Introduction
La communication en Algérie ne se limite pas uniquement à un échange oral caractérisé par une communication de bouche à oreille ou de face à face. En effet, les nouvelles technologies ont mis en disposition différentes méthodes pour pouvoir communiquer et transmettre un message. La nouvelle tendance d’aujourd’hui est de communiquer par voie électronique sans utiliser la communication par SMS, MMS, appel téléphonique, par courrier ou enveloppe, etc. On peut citer comme exemple « Facebook » qui est un réseau social très connu et très utilisé par les Algériens en particulier.
Ce réseau social est considéré comme un site internet qui permet aux usagers de partager tout ce qu’ils veulent avec modération et à communiquer et échanger avec d’autres personnes même si elles étaient étrangères.
L’échange sur le réseau social « Facebook » se fait généralement par écrit quand il s’agit des publications et des commentaires pour donner des avis ou répondre à un besoin ou une question. À cet effet, le locuteur ou l’usager de ce réseau social doit utiliser la langue qu’il veut et qu’il connait pour pouvoir passer le message qu’il souhaite, expliquer et s’expliquer pour effectuer une intercompréhension entre son interlocuteur.
On sait tous que le locuteur algérien est un locuteur très actif en langues « locales ou étrangères » car l’Algérie est un pays qui prend en considération plusieurs et différentes langues et qui est considéré comme un pays plurilingue qui connait une diversité linguistique non-constante et inextricable. En effet,
« le paysage linguistique de l’Algérie, produit de son histoire et de sa géographie, est caractérisé par la coexistence de plusieurs variétés langagières –du substrat berbère aux différentes langues étrangères qui l’ont plus ou moins marquée en passant par la langue arabe, vecteur de l’islamisation et de l’arabisation de l’Afrique du Nord. » (Taleb Ibrahimi, K. 2004).
Cependant, le locuteur algérien est considéré, à son tour, comme un locuteur bilingue dans le cas où il maitrise uniquement deux langues y compris sa langue maternelle, et plurilingue dans le cas où il maitrise plusieurs langues : sa langue maternelle « l’arabe dialectal algérien ou l’amazigh » et deux autres langues étrangères, exemples : le français, l’anglais voire plus.
La communication est très importante dans la vie quotidienne de tout être humain. Sans la communication, la vie ne peut pas avancer, les gens ne vont pas s’aimer ni se détester, le développement ne va pas exister, etc. À ce propos, Patrick Charaudeau dit que :
« la communication consiste à se donner les moyens de persuader un public ou un auditoire – voire un peuple – en ayant recours à des moyens plus ou moins avouables – c’est-à-dire plus ou moins affichés, plus ou moins cachés – de manipulation des opinions pour obtenir l’adhésion à un projet politique et donc à celui qui en est le porteur » ( Charaudeau, P. 2007).
En effet, quand le locuteur algérien rentre en communication, qu’elle soit orale ou écrite, avec une autre personne, il peut lui transférer la ou les langue(s) qu’il utilise et il en est de même pour son interlocuteur. En réalité, la mobilité et le partage linguistique renvoient d’abord à la mobilité linguistique parce que
« cette double dynamique, spatiale et langagière, renvoie à une conception plus large de la mobilité linguistique, conçue comme un processus constitutif de constructions linguistiques et identitaires complexes de locuteurs pris dans diverses situations de pratiques socio-culturelles » (Van Den Avenne, 2005 in Mahieddine, A. et Ali Bencherif, M.Z. 2017).
En effet, le locuteur algérien peut influencer sur le parler de son interlocuteur si, ces derniers, ne sont pas issus de la même communauté ou société ou qu’ils ont des cultures différentes. Donc, il va y avoir un mouvement et circulation des langues.
Communiquer via « Facebook » permet au locuteur algérien d’être un sujet mobile car il fait une mobilité à partir d’un engin (ordinateur ou téléphone mobile) sans se déplacer pour communiquer avec d’autres personnes issues du même pays ou non. À ce propos, Urry John affirme que : « se mouvoir d’un endroit à l’autre, physiquement ou virtuellement, peut être source de prestige ou de pouvoir, une manifestation du droit au mouvement, de manière temporaire ou permanente » (Urry, J. 2005/1). Donc, l’usage d’un réseau social pour communiquer et échanger avec autrui est considéré avant tout comme un prestige pour le locuteur algérien car il se trouve obliger d’utiliser toute nouvelle technologie qui facilite sa vie quotidienne.
