héritage culturel : En outre, « Iɣban » peut renfermer des traditions, contes et légendes propres à ces lieux cachés, contribuant ainsi à l’enrichissement du patrimoine culturel local.
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Une multitude d’interprétations : « Iɣban » offre un éventail d’interprétations, chacun y découvrant des significations uniques selon son vécu et sa perspective.
À cet égard, « Iɣban » transcende la simple indication géographique pour évoquer un univers de mystère, de découverte et d’essor culturel. Ce nom, porteur de la racine « ΣBN », dévoile un lien profond entre la géographie, l’histoire et la signification symbolique, incitant à explorer plus en profondeur ces lieux et leurs récits enfouis.
4. Noms propres kabyles : valeurs culturelles, sociologiques, historiques et linguistiques
Les noms propres jouent un rôle essentiel dans la transmission des valeurs culturelles, sociologiques, historiques et linguistiques au sein de la société kabyle.
4.1. Les valeurs culturelles
Sur le plan culturel, les noms légendaires et mythologiques jouent un rôle central en véhiculant les héritages narratifs et symboliques propres aux contes et aux légendes kabyles. Ces noms sont associés à des héros et des héroïnes dont les exploits épiques peuplent l’imaginaire collectif et incarnent des valeurs de courage et de détermination. Ainsi, les noms épiques portent en eux des récits héroïques, des luttes et des triomphes, illustrant des vertus exceptionnelles. D’autre part, les noms toponymiques acquièrent une dimension mythologique en évoquant des lieux légendaires et des paysages enchanteurs, liés à des histoires anciennes et mystérieuses, témoignant de la relation profonde entre les habitants et leur environnement.
Dans cette constellation de noms légendaires, les noms anthroponymiques trouvent leur place, reflétant des liens familiaux et sociaux, transmettant des valeurs de lignée et d’appartenance. Ils portent des identités uniques et des traditions familiales qui perdurent à travers les générations. L’exploration de ces noms légendaires et mythologiques permet à la culture kabyle de préserver et partager son riche héritage. Les noms de héros et d’héroïnes, tissés dans les récits des contes, relient les anciennes légendes aux récits contemporains, nourrissant l’identité collective. En étudiant ces valeurs culturelles, il est possible de préserver et de transmettre cette culture aux générations futures.
1. Belɛajuṭ│BLΣJṬ│(CN° 39)
Le nom propre « Belɛajuṭ » résonne à travers les contes kabyles et charrie une aura de sagacité et d’intelligence qui transcende les limites du récit.
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Un héros légendaire : « Belɛajuṭ » est bien plus qu’un simple nom. Il incarne le personnage d’un héros légendaire, dont la renommée est étroitement liée à sa sagacité et à son esprit perspicace.
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L’Art de la ruse : Ce nom reflète la finesse intellectuelle de « Belɛajuṭ ». Sa sagacité est un atout dans les contes kabyles, lui permettant de surmonter des défis et de résoudre des énigmes complexes grâce à sa ruse.
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Un caractère inoubliable : « Belɛajuṭ » se distingue par son ingéniosité et son sens aigu de la réflexion. Son nom évoque un personnage mémorable, dont les actions sont guidées par l’intelligence et la perspicacité.
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Le combat contre Teryel : La renommée de « Belɛajuṭ » est également liée à son affrontement avec Teryel, un autre personnage légendaire des contes kabyles. Leur duel intellectuel illustre l’importance de la ruse et de la perspicacité dans ces récits.
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Une figure inspirante : « Belɛajuṭ » inspire par sa capacité à trouver des solutions astucieuses aux situations difficiles. Son nom rappelle que l’intelligence peut être une arme puissante, capable de triompher même dans les circonstances les plus complexes.
« Belɛajuṭ », orthographié « Beladjoud », incarne la sagacité, l’intelligence et la perspicacité. Son nom évoque un personnage légendaire dont la renommée s’étend au-delà des contes kabyles, transcendant les récits pour atteindre la sphère de la réalité. Cette évolution est un témoignage vibrant de l’impact de cette figure mythique sur la culture et la société kabyles. Elle illustre l’importance de l’intelligence et de la ruse dans la résolution de défis, rappelant que la sagesse peut être aussi puissante que la force physique. Sa présence dans les récits dépasse ainsi les frontières du conte pour devenir un patronyme, une forme de célébration permanente de la puissance de l’esprit humain et une inspiration continue pour tous ceux qui découvrent son histoire.
