Le Slogan hirakien ou le réquisitoire en spectacle : des appellatifs caustiques au service de l’éristique

الشعار الحراكي كلائحة اتهام : التسميات الجارحة في خدمة المساجلة الحادة

The hirakian slogan the indictment in spectacle : caustic appellatives in the service of eristics

Youbi Nawel et Ait Hamou Ali Rabiha

p. 187-201

Citer cet article

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Youbi Nawel et Ait Hamou Ali Rabiha, « Le Slogan hirakien ou le réquisitoire en spectacle : des appellatifs caustiques au service de l’éristique  », Aleph, Vol 10 (3) | 2023, 187-201.

Référence électronique

Youbi Nawel et Ait Hamou Ali Rabiha, « Le Slogan hirakien ou le réquisitoire en spectacle : des appellatifs caustiques au service de l’éristique  », Aleph [En ligne], Vol 10 (3) | 2023, mis en ligne le 15 mai 2023, consulté le 21 décembre 2024. URL : https://aleph.edinum.org/7186

Relevés lors de la première phase du hirak algérien, allant du 22 février au 2 avril 2019 (date du retrait d’A. Bouteflika, président et candidat à sa succession), certains slogans sont construits selon des procédés humoristiques et dénominatifs à visée pragmatique de dé-légitimation, de dévalorisation et de rabaissement de la personne du candidat contesté. C’est l’incarnation même de la fonction présidentielle par ce candidat et ses soutiens que ces slogans ont ciblés en exigeant le départ.

بعض الشعارات المرفوعة والتي حصلت خلال المرحلة الأولى من الحراك الجزائري، من 22 فبراير إلى 2 أبريل 2 019 (تاريخ انسحاب أ. بوتفليقة، الرئيس والمرشح لخلافته)، مكونة من خلال روح دعابة ونظام تسمية بهدف براغماتي والذي يتمثل في محاولة نزع الشرعية عن المرشح المتنازع عليه والتقليل من قيمته وشأنه. حيث ان تجسيد الوظيفة الرئاسية من قبل هذا المرشح وأنصاره هو ما استهدفته هذه الشعارات مطالبة برحيله.

During the first phase of the Algerian hirak, from 22 February to 2 April 2 019 (the date on which A. Bouteflika, the President and candidate to succeed him, withdrew), some of the slogans were constructed using humorous and naming devices with the pragmatic aim of delegitimising, devaluing and demeaning the person of the contested candidate. The slogans targeted the very embodiment of the presidential office by the candidate and his supporters, demanding his departure.

Introduction

Nous rendons compte, dans la présente contribution, de l’analyse que nous inspire la linguistique pragmatique des slogans relevés lors du hirak algérien. Après avoir précisé l’inscription théorique de notre sujet et la démarche méthodologique de recueil et d’analyse des slogans en question, nous abordons la manière avec laquelle ces slogans sont construits et mobilisés par les contestataires du cinquième mandat présidentiel d’A. Bouteflika.

Nous montrerons comment, dans une situation de conflit, les protagonistes livrent sur le marché linguistique des discours à visées dévalorisantes mettant en crise les adversaires et leurs actions. Par ce procédé, l’énonciateur renforce sa position, rejette et délégitime l’adversaire et son discours qu’il démonétise et dévalue.

Dénigrer l’adversaire et blâmer son action pour faire admettre en creux le bien-fondé de sa propre thèse relève de la rhétorique de l’ambiguïté propre à tout conflit. Le hirak algérien, de ce point de vue, ne présente aucune originalité même si son émergence sur la scène politique algérienne a surpris tant les observateurs politiques que ceux-là mêmes qui en sont devenus les principaux animateurs. Dans sa spontanéité, il s’est construit en même temps qu’il construit ses mots-étendards jusqu’à ce que son esprit se cristallise autour de ce « vendredire », néologisme mis en circulation pour signifier les sorties ritualisées du vendredi, jour de repos hebdomadaire en Algérie.

Que l’on ne se méprenne pas : vendredire n’est pas endimancher. Les manifestants ne sont apprêtés que de panneaux portant haut et fort leurs revendications et la révolution qu’ils mènent est dans les mots eux-mêmes. Pacifiques, comme ils se plaisent à le dire, ils s’évertuent à négocier sur la scène politique une parole qui les incarne : vendre un dire en échange d’un pouvoir de dire semble être le leitmotiv d’une révolution pacifique portée par la seule force des mots1. (J. Zenati 2020)

Le hirak, « mouvement » en arabe a été déclenché à la suite de l’annonce de la candidature pour un cinquième mandat de l’ex-président A. Bouteflika. Cette candidature résonnait comme une humiliation aux yeux des Algériens. La capacité du président candidat à gouverner était remise en cause et son incapacité était dénoncée par des millions de « marcheurs ». Face à cette pression populaire, le président sortant et candidat à sa propre succession renonce et se voit contraint de se retirer du pouvoir le 2 avril 2019, « comme un pied de nez au calendrier : ce n’est pas une boutade, mais un moment d’histoire où le peuple muet retrouve l’usage de la parole et son pouvoir ». (J. Zenati 2020)

Souvent chantés en chœur et omniprésents sur des pancartes, des banderoles ou des affichettes, en langues et formes différentes, les slogans de ce mouvement, chargés d’arguments « éristiques »2, étaient une espèce de porte-voix des contestataires du cinquième mandat devenus étendards des manifestants pour un État de droit et réclamant le départ « en entier » de ce qu’ils appelaient « le système ».