2. Lunğa │LNǦ│ (CN° 85)
Le nom « Lunğa » résonne au cœur des contes et légendes kabyles, évoquant une figure mythique et emblématique. Elle est reconnue pour sa beauté extraordinaire et son rôle central en tant que la sublime fiancée de l’astucieux Mqidec, l’ennemi éternel de sa mère, l’ogresse (la mère de Lunǧa, bien sûr), dans les récits traditionnels.
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L’incarnation de la beauté : « Lunğa » incarne le sommet de la beauté dans les contes kabyles, symbolisant la perfection esthétique et captivant profondément l’imaginaire des auditeurs.
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L’élégance intemporelle : Son nom évoque une élégance intemporelle et une grâce incomparable, érigeant Lunğa en une figure admirée à travers les générations.
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L’étoile lumineuse : telle une étoile brillante, Lunğa illumine les récits de sa présence radieuse, attirant l’attention et gagnant le cœur de tous ceux qui croisent son chemin.
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Le reflet de la nature : La splendeur de Lunğa est fréquemment liée à la nature environnante, créant une harmonie entre sa beauté éclatante et le monde qui l’entoure.
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La fiancée légendaire : Lunğa demeure la fiancée légendaire de Mqidec, un héros emblématique de la culture kabyle, ajoutant une couche de romantisme mythique à l’histoire.
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L’amour et la quête : le lien entre Lunğa et Mqidec incarne une quête d’amour et d’aventure, ajoutant une dimension romantique et captivante aux récits.
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L’équilibre de la force : aux côtés de Mqidec, Lunğa équilibre la force du héros avec sa propre beauté, symbolisant que la beauté peut également être une source de pouvoir.
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La légende intemporelle : Au-delà des contraintes temporelles et spatiales, « Lunğa » demeure une icône intemporelle de beauté et d’amour, rappelant aux auditeurs la puissance éternelle des contes traditionnels.
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Le défi de Teryel : La rivalité entre Lunğa et Teryel insuffle une tension et un conflit palpables aux récits, illustrant le contraste entre la beauté et la malice.
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L’enchantement des contes : Le nom « Lunğa » enchante les auditeurs, les transportant dans un monde de magie, de romance et de mystère propre aux contes kabyles.
En bref, « Lunğa » dépasse largement le simple statut de nom. Elle incarne une icône de beauté légendaire au cœur des contes kabyles. Sa grâce, son rôle central dans les récits et sa relation avec Mqidec la rendent mémorable, ajoutant une touche de charme, de romantisme et d’aventure aux histoires traditionnelles. Ce nom a même trouvé sa place dans l’état civil kabyle, devenant un prénom féminin répandu dans les familles de Kabylie sous ses trois variantes : « Lunğa », « Zunğa » et/ou « Runğa ».
3. Mqidec │MQDC│ (CN° 94)
Le nom « Mqidec » évoque un héros légendaire emblématique des contes kabyles, réputé pour sa sagacité, sa perspicacité et son courage face aux pièges de Teryel, sa belle-mère, car il incarne le fiancé de Lunğa dans les contes et récits populaires kabyles.
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Héros des contes kabyles : « Mqidec » occupe une place centrale dans les contes kabyles en tant que héros, dont les aventures et les exploits captivent l’imaginaire collectif.
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Sagacité et perspicacité : Le nom « Mqidec » est associé à la sagacité et à la perspicacité du personnage, qui résout des énigmes complexes et déjoue les pièges de personnages malveillants tels que Teryel.
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Courage et audace : « Mqidec » reflète également le courage et l’audace du personnage qui n’hésite pas à affronter des défis et à faire preuve de bravoure pour protéger sa communauté et défendre la justice.
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Lutte contre l’Ogresse Teryel : Souvent, « Mqidec » est associé à sa lutte contre l’ogresse Teryel, une adversaire redoutable. Ces récits mettent en avant son intelligence et son habileté.
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Symbole de résistance : « Mqidec » symbolise la résistance face à l’oppression et aux forces malveillantes. Son refus de céder à l’intimidation en fait un modèle de détermination.
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Modèle de vertu : Ce personnage incarne souvent des valeurs positives telles que la ruse, la sagesse et la justice, offrant aux auditeurs un modèle pour faire preuve de perspicacité dans leur vie.
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Fiancé de Lunğa : En tant que fiancé de Lunğa, « Mqidec » est impliqué dans des histoires d’amour et de dévouement, renforçant l’idée du courage et de la persévérance dans toutes les situations.
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Figure inspirante : « Mqidec » suscite généralement des émotions positives chez les auditeurs, les encourageant à croire en leur propre capacité à résoudre des problèmes et à surmonter les obstacles.
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Héritage culturel : Le nom « Mqidec » est ancré dans l’héritage culturel kabyle, soulignant l’importance des contes et récits pour transmettre des valeurs, histoires et enseignements.
En conclusion, « Mqidec » dépasse la simple étiquette de nom pour incarner un personnage légendaire doté de traits héroïques, d’intelligence et de courage. Ce nom rappelle l’importance des histoires traditionnelles dans la préservation culturelle et l’inspiration des futures générations, ce qui a contribué à son adoption comme patronyme répandu en Kabylie sous l’orthographe « Mekideche ».
4.2. Aspects sociologiques
Du point de vue sociologique, les noms de famille transmettent des informations sur la filiation, l’origine géographique et la composition de la famille, ainsi que des valeurs de solidarité familiale et d’appartenance à une communauté. Les noms de lieux reflètent l’histoire de la région, les interactions entre les communautés locales et des valeurs d’attachement à la terre et à la communauté. Les noms de personnes reflètent des valeurs telles que l’honneur, la réputation et la respectabilité, ainsi que les relations sociales, les statuts sociaux et les relations de pouvoir au sein de la communauté. L’étude de ces valeurs sociologiques permet de mieux comprendre les relations sociales, les hiérarchies, les dynamiques de pouvoir et les normes qui existent dans la société kabyle, favorisant ainsi la compréhension et le dialogue interculturels.
1. Akli │KL│ (CN° 12)
Le nom propre « Akli, » d’origine berbère tire son étymologie de la racine linguistique « KL » de l’amazigh, évoquant l’idée de « nègre » ou de « noir ». Cependant, son utilisation au sein du prénom kabyle dépasse largement cette connotation initiale, pour revêtir des significations profondément protectrices et symboliques en mesure d’écarter les influences néfastes et de préserver la vie.
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Signification et origine linguistique : Au cœur de la culture kabyle, le prénom « Akli » se présente comme un rempart contre les forces hostiles. Traditionnellement, ce prénom est attribué aux enfants dans le but de les préserver du mauvais œil, un concept qui postule que des regards envieux peuvent engendrer le malheur. « Akli » agit alors comme un talisman, un bouclier métaphorique qui dissipe ces énergies néfastes et confère une aura protectrice à celui qui le porte.
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Protection sociale et reflet historique : Cependant, il est crucial de reconnaître que « Akli » porte également en lui une dimension sociale profonde. Originairement associé à l’idée de « nègre » ou d’« esclave », le prénom reflète un passé où certaines personnes étaient réduites à des conditions subalternes. Le choix de ce prénom pour les enfants visait alors à briser cette chaîne d’oppression en conférant une protection et un statut équivalent à tous, quelles que soient leurs origines. Ainsi, « Akli » évoque la persévérance et la résilience face à l’injustice.
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Préservation de la vie et aspiration collective : Au-delà de l’aspect social, « Akli » symbolise également le désir de préserver la vie elle-même. L’attribution de ce prénom aux enfants traduit une aspiration profonde à garantir leur santé et leur bien-être. Il devient alors le symbole d’un espoir collectif de vie saine et épanouie au sein de la société kabyle.
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Évolution sémantique et symbole culturel : L’évolution sémantique du prénom « Akli » est intrinsèquement liée à la notion de protection, de préservation et de soins. Bien qu’il trouve son origine dans des termes associés à la couleur « noire, » dans le contexte kabyle, « Akli » se détache de ces connotations pour embrasser un rôle qui transcende la palette sémantique. En effet, il constitue un exemple frappant de la manière dont un terme linguistique peut évoluer pour revêtir une signification culturelle et symbolique tout à fait unique.