1. Considérations théoriques et méthodologiques

1.1. Les appellatifs caustiques dans le slogan hirakien

La créativité lexicale et la productivité sémantique caractérisent les slogans brandis lors de cette manifestation populaire en Algérie. Les unités lexicales ne sont pas aléatoires. Elles sont choisies. Les formules créées, de nature à choquer les auteurs décriés par les manifestants, sont frappantes. « Amusantes et ludiques », elles portent la marque de l’humour caustique des gens de peu qui n’ont pour armes que les mots dont ils nourrissent une langue bien pendue. « Là où le miracle de la langue coupée est l’œuvre, les mots assurent le sel à la vie ». (J. Zenati)

D’un point de vue pragmatique, les appellatifs (D. Perret, 1970 : 112) sont utilisés pour désigner respectivement le locuteur où l’appellatif est en usage locatif, l’allocutaire où l’appellatif est en usage allocutif ou vocatif et enfin le délocuteur où l’appellatif est en usage délocutif

Le dictionnaire de l’analyse du discours (2002 : 187) distingue un « terme d’adresse » d’un « appellatif ». Par le premier, on entend l’ensemble des expressions dont le locuteur dispose pour désigner son allocutaire, tandis que le second est englobant et peut désigner aussi bien le « délocuté » que le « locuteur ».

Dans ce présent article, qui consacre la dénomination d’« appellatif », il est question des mécanismes linguistiques de disqualification discursive mis en œuvre afin de rejeter un adversaire en usage allocutif ou délocutif et seul le système des appellatifs en usage allocutif et délocutif.

Comme le souligne Siblot cité par Vaxelaire (2005 : 791), « désigner d’un nom propre quelqu’un, c’est se positionner à son égard, c’est expliciter un rapport, une relation investie de signification. Le nom propre produit donc du sens à travers le choix opéré par le locuteur ». Pour Perret (1970 : 112), « les appellatifs se définissent à la fois par une fonction et par une forme. Lorsqu’un terme du lexique est employé dans le discours pour mentionner une personne, il devient un appellatif ». Les appellatifs dans les slogans des manifestants pour désigner les acteurs politiques décriés sont motivés. Ils endossent plutôt une fonction de qualification et d’évaluation péjorative qui prend le pas sur la fonction de désignation ou d’identification d’une personne ou d’un groupe de personne, ainsi qu’une fonction expressive et surtout ludique comme le souligne Angenot (1995 : 264) « le néologisme dans le pamphlet est exclusivement fonctionnel, il ne naît pas d’une rêverie créatrice sur le langage, mais vise à stigmatiser l’adversaire et ses pratiques ». Partant de ce point de vue, nous supposons que lors des manifestations du Hirak au contexte de crise sociopolitique, il ne s’agissait pas de nommer ou de s’adresser. Il était question, semble-t-il, dans un premier temps d’insulter, de rabaisser, de disqualifier, de dévaloriser et de s’attaquer à l’identité et au discours de la cible : le président-candidat et « le système ». Dans un second temps, le contestataire semblait chercher à exciter la curiosité et à attirer l’attention du public-témoin, créant une connivence 3avec celui-ci afin de l’amuser au détriment de l’autre et surtout pour constituer avec lui un front endo-groupal, de formation et de fonction de la doxa.

1.2. Méthodologie et corpus

En nous appuyant sur les travaux de M. Angenot (1982) sur la parole pamphlétaire et sur ceux de U. Windish (1987) sur la communication conflictuelle, notre étude est à visée pragmatique. En examinant la mise en œuvre de procédés dénominatifs « outrageux » inscrits sur les slogans brandis lors du Hirak algérien, cette étude passera en revue la créativité dénominative dans le slogan contestataire comme forme de discours contestataire bref et polémique.

Il convient de souligner que les réseaux sociaux ont été les « laboratoires » des slogans de chaque marche hebdomadaire et les lieux d’expression du mécontentement commun des marcheurs. En effet, au moment du Hirak, ces réseaux tout comme la rue étaient « inondés » de slogans à la fois ludiques, sarcastiques et humoristiques à visées critiques et contestataires. Pour constituer le corpus de l’étude, des banques de données de pages web dédiées à ce mouvement ont été interrogées à partir des expressions et des mots-clés tel que « slogans du hirak », « slogans brandis lors du hirak », « slogans et humour », « pancartes humoristiques des Algériens ». Le corpus recueilli est formulé indistinctement en arabe (traduit en français) et en français. Bien qu’il soit très restreint comparé à l’immense quantité des slogans ayant circulé durant cette période, il est suffisant pour l’analyse de nature essentiellement qualitative des modalités de la circulation du sens et de son réglage social.

Le corpus de l’étude est constitué de 40 slogans brandis lors de diverses journées de manifestations (voir annexe). Il s’étale sur la période allant du 22 février au 2 avril, date de l’annonce de la démission du président-candidat contesté : Abdelaziz Bouteflika.

En nous appuyons sur les travaux de Windish (1987) et d’Angenot (1982), nous montrons en quoi la créativité lexicale à vocation dénominative exprimait dans ces slogans la contestation et l’alimente en retour pour davantage de mobilisation.

2. De la dénomination et de la conflictualité discursive

2.1. La transgression du nom propre

Traité avec une insolence méprisante et un ton hostile, le nom propre (désormais NP) peut servir de base pour attaquer, dévaloriser et délégitimer l’autrui. Dans ce cas, il ne remplit plus la fonction d’identification. Il endosse plutôt une fonction de description motivée négativement et de qualification péjorative en se chargeant d’une valeur agonale. Cette transgression dans notre corpus est un acte d’insulte qui touche à la dignité de la cible de l’attaque afin de la rabaisser en faisant appel à différents procédés.

2.1.1. La réduction du patronyme : « le diminutif »

Le phénomène de réduction des NP (le patronyme dans notre corpus) est très récurrent et fréquent dans le registre familier répondant à la tendance au moindre effort, tout en conservant la partie initiale du nom permettant l’expression d’une intention affectueuse et caressante. Mais déformer le NP d’une autorité publique dans un contexte de désaccord avec cette dernière serait une forme de moquerie méprisante, voire un acte d’insulte : « le diminutif vaut ici diminution » (Le Bart, 2000 : 132).

(S1) : « Boutef ! si un jour tu quittes ce monde évite le colonel Amirouche dans l’autre… »
(S2) : « BOUTEF DÉGAGE ! Barakat »
(S3) : « BOUTEF, Ne Sait même pas quelle année on est OH, GANG, Go out »
(S4) : « On voulait des élections sans Boutef on se retrouve avec Bouteflika sans Élections… ! »
(S11) : « Femmes en action Le clan Boutef n’aura même pas notre soutien-gorge Non au 5 mandat »
(S12) : « DEGAGE BOUTEF SYSTEME »
(S13) : « BOUTEF & son gang vous avez trahi l’Algérie et vous avez payé »

Dans ces slogans portés par les contestataires algériens, le patronyme « Bouteflika » se trouve manipulé par le recours au procédé de « troncation par apocope ». Dans les énoncés (S1), (S2), (S12) et (S13), l’appellatif se trouve en usage vocatif qui permet d’interpeller le président pour vitupérer contre lui. Ainsi, la transgression est ici poussée à son paroxysme et la cible de l’attaque se trouve donc dépouillée de son statut public, de sa fonction présidentielle.

2.1.2. La réduction du patronyme en vocatif : les actes directifs

Il est à souligner que la réduction du nom propre en vocatif, par la suppression du prénom est en elle-même une marque de dévalorisation et de disqualification : « l’utilisation des noms propres au vocatif, accompagnés ou pas par des appellatifs populaires ou familiers, bafoue volontairement les normes de la politesse négative en réduisant la distance entre les interlocuteurs […]. » (D. Flecan)4 En effet, la candidature de Bouteflika en souhaitant le maintenir au pouvoir est un acte promessif accompli par les hommes politiques au pouvoir. Le contestataire qui exprime son refus réfute cet acte en accomplissant un acte directif. Tel est le cas dans (S5) : « Bouteflika dégage ! ».

C’est là un acte de langage directif qui, sous forme d’ordre ayant une fonction conative, vient en réponse à cette insistance de maintenir le président-candidat Bouteflika au pouvoir. Cet acte direct relève donc de l’ordre clamé par les manifestants à l’encontre de l’acte de langage du pouvoir en place relevant des promessifs. Le candidat contesté est interpellé par son patronyme donnant lieu à un acte directif, un ordre, par lequel une sorte de colère et du mépris sont exprimés par celui qui l’accomplit. En accomplissant cet acte le citoyen, porteur de ce slogan, il s’oppose frontalement à l’autorité que représente le candidat et président sortant. Le même mécanisme est à l’œuvre dans (S16) qui, en interpellant le candidat par son patronyme (« Bouteflika tu n’y seras même pas pour une minute »), annule l’acte promessif des défenseurs de cette candidature, ce prolongement du mandat présidentiel d’A. Bouteflika. Il convient donc de souligner que les actes directifs tels que les ordres et les accusations dans une situation de désaccord permettent de se prévaloir de son adversaire.