Conséquemment, « Akli » émerge en tant que prénom ou patronyme kabyle porteur de significations protectrices, sociales et profondément enracinées dans la culture. Bien qu’il soit lié à l’idée de « nègre » ou d’« esclave, » dans ce contexte spécifique, il est attribué aux enfants pour les prémunir du mauvais œil, du mauvais sort et de la mort, tout en véhiculant l’aspiration à une vie meilleure. Cette appellation reflète la volonté de la société kabyle de protéger les enfants et de les préserver des influences néfastes, tout en commémorant un passé de résilience. Au fil du temps, « Akli » s’est hissé et a même perduré en tant que patronyme, témoignant de sa capacité à incarner une signification bien au-delà de ses racines linguistiques initiales.
2. Amrabeḍ │MṚBḌ│ (CN° 14)
Le nom propre « Amrabeḍ, » au pluriel « Imrabeḍen, » est ancré dans les racines du maraboutisme, évoquant un ascète ou un homme religieux de renom. À une époque révolue, ces individus étaient considérés comme une secte honorée, revendiquant un statut social éminent, particulièrement prévalent en Kabylie. À un point tel que des restrictions matrimoniales envers les Kabyles furent imposées, une coutume à présent révolue, découlant non seulement de l’évolution mentale, mais également des dynamiques sociétales. Ces dernières ont atténué ce penchant ségrégatif, avec le constat que leurs filles peinaient à trouver des époux et souffrant des conséquences néfastes de la consanguinité, un fléau qui les a durement touchés. À l’heure actuelle, ces clivages sont tombés et beaucoup de mariages mixtes sont célébrés et ainsi, le nom propre « Amrabeḍ, » sous des variantes orthographiques devient des patronymes tels que « Merabet » ou « Merabtene, » transcendant ces divisions énumérées.
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Signification ancestrale : Le prénom « Amrabeḍ, » puisant dans ses origines musulmanes, s’associe au concept de « marabout, » décrivant un homme de foi respecté et vénéré pour sa piété et sa sagesse. Au sein du prénom « Amrabeḍ, », cette étymologie évoque ainsi les notions d’ascétisme et de dévotion religieuse.
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Évocation historique et lien avec les Almoravides : Le terme « Amrabeḍ » s’inscrit également dans le récit des Almoravides, dynastie berbère du XIe siècle prospérant au Maghreb. Reconnus pour leur ferveur religieuse et leur engagement envers l’islam, les Almoravides jouèrent un rôle clé dans la diffusion de cette foi dans la région.
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Héritage spirituel : À travers l’attribution du prénom « Amrabeḍ » à leurs descendances, ils rendent hommage à l’héritage spirituel de leurs enfants, exprimant le vœu de suivre les voies spirituelles et ascétiques tracées par ces figures religieuses éminentes.
Dès lors, « Amrabeḍ » transcende l’appellation superficielle pour incarner le respect envers le spirituel. Un terme enraciné dans le maraboutisme, il désigne un ascète ou un homme religieux de renom. Porteur de significations profondes, il témoigne de l’engagement envers la dévotion religieuse et évoque l’histoire des Almoravides, une dynastie berbère célébrée pour son zèle religieux. L’importance des références spirituelles et de l’héritage religieux dans la société et la culture kabyles est ainsi mise en lumière, reflétant le respect et l’admiration pour ces guides spirituels éminents de l’histoire de Kabylie.
3. Aguǧil : │GǦL│ (CN° 9)
Le nom propre « Aguǧil, » ancré dans la langue berbère rend hommage aux enfants ayant perdu leur père, leur mère ou leurs deux parents, sans protection parentale. Ce nom porte en lui le fardeau de la perte et incarne la mémoire collective de la vulnérabilité des enfants privés de la chaleur et de la guidance parentales. Enraciné dans la culture kabyle, « Aguǧil » transcende l’individu pour refléter la responsabilité et la solidarité de toute une communauté envers les plus fragiles au sein de la société.