2.1.3. La collocation péjorative

(S11) : « Femmes en action Le clan Boutef n’aura même pas notre soutien-gorge Non au 5 mandat »
(S12) : « DEGAGE BOUTEF SYSTEME »
(S13) : « BOUTEF & son gang vous avez trahi l’Algérie et vous avez payé »
(S14) : NON À BOUTEFLIKA ET SES DÉRIVÉS 
(S15) : « DÉGAGEZ BOUTEFLIKA MOMIE ET SA MAFIA POLITICO-FINANCIÈRE »

Dans (S11) « le clan Boutef » et (S12) « BOUTEF SYSTEME », l’appellatif est un syntagme nominal construit à base de : déterminant + nom + adjectif. Le patronyme, en diminutif, fonctionne comme l’adjectif épithète des noms « clan » et « système ». Il s’agit donc d’une relation de type épithétique.

De même dans (S14) « BOUTEFLIKA ET SES DÉRIVÉS » et (S15) « BOUTEFLIKA MOMIE ET SA MAFIA POLITICO-FINANCIÈRE », l’appellatif est construit sur le modèle « NP + et + déterminant possessif (son/ses) + NC ». Le NP véhicule ainsi une fonction référentielle explicitée par les déterminants possessifs pour désigner tout le régime, le régime politique du président Bouteflika. De même, dans (S15) le patronyme « Bouteflika », en vocatif, est qualifié par le nom commun (désormais NC) « momie » qui fonctionne comme un adjectif épithète péjoratif.

2.1.4. Le jeu de mots à portée insultante : mots-valises et calembours

En jouant sur la forme et la polysémie des mots, le jeu de mots est l’une des formes ludiques servant à critiquer, à ironiser et à se moquer de son adversaire. Certes, il relève de la créativité verbale afin de divertir, mais dans notre cas, il répond également au besoin de l’économie verbale qui caractérise le slogan.

Comme nous l’avons déjà souligné, le slogan est une forme de discours souvent bref, mais qui devrait frapper par sa forme et son contenu. Les mots-valises sont des mots formés par la fusion de deux mots (mots composés) de telle sorte qu’au moins l’un de ces mots y apparaisse tronqué. Ils répondent à cette exigence d’économie linguistique et d’expressivité véhiculant des sous-entendus de caractère moqueur et insultant.

En effet, écrit D. Felecan « la création des «mots-valises» (par la contamination des deux mots ayant un sens relativement proche) est un procédé productif de l’humour populaire ». Il faut souligner tout de même que ce processus de construction de mots qui favorise la créativité lexicale ludique, voire cocasse « crée une connivence entre le producteur et le destinataire du mot-valise parce que ce dernier doit se débrouiller pour retrouver les mots à l’origine du mot-valise (les mots-sources) et son interprétation. » (FRADIN, 2000 : 2)5 En les mettant dans leurs contextes de productions, ces mots-valises constituent un véritable acte de condamnation.

Dans notre corpus, les contestataires algériens ont eu recours à ce procédé de formation en fusionnant le patronyme « Bouteflika » tronqué avec un autre mot.

Dans (S6) figure le mot-valise « BOUDDHA-FLIKA ». Ce mot-valise prend la forme d’un mot composé et construit sur le modèle (bouddha + Bouteflika). Le premier composant est intégral « BOUDDHA », le NP d’un statut sacré chez les bouddhistes, vénéré comme l’égale de Dieu. Le deuxième composant est le patronyme « Bouteflika » tronqué par « aphérèse », la troncation du premier segment, donnant « flika ». En le comparant, pour un musulman, à une statuette qu’on adore à l’instar de celle de Boudda, on produit une dérision moqueuse et méprisante des soutiens du président-candidat Bouteflika. Cela implique en plus son incapacité mentale et même physique et surtout son absence physique de la scène publique bien qu’il soit souvent honoré.

Dans (S6) et (S7) figurent les deux mots-valises « BOUTELSIKA » et « BOUTEFLESKA ». Dans « BOUTEFLESKA », le premier composant est « Bouteflika/Bout » tronqué par apocope et le second « ELSIKA » subsiste dans son intégralité. Ce dernier est un mot arabe signifiant « l’action de coller ». Quant à « BOUTELSIKA », son premier composant est le patronyme « Bout/Bouteflika » tronqué par apocope et le deuxième composant est un NC intégral signifiant « la colle ». Ainsi, par une condamnation du faire, ces deux appellatifs qui renvoient au champ lexical de l’endurance, sous forme de mot-valise insinuent, aussi et par ricochet, la longévité acculée au poste de Président du candidat Bouteflika.

Dans (S9) figure le mot « BOUTEFLITOX ». Le patronyme « Bouteflika » est toujours transgressé par sa substitution par le NC du langage familier « FLITOX » : un « insecticide ». Ce composant véhicule un sens péjoratif, une critique, qui insinue la transgression de la constitution algérienne par celui-là même qui la fait adopter… pour se maintenir au pouvoir.

Dans (S10) figure le mot : « BOUT-OFF ». Ce mot-valise est construit sur le modèle « BOUTEFLIKA + OFF », le patronyme « Bouteflika » est ainsi réduit par apocope donnant « Bout ». Quant au deuxième segment « off », subsistant dans son intégralité, c’est un mot emprunté à l’anglais signifiant « arrêt ». Par un jeu de calembour, il laisse penser au mot « bouton-off », ce système qui s’éteint une fois qu’on clique sur ce bouton. Le président Bouteflika est appelé à s’éteindre, à céder aux contestations des manifestants.