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Origine et signification onomastique : Le nom propre « Aguǧil » émerge du patrimoine berbère avec une signification profonde. Il s’associe étroitement à l’orphelinage, la racine « GǦL » évoquant le concept même de l’orphelin, enracinant ce terme dans le langage quotidien des Kabyles.
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Socio-histoire de l’orphelinage : « Aguǧil » dépasse sa signification linguistique pour revêtir une importance sociale considérable. Réservé aux enfants privés d’un ou de leurs parents, ce nom témoigne du vide laissé par la perte familiale. Dans une société où les liens familiaux jouent un rôle central, le sort des orphelins a toujours été une préoccupation majeure. « Aguǧil » incarne la vulnérabilité des orphelins et la responsabilité collective envers eux.
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Patronyme kabyle et identité collective : Le patronyme kabyle « Aguǧil » va au-delà de son sens initial pour forger une identité qui dépasse l’individu. En devenant un patronyme, il rassemble une communauté, que les individus soient réellement orphelins ou non, unissant ceux qui partagent une expérience similaire de perte et de résilience. Ce nom devient un rappel constant de l’importance de la solidarité et de la protection envers les plus vulnérables dans la société kabyle.
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Transmission de valeurs sociales : Le patronyme « Aguǧil, » également orthographié « Guǧil, » illustre comment la culture kabyle accorde une grande valeur à l’entraide et à la protection mutuelle. Il rappelle la nécessité de prendre soin des plus démunis et de maintenir les liens communautaires face aux épreuves. En cela, « Aguǧil »/« Guǧil, » devient un symbole vivant de valeurs fondamentales tissées dans le tissu social kabyle.
Autrement dit, « Aguǧil » va au-delà d’une simple étiquette pour porter des significations linguistiques et sociales profondes. Enraciné dans la racine « GǦL, » il évoque l’orphelinage et la vulnérabilité qui y est liée. Par-delà les mots, ce nom exprime la préoccupation et la solidarité envers les orphelins au sein de la société kabyle. Transformé en patronyme, « Aguǧil » devient un symbole de l’identité collective des orphelins (ou pas), illustrant comment les noms peuvent transcender les individus pour porter un héritage partagé et des valeurs sociales essentielles.
4. Brustus│BRST│ (CN° 44)
Le nom propre « Brustus » résonne comme un écho des légendes et de l’histoire ancestrale, capturant à la fois la notion de force brutale et la présence d’un personnage fondateur dans la mythologie des Bretons. Ce nom incarne l’héritage de la puissance et de la légende, reliant le passé et la mémoire à travers les générations.
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Connotation de brutalité et de terreur : « Brustus » évoque immédiatement des connotations de brutalité et de terreur. Le terme semble être dérivé de « brutus » ou « brutal », suggérant une force brute et impitoyable. Ce choix de nom pourrait refléter la réputation ou les caractéristiques attribuées à ce personnage légendaire.
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Personnage fondateur : Le nom « Brustus » est lié à la mythologie des Bretons en tant que premier roi légendaire. Cette association en fait un personnage fondateur, incarnant les origines d’un peuple et les récits qui ont forgé leur identité collective. Le lien avec la royauté renforce l’importance de ce personnage dans la tradition et la mémoire britanniques.
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Lien avec les Bretons : La référence à « Brustus » dans le contexte de la légende des Bretons lie ce nom aux peuples celtes insulaires et à leurs histoires ancestrales. Cela souligne la capacité des noms propres à servir de marqueurs pour identifier et reconnaître des groupes culturels et historiques spécifiques.
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Transmission de la légende : le nom « Brustus » agit comme un canal de transmission de la légende et de l’histoire des Bretons. À travers les générations, ce nom a survécu en tant que rappel des débuts de la royauté et des récits qui ont pris racine dans la mémoire collective. Les noms propres ont souvent joué un rôle crucial dans la préservation des récits et des traditions.
En résumé, « Brustus » n’est pas simplement un nom propre, c’est une fenêtre vers la mythologie, l’histoire et l’identité des Bretons. En combinant la connotation de brutalité avec le rôle de personnage fondateur, ce nom nous rappelle la puissance des récits légendaires et leur capacité à relier les générations à travers les noms et les histoires.
5. Berkulli│BRKL│(CN° 41)
Le nom propre « Berkulli » révèle des traces historiques et culturelles qui se manifestent à travers deux références distinctes, l’une remontant à l’histoire ancienne des rois berbères et l’autre évoquant l’époque de la colonisation française.
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Ancrage historique : Le nom « Berkulli » est associé, selon Allioui, à un roi berbère ancien, insufflant ainsi une dimension historique à ce nom propre. En évoquant un souverain du passé, le nom se connecte aux racines ancestrales de la culture berbère et rappelle les dynasties et les personnages historiques qui ont marqué l’histoire de la région.
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Témoignage colonial : Le nom « Berkulli » est également lié à une référence plus récente, celle d’un percepteur durant la période de la colonisation française. Cette évocation rappelle une période marquante de l’histoire de l’Algérie, caractérisée par des interactions et des changements significatifs sous l’influence coloniale.
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Interconnexion des époques : L’utilisation du même nom pour évoquer à la fois un roi berbère ancien et un percepteur de l’époque coloniale souligne l’interconnexion des différentes époques historiques. Ce nom agit comme un lien qui traverse le temps, révélant ainsi la continuité et les évolutions de la culture et de l’histoire de la région.
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Transmission des références : Le fait que le nom « Berkulli » ait survécu à travers les générations et les époques témoigne de sa persistance en tant que référence culturelle. Cette transmission reflète la manière dont les noms propres peuvent être porteurs de mémoire et de récits, transmettant ainsi des fragments de l’histoire et de l’identité de la communauté.
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Miroir d’une Identité Complex : L’utilisation du même nom pour des références historiques distinctes illustre la complexité de l’identité culturelle et historique de la région. Le nom « Berkulli » devient ainsi un miroir de l’histoire riche et enchevêtrée de la région, reflétant à la fois ses héritages ancestraux et les influences plus récentes.
Réflexion faite, « Berkulli » est un nom propre qui se dévoile comme un témoin des différentes couches de l’histoire et de la culture. À travers ses deux références distinctes, il célèbre les racines anciennes de la région et témoigne des événements marquants qui ont façonné son destin, illustrant ainsi la capacité des noms propres à encapsuler des récits multiples et à traverser les époques.
4.3. Aspects linguistiques
D’un point de vue linguistique, les noms propres jouent un rôle essentiel dans la préservation de la langue kabyle. Ils peuvent contenir des éléments linguistiques tels que des racines, des préfixes et des suffixes qui ne sont pas toujours utilisés dans la langue courante. L’étude des noms propres permet de mieux comprendre la structure de la langue kabyle et les règles de formation des mots. De plus, les noms propres peuvent révéler les influences linguistiques subies par la langue kabyle au fil du temps. Par exemple, les noms propres empruntés à l’arabe peuvent refléter les interactions entre la langue kabyle et la langue arabe, ainsi que les emprunts linguistiques et les adaptations nécessaires pour intégrer ces noms propres dans la langue kabyle. En étudiant ces valeurs linguistiques, on peut contribuer à mieux préserver et transmettre la richesse et l’identité de la langue kabyle en documentant et en préservant les règles de formation des mots et les éléments linguistiques utilisés.
1. Burğ Mnayel │BRJ + MNY│(CN° 51) :
Le nom singulier « Burğ Mnayel » résonne comme une mélodie enchanteresse dans le paysage toponymique kabyle, évoquant à la fois l’histoire et la vocation d’un lieu chargé de sens linguistique. En fusionnant des éléments de différentes langues, ce nom crée une harmonie sémantique qui tisse un récit captivant. À l’intersection du turc « Burğ », signifiant « garnison » dans un contexte militaire, et de l’amazigh « Imayen », équivalent à « cavaliers », se trouve une tentative subtile d’arabisation par le terme artificiel « Mnayel », substitut à l’authentique « Imnayen » berbère. Ce mariage de langues forme une alliance suggestive reflétant la coexistence historique et la richesse culturelle qui se chevauchent dans la région.