Dans ces énoncés, il s’agit d’un acte d’insulte produit par des appellatifs construits à base d’une transgression de la forme du patronyme du Président. Il est question également d’une ridiculisation méprisante et humiliante de la personne du président en le réduisant à des objets, autrement dit à des objets par une espèce de « chosification » de l’être humain qu’il est.

Quant au (S17) (« Un pays triste pourtant sans dirigeant est heureux »), il est question d’une « syllepse »6, autrement dit « équivoque » : « une sorte de jeu de calembours spéculant non sur une rencontre aléatoire de phonèmes, mais sur la polysémie/homonymie. » (Angenot, 1995 : 263) C’est un jeu fondé sur le rapport signifiant-signifié. Il s’agit d’un jeu d’esprit fondé soit sur des mots pris à double sens, soit sur une équivoque de mots, de phrases ou de membres de phrases se prononçant de manière identique ou approchée, mais dont le sens est différent. C. K. Orecchioni (1997 : 140) le présente comme « une exploitation du double sens […] à des fins consciemment ludiques. »

En jouant avec le sens littéral du prénom de « Saïd », le frère de l’ex-président « Bouteflika » qui signifie « l’heureux », le locuteur adresse un message, un clin d’œil avec un ton ironique dénonçant le fait que ce ne sera pas le président même élu pour le 5e mandat qui dirigera le pays, mais… son frère, « l’heureux ».

2.1.5. L’usage détourné des termes de révérence prototypique

Ce sont les termes d’adresse de courtoisie et de politesse qui sont utilisés dans l’intention de se montrer poli. Or, dans un discours pamphlétaire et dans la stratégie humoristique à visée transgressive, ils endossent une autre fonction. En effet, en feignant la politesse formelle, on dévalorise son allocutaire. La politesse dans ce cas est utilisée comme stratégie de dévalorisation.

(S18) : « Comment vous pardonnez monsieur #l’ex-président et j’ai 39 ans, je n’ai pas pu me marier, car je me couche dans le salon de la petite maison de mon père »
(S19) : « Votre majesté; NON à votre épître »
(S20) : « Tonton Bouteflika tu es un casse-pieds » 

Dans (S18) « … monsieur l’#ex-président …) », le terme de révérence « monsieur » « s’il s’applique par déférence, il peut aussi s’employer par ironie… » (Angenot 1995 : 297). Cette ironie est marquée et renforcée par l’usage des deux points d’exclamation. Il s’agit d’un emploi détourné, l’effet ironique dans ce cas est mis en valeur par le mot-dièse « #ex ».

Dans (S19), « Votre majesté » comme terme d’adresse précède le mot « président » auquel est substitué le mot « épître » du fait qu’il ne prononce aucun discours depuis des années et ne s’adresse7 au peuple que par le biais des lettres diffusées par l’APS. L’emploi de ce terme d’adresse et de courtoisie devant le mot « épître » constitue une incohérence insolite, deux mots qui appartiennent à deux mondes complètement différents et dont le lien ne va pas de soi.

Dans (S20) (« Tonton Bouteflika t’es un casse-pieds ») l’emploi du terme d’adresse populaire, « tonton (oncle) » devant le patronyme « Bouteflika » est une forme de raillerie et de moquerie ayant une valeur outrageante. À cet effet, comme le souligne Angenot (1995 : 297), « trop de courtoisie est suspect, mais la familiarité est aussi méprisante… ».

2.2. L’usage des sobriquets

Partant de l’idée que « injurier c’est d’abord refuser à celui qu’on attaque son nom « propre », refuser de l’identifier». (1995 : 297)

« Tu prolonges le mandat on prolonge le combat » (S21),
et « J’ai 20 ans et je n’ai connu que toi ! » (S22),

Par l’usage du tutoiement, les énoncés ci-dessus marquent, par l’effacement du nom propre et sa substitution par le pronom tonique "toi", élément déprédicatif, la non-reconnaissance de statut de président à celui qu’ils décrient.

Loin d’installer une proximité, le tutoiement, ici est signifiant d’un rejet, d’une excommunication d’un président, désormais déchu.

Il est également possible de ridiculiser une personne en l’affublant d’un nom cocasse autre que le sien. Il est question d’un :

« Surnom familier que l’on donne à une personne avec une intention moqueuse ou plaisante, faisant référence à des particularités physiques ou à des traits de caractère de cette personne, à son origine sociale ou géographique, à son métier, à une anecdote de sa vie ou encore formé sur un jeu de mots. »8

Dans notre corpus, il est plutôt question de termes familiers souvent moqueurs qui caricaturent un des aspects physiques ou moraux de la personne et de défauts comportementaux qui remplacent à titre permanent ou occasionnel le NP. Ce sont ainsi des désignations péjoratives, des noms subversifs. Il est à souligner, après Felecan (2011 : 489), que le sobriquet est « assigné, généralement, dans la dérision d’une personne, à son insu, en partant d’une caractéristique de l’apparence, de son psychique ou de sa profession. » Il renferme donc une dévalorisation sociale et des traits de caractère et de comportements méprisables permettant de fustiger et de critiquer à travers le sens implicite qu’ils véhiculent.