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Une fusion linguistique : « Burğ Mnayel » marie le turc « Burğ » et l’amazigh « Imayen » dans une tentative habile de masquer le terme authentique au profit d’une construction idéologique « Mnayel », évoquant, dans un contexte arabe, « Oum Naïl » (la mère de Nayel). Cette symphonie linguistique rappelle les luttes et la cohabitation des langues en contact et la mosaïque culturelle qui caractérisent le résultat linguistique dans cette région : les échos d’une histoire tissée de langues.
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Une signification fonctionnelle : Ce nom compose une image mentale claire : une garnison où les cavaliers occupent une place centrale. « Burğ Mnayel » dévoile ainsi le rôle vital de cet emplacement en tant que point d’ancrage des cavaliers, probablement dédié à des fonctions défensives ou stratégiques.
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Un panorama historique : telle une fenêtre ouverte sur le passé, « Burğ Mnayel » dévoile les détails de la vie et des activités ayant animé ce lieu. Ce nom offre une opportunité de plonger dans l’histoire locale et d’explorer les garnisons et unités de cavaliers qui y ont opéré.
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Un témoignage multiculturel : En fusionnant des éléments linguistiques de diverses origines, « Burğ Mnayel » met en lumière la complexité et la diversité régionales. Il rappelle que l’histoire d’un lieu est tissée de multiples influences culturelles et souligne les interactions entre les cultures et les luttes des langues en contact.
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Un voyage dans le temps : « Burğ Mnayel » invite à imaginer les scènes animées ayant jadis animé cet espace, où les cavaliers s’affairaient au sein de la garnison. Ce nom offre un passage temporel, reliant ainsi le présent au passé.
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En épilogue, « Burğ Mnayel » transcende les barrières linguistiques pour tisser un récit vibrant. Il rappelle une époque où garnison et cavaliers étaient des piliers de la vie locale. En équilibrant l’historique, la fonctionnalité sémantique et la diversité culturelle, ce nom devient le lien entre hier et aujourd’hui, tout en célébrant la richesse du patrimoine linguistique.
2. Σezrayen│ΣZRYN│ (CN° 137)
« Σezrayen »/« Azrael »/« Ɛezrail » ; l’Ange de la Linguistique Interculturelle : Le terme « Σezrayen » est une forme kabylisée qui évoque l’ange Azrael, également identifié comme « Ɛezrail » en arabe dans la tradition musulmane. Il est fréquemment employé pour représenter l’ange de la mort dans les croyances judaïque, chrétienne et musulmane. Cette dénomination illustre la thèse linguistique liée aux langues sémitiques : « Azraël » en hébreu, « Ɛezrail » en arabe et « Σezrayen » en berbère dérivent presque de la même racine, désignant le même ange avec une signification sémantique similaire. Ainsi, cet hagionyme témoigne clairement de l’interconnexion linguistique et culturelle.
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Σezrayen : Cette appellation kabylisée pour l’ange Azrael est spécifiquement employée pour identifier l’ange de la mort dans la tradition islamique. En berbère, « Σezrayen » évoque la tâche de cet ange, chargé de recueillir les âmes des défunts.
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Signification : Le terme « Σezrayen » rappelle l’ange de la mort et met en lumière le lien entre la vie terrestre et l’après-vie dans la foi islamique. Il peut servir à exprimer la croyance religieuse et la confiance en la destinée divine concernant la transition vers l’au-delà.
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Utilisation : « Σezrayen » est nom masculin d’ange, cependant, son usage peut également revêtir une signification plus profonde en kabyle. En effet, dans le contexte linguistique berbère, l’emploi de ce terme peut souvent être teinté d’une nuance péjorative. Il peut être mobilisé pour discuter de la figure angélique dans le cadre de conversations à connotation religieuse ou philosophique. Toutefois, il importe de noter que dans certaines situations, ce nom peut évoquer bien plus que la simple référence à un ange. Il peut cristalliser une connotation empreinte de méchanceté, de sévérité voire de rudesse chez la personne ainsi désignée. Cette utilisation met en lumière le potentiel de ce nom à exprimer des traits de caractère et des nuances émotionnelles bien au-delà de sa signification littérale. En ce sens, « Σezrayen » en kabyle révèle la complexité des emplois linguistiques et sémantiques, jouant avec les connotations culturelles pour évoquer une palette d’émotions et de jugements au-delà de la surface des mots.