(S23) : « SI C’EST POUR ÊTRE GOUVERNÉ PAR UN CADRE AUTANT QUE ÇA SOIT MONALIZA »
(S24) : « Les cadres c’est pour décorer par pour gouverner »
(S25) : « NOUS NE VOULONS NI DU CADRE NI DES CLOUS QUI LE FIXENT »
(S26) : « Nous exigeons une preuve vidéo de la photo présidente quand elle rédige (écrit) ses lettres au peuple »

Dans (S23) (S24) et (S25), l’occurrence de mot «cadre» renvoie d’une manière implicite à l’ex-président Bouteflika, en usage délocutif. En Effet, comme nous l’avons souligné plus haut, après sa maladie, l’ex-président était quasi inamovible. Ses apparitions publiques étaient devenues très rares. Il n’était présent que par son portrait. Cet appellatif occupe une fonction de qualification d’un effet de dérision critique renvoyant à la réalité du contexte sociopolitique prenant la forme d’un argument ad personam mettant en exergue l’incompétence du candidat et l’impossibilité de voter pour lui. Il s’agit également d’un acte violent de condamnation de l’être visant à le rabaisser et par lequel le locuteur manifeste son refus. En le comparant à un cadre, les contestataires soulignent l’incapacité du président de briguer un autre mandat.

De même, dans (S25) l’appellatif «clous» qui dérive du champ lexical de «cadre» renvoie aux partisans de l’ex-président qui soutiennent la pérennité de son pouvoir tout comme les clous fixent les cadres. Dans (S26), l’appellatif «la photo présidente», en usage délocutif, exprime le même constat en prenant le sens du «cadre».

(S27) : « Allo le système ! ! ! C’EST Ma JOURNÉE  DÉGAGE ! ! ! #FEMMES EN COLÈRE »
(S28) : « Ni détartrage ni plombage Système DÉGAGE »

Dans (S27) et (S28), la cible de l’attaque est désignée par l’appellatif «système». Cet appellatif teinté d’immoralité renforce la face négative de la cible qu’il cantonne à la négativité.

Les sobriquets peuvent être d’inspiration mythologique comme dans (S29) : «À bas Amon et les prêtres du temple» qui, en usage délocutif, désignent respectivement l’ex-président en question et la coalition au pouvoir qui le soutient. Ils fustigent le fait que ce président n’apparaît que dans son portrait, mais qu’on le soutient toujours tel que les prêtres du temple d’Amon adoraient celui-ci.

(S30) : « À l’administration » « AGE DE PIERRE » « Le PEUPLE dans son plus grand CIVISME vous dit… « FOUTEZ LE CAMPS » »
(S31) : « Ni fantômes ni dinosaures place aux vivants, place aux jeunes ! »
(S32) : « Président-Zombie NON à votre Récrocratie »
(S33) : « L’Algérie pays des héros dirigés par des zéros »
(S34) : « UNE SOCIÉTÉ DES JEUNES GOUVERNÉ PAR DES VIEUX… Putschistes »
(S35) : « Pouvoir vieux périmé laissez la place aux jeunes motivés »
(S36) : « Pouvoir pourri dégage même le diable en a eu marre… »

Dans (S30) (S31) (S32) (S33) (S34) (S35) et (S36) nous retenons respectivement les appellatifs « administration », « Âge de pierre », « fantômes, dinosaures », « président-zombie », « des zéros », « des vieux », « pouvoir vieux périmé » et « pouvoir pourri ». Ayant un effet sarcastique, ils font tous partie d’un lexique péjoratif, moqueur, voire insultant, d’un champ lexical renvoyant au passé lointain, à la vétusté, au sénile, au néant, à l’invisible… C’est une dénomination, une nomination métaphorique, voire hyperbolique, où l’on cherche des objets ou des êtres ayant des traits communs avec la personne injuriée. Ces derniers renvoient par métonymie à l’ex-président et au pouvoir qu’il incarne et qu’exécutent en sous-main depuis trop longtemps des ministres aussi âgés que lui.

(S37) : Partez #tous espèce de bandit 
(S38) : Fils de France la constitution n’est un pas un cahier d’essai 
(S39) : Nos grands-parents ont fait sortir la France et nous on fait sortir ses enfants 
(S40) : Le monde se demande ! Qu’est-ce qui se passe en Algérie? le peuple répond… nous sommes en train de nettoyer la poubelle de la France de notre pays 

Dans (S37), l’appellatif « espèce de bandit » renvoie au lexique de la corruption. Quant au (S38) (S39) et (S40), ils mettent en scène, à travers les appellatifs «fils de France» et «enfants de France» et «poubelle de la France» qui qualifient Bouteflika et son régime, des valeurs nationalistes et caractérisent, ipso facto, la cible de traitre.