En somme, « Σezrayen » incarne une version kabylisée du nom de l’ange Azrael en liaison à la fonction de l’ange de la mort dans la tradition islamique. Ce terme rappelle la croyance en l’au-delà et peut être employé pour exprimer des convictions religieuses et spirituelles.
Conclusion
Cette exploration approfondie à travers les méandres des noms propres au sein de la littérature orale kabyle révèle un univers d’une richesse inestimable sur le plan onomastique, avec des significations culturelles, sociologiques, historiques et linguistiques. Les genres littéraires tels que les contes, les proverbes et les devinettes émergent comme de véritables trésors, véhiculant des noms propres porteurs de l’expression culturelle de la société kabyle, transmettant de génération en génération les valeurs, les croyances et les connaissances propres à cette communauté. Au sein de cette littérature orale, les noms propres se dressent comme des piliers fondamentaux, portant le fardeau de l’identité, de la mémoire collective et de l’héritage de ce peuple.
Les contes ont révélé la présence marquante des noms propres, éclairant les sentiers de la morale, de la sagesse et de la bravoure. À travers les personnages mythiques se matérialisent des vertus et des qualités qui guident les auditeurs sur les chemins de la vie. Les proverbes, bien que succincts, puisent profondément dans l’usage des noms propres pour illustrer des situations et délivrer des enseignements de vie. Les devinettes, quant à elles, créent des défis intellectuels stimulants, se servant des noms propres comme clés pour ouvrir les portes de l’imaginaire. Chacun de ces éléments, qu’il soit présent ou absent, contribue à tisser la trame complexe de la culture kabyle.
Au cours de cet article, une exploration approfondie des noms propres s’est déployée sous plusieurs angles. L’onomastique anthroponymique a permis de dévoiler les liens familiaux, les récits religieux ainsi que les moments historiques cruciaux. L’onomastique toponymique a mis en lumière les caractéristiques géographiques, les récits régionaux et les interactions entre les habitants et leur environnement naturel. L’onomastique éponymique a éclairé l’influence de la communauté kabyle sur son espace de vie, marquant ainsi le territoire de son identité. Enfin, l’onomastique sociale a tracé les contours des relations, des alliances et des structures sociales qui façonnent cette société.
Les noms propres transcendent leur simple nature de signes linguistiques pour devenir les gardiens de la mémoire, les détenteurs des traditions et les maillons intergénérationnels. À travers leur emploi, s’offrent à nous les multiples facettes de la culture kabyle, qu’elles soient de nature religieuse, professionnelle, géographique ou sociétale. Nous plongeons dans les valeurs d’honneur, de solidarité, de respectabilité, de travail et de compétence. Nous explorons les profondeurs de l’histoire, des migrations, des conflits et des influences culturelles. Les règles linguistiques, les emprunts et les évolutions de la langue kabyle se dévoilent à nous.
L’étude minutieuse des noms propres révèle que la littérature orale kabyle dépasse les simples mots pour devenir un canal vital assurant la préservation de l’identité, du patrimoine et des savoirs. Malgré les épreuves imposées par les périodes de colonisation et de marginalisation, la communauté kabyle s’est engagée dans un mouvement de reconnaissance en faveur de sa langue et de sa culture. En scrutant l’onomastique, nous contribuons à la sauvegarde de cet héritage immatériel d’une valeur inestimable, pour les générations à venir.
En définitive, cette exploration minutieuse des noms propres au sein des contes, des proverbes et des devinettes kabyles nous a dévoilé bien plus que de simples mots isolés. Il s’agit d’un voyage à travers le temps, l’espace et l’âme d’une communauté. Une immersion profonde dans la complexité de l’identité kabyle, tissée avec ses valeurs, ses croyances et ses expériences. Les noms propres brillent telles des étoiles dans un ciel nocturne, éclairant la voie vers une compréhension plus profonde de cette culture singulière et de ses trésors cachés. À travers leur étude, nous réalisons que chaque nom propre ouvre la porte à un univers d’histoires, de significations et de symboles, une invitation à explorer davantage et à célébrer la richesse de la littérature orale kabyle. De plus, en préservant et en transmettant ces connaissances, nous contribuons à préserver et à enrichir la culture kabyle pour les générations futures.