Conclusion

Les slogans dont nous avons étudié le sens sont violents. Ils sont chargés d’un lexique outrageux constituant un procédé dénominatif qui s’apparente à l’injure. En ridiculisant la face du président-candidat contesté et en touchant à sa crédibilité, les contestataires justifient leur refus d’un cinquième mandat et leur volonté de mettre fin au régime politique en place. Il a été question d’une argumentation éristique visant à faire étalage de son désaccord avec raillerie et mépris, et ce par la transgression du nom propre de la cible de l’attaque et le recours à une dénomination outrageuse.

La transgression des noms propres au niveau sémantique et morphologique ou par l’attribution des noms grotesques endosse trois fonctions en parallèle : une fonction descriptive faisant référence aux caractéristiques de la cible de l’attaque; une fonction argumentative en rendant compte des spécificités condamnables de l’autre et une fonction pragmatique qui est la disqualification et le dénigrement de l’adversaire et de son discours. Ainsi, dans ce contexte de confrontation verbale, il est question à la fois d’actes de condamnation de l’être que des actes de condamnation du faire par le biais d’une argumentation ad personam : « l’attaque personnelle, elle, abandonne totalement le fond, pour ne cibler que la personne de l’adversaire : notre propos se fera alors blessant, hargneux, insultant, grossier ». (G. Prigent, 2017 : 155) Ainsi, désirant discréditer l’adversaire, on forge une image négative devant le public témoin en s’attaquant plus à sa crédibilité et qu’à ses arguments.

Par ce processus appellatif transgressif, on cherche à annihiler l’image présidentielle du candidat à sa propre succession.

1 «’Vendredire’’ et ‘’mardire’’ étaient créer à cette période pour signifier respectivement marcher le vendredi et mardi (pour ce qui était des

2 Selon la conception qu’en donne Angenot dans Dialogue de sourds (2008 : 32). « La technique de l’argumentation vue comme une bataille et une mise à

3 Quand il s’agit de l’acte humoristique, le locuteur tentera de faire entrer son interlocuteur dans un état de connivence, c’est-à-dire de complicité

4 https://bit.ly/35DBVbj .

5 https://bit.ly/36LRpJJ ,

6 Figure par laquelle un mot est employé à la fois au propre et au figuré.

7 Faudrait-il aussi prouver qu’il en est l’auteur…

8 https://cnrtl.fr/definition/sobriquet

Angenot M., Dialogue de sourds, Traité de rhétorique antilogique, éditions mille et une nuit, 2008.

Angenot M., La parole pamphlétaire, typologie des discours modernes, Éditions Payot & Rivages, Paris, 1995 (1982).

Charaudeau P. & Maingueneau D., Dictionnaire de l’analyse du discours, Éditions Seuil, Paris, 2002.

Charaudeau P., « Des catégories pour l’humour? », Revue Questions de communication n° 10, Presses Universitaires de Nancy, Nancy, 2006, URL : http://www.patrick-charaudeau.com/Des-categories-pour-l-humour,93.html.

Felecan D., «Aspects de la dynamique des appellatifs non conventionnels dans l’espace public roumain actuel», URL : https://bit.ly/35DBVbj.

Fradin B., «Les mots-valises : jeux et enjeux», URL: , https://bit.ly/36LRpJJ,

https://cnrtl.fr/definition/sobriquet

Kerbrat-Orecchioni C., La Connotation, Presses Universitaires de Lyon, 1977.

Le Bart Ch., « Nommer les hommes politiques : identités prescrites, stratégiques, polémiques ». In : Mots, n° 63, juillet 2000. Noms propres. pp. 127-133. URL : https://doi.org/10.3406/mots.2000.2210

Perret D., « Les appellatifs. Analyse lexicale et actes de parole ». In : Langages, 5 ᵉ année, n° 17, 1970. L’énonciation, URL : https://bit.ly/3feBuY7.

Perret D., « Les appellatifs. Analyse lexicale et actes de parole ». In : Langages, 5 ᵉ année, n° 17, 1970. L’énonciation, URL : https://bit.ly/3feBuY7.

Perret, D., « Les appellatifs » Langages 17 : 112-118, Paris, 1970.

Vaxelaire J. L, Les noms propres. Une analyse lexicologique et historique, éditions champion, Paris, 2005.

Windisch U., Le K.-O. Verbal. La communication conflictuelle, Éd. L’Âge d’Homme, France, 1987.

ANNEXE

(S1) : « Boutef ! si un jour tu quittes ce monde évite le colonel Amirouche dans l’autre… »

(S2) : « BOUTEF DÉGAGE ! »

(S3) : « BOUTEF, Ne Sait même pas quelle année on est OH, GANG, Go out »

(S4) : « On voulait des élections sans Boutef on se retrouve avec Bouteflika sans Élections… ! »

(S5) : « BOUTEFLIKA DÉGAGE ! BARAKAT »

(S6) : « NON A BOUDDHA-FLIKA »

(S7) : BOUTELSIKA la colle qui tient 20 ans)

(S8) : BOUTEFLESKA la colle qui colle sans pitié)

(S9) : BOUTEFLITOX détruit même la constitution)

(S10) : « BOUT-OFF »

(S11) : « Femmes en action Le clan Boutef n’aura même pas notre soutien gorge Non au 5e mandat »

(S12) : « DEGAGE BOUTEF SYSTEME »

(S13) : « BOUTEF & son gang vous avez trahi l’Algérie et vous avez payé »

(S14) : NON À BOUTEFLIKA ET SES DÉRIVÉS 

(S15) : « DÉGAGEZ BOUTEFLIKA MOMIE ET SA MAFIA POLITICO-FINANCIÈRE »

(S16) : : « Bouteflika tu n’y seras même pas pour une minute »

(S17) : «Un pays triste pourtant sans dirigeant est Saïd/heureux »

(S18) : ‘Comment vous pardonnez monsieur #l’ex-président et j’ai 39 ans, je n’ai pas pu me marier, car je me couche dans le salon de la petite maison de mon père)’

(S19) : ‘Votre majesté; NON à votre épître)’

(S20) : ‘Tonton Bouteflika tu es un casse-pieds)’

(S21) : ‘Tu prolonges le mandat on prolonge le combat’

(S22) : ‘J’ai 20 ans et je n’ai connu que toi ! »

(S23) : ‘SI C’EST POUR ÊTRE GOUVERNÉ PAR UN CADRE AUTANT QUE ÇA SOIT MONALIZA »

(S24) : ‘Les cadres c’est pour décorer par pour gouverner’

(S25) : ‘NOUS NE VOULONS NI DU CADRE NI DES CLOUS QUI LE FIXENT’

(S26) : ‘Nous exigeons une preuve vidéo de la photo présidente quand elle rédige (écrit) ses lettres au peuple’

(S27) : ‘Allo le système ! ! ! C’EST Ma JOURNÉE DÉGAGE ! ! ! #FEMMES EN COLÈRE’

(S28) : ‘Ni détartrage ni plombage Système DÉGAGE’

(S29) : ‘À bas Amon et les prêtres du temple »

(S30) : ‘À l’administration ‘AGE DE PIERRE’Le PEUPLE dans son plus grand CIVISME vous dit… ‘FOUTEZ LE CAMPS’

(S31) : ‘Ni fantômes ni dinosaures place aux vivants place aux jeunes !’

(S32) : ‘Président-Zombie NON à votre Récrocratie’

(S33) : ‘L’Algérie pays des héros dirigés par des zéros’

(S34) : ‘UNE SOCIÉTÉ DES JEUNES GOUVERNÉ PAR DES VIEUX… Putschistes’

(S35) : ‘Pouvoir vieux périmé laissez la place aux jeunes motivés’

(S36) : ‘Pouvoir pourri dégage même le diable en a eu marre…’

(S37) : ‘Partez #tous espèce de bandits »

(S38) : ‘Fils de France la constitution n’est un pas un cahier d’essai »

(S39) : ‘Nos grands-parents ont fait sortir la France et nous on fait sortir ses enfants »

(S40) : ‘Le monde se demande ! ! qu’est-ce qui se passe en Algérie? le peuple répond… nous sommes en train de nettoyer la poubelle de la France de notre pays ’

1 «’Vendredire’’ et ‘’mardire’’ étaient créer à cette période pour signifier respectivement marcher le vendredi et mardi (pour ce qui était des étudiants).

2 Selon la conception qu’en donne Angenot dans Dialogue de sourds (2008 : 32). « La technique de l’argumentation vue comme une bataille et une mise à mort. Elle est la tekhné de la dispute, de la controverse, de la réfutation autant que de l’argumentation positive. Son vocabulaire tout entier est militaire : il y est question de luttes, de batailles, de combats, des adversaires, des positions qu’on attaque ou défend, des stratégies… L’éristique peut aisément devenir l’art de gagner à tout prix, de détruire l’adversaire et ses raisons, art qui ne reculera pas devant les plus mauvais expédients pas plus que devant les invectives, les sarcasmes, les quolibets. »

3 Quand il s’agit de l’acte humoristique, le locuteur tentera de faire entrer son interlocuteur dans un état de connivence, c’est-à-dire de complicité pour qu’il y ait aboutissement et donc un effet perlocutoire selon la théorie des actes de langage. On touche ici, selon CHARAUDEAU dans son article « des catégories pour l’humour ? », à la problématique de l’intentionnalité, à l’interprétation par le destinataire du message humoristique à partir des compétences culturelles, interculturelles et extralinguistiques afin de pouvoir déceler les intentions du locuteur.

4 https://bit.ly/35DBVbj .

5 https://bit.ly/36LRpJJ ,

6 Figure par laquelle un mot est employé à la fois au propre et au figuré.

7 Faudrait-il aussi prouver qu’il en est l’auteur…

8 https://cnrtl.fr/definition/sobriquet

Youbi Nawel

Mouloud Mammeri – Université de Tizi Ouzou

Ait Hamou Ali Rabiha

Mouloud Mammeri — Université de Tizi Ouzou

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