Dans cet article, on va traiter d’ores et déjà l’usage des langues et la mobilité linguistique par voie électronique ou alors en ligne, qu’on a appelée l’ « e-mobilité linguistique » à travers le réseau social « Facebook » chez les locuteurs algériens.
Pour ce faire, on a décidé de poser les questions suivantes qui peuvent bien nous aider à développer notre modeste recherche :
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Comment le locuteur algérien peut-il communiquer sur un réseau social ?
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Est-ce qu’il utilise des langues étrangères quand il rentre en communication avec un autre locuteur algérien ?
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Qu’est- ce que l’« e-mobilité linguistique » ? Et est-ce qu’il existe vraiment une « e-mobilité linguistique » utilisée par les locuteurs algériens ?
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Quelles sont les conséquences linguistiques naissantes du phénomène d’e-mobilité linguistique ?
Pour pouvoir réaliser cette étude, on a jugé utile de proposer deux hypothèses qui nous aident à réaliser l’étude sur l’« e-mobilité linguistique ». On postule de prime à bord que l’e-mobilité linguistique serait une méthode très utile et indispensable dans nos jours pour que le locuteur algérien puisse appréhender les différentes langues. Ensuite, on pense que le locuteur algérien, quand il utilise « Facebook », ferait de l’e-mobilité linguistique sans qu’il se rende compte.
1. Méthodologie et recueil des données
Notre travail consiste spécialement à étudier et prouver l’existence et la réalité de l’e-mobilité linguistique en Algérie. Donc, on a jugé utile de prendre « Facebook » comme notre support de recherche et étudier quelques commentaires et les partages que font les locuteurs algériens sur ce réseau social.
Cette enquête est axée sur l’écrit car on va étudier l’usage des langues par les locuteurs algériens dans les commentaires et les publications utilisés et partagés sur Facebook. On a pris quelques pages algériennes comme « Etudiant Dz » et « Beauty algériennes » qui sont des exemples pour notre étude sur l’e-mobilité linguistique en Algérie et par les locuteurs algériens. Cette enquête est donc de type quantitatif.
À cet effet, on a pris un nombre de 11 commentaires tirés de ces pages algériennes. On pense que ce nombre de commentaire est suffisant et raisonnable pour pouvoir effectuer une telle étude. Ces commentaires sont choisis en fonction d’usage des langues par les locuteurs algériens pour pouvoir confirmer que le phénomène d’e-mobilité linguistique existe réellement.
2. Qu’est-ce que l’ « ‘e-mobilité’ linguistique » ?
Selon Laura Gherardi et Philippe Pierre : « La mobilité est un fait universel, une variable « monologique » qui se varie qu’en intensité mais peu en complexité pour celui qui la vit » (Gherardi, L. et Pierre, P. 2010). On comprend, à cet effet, que la mobilité peut toucher tout et n’importe quoi. La mobilité linguistique consiste à la circulation et au déplacement des langues d’une ville à une autre, d’une personne à une autre, d’un pays à un autre, etc. En effet, toute mobilité linguistique mène à la progression linguistique des locuteurs et du pays. La mobilité linguistique agit tout simplement sur l’apprentissage linguistique mais aussi mène à l’évolution et la progression linguistique de celui qui reçoit la nouvelle langue, donc comme D. MEUNIER l’affirme :
« l’apprentissage linguistique et la notion de mobilité sont intimement liés dès lors que tout apprentissage implique un déplacement de la part du sujet : l’apprenant projette un autre soi dans la langue cible, il se réinvente dans sa relation à l’Autre et à sa langue » (D.Meunier, 2011/2).
Les réseaux sociaux, les plateformes et sites internet en ligne peuvent être la raison d’une naissance d’une nouvelle technique pour partager et apprendre les langues, c’est l’ « e-mobilité linguistique » car les
« technologies mobiles convergentes qui pourraient bien aboutir à la transformation de nombreux aspects de la vie économique et sociale, que, d’une certaine façon, l’on mène chaque jour davantage en « se déplaçant » ou en étant éloigné de la « maison » » ( Urry, J. 2005/1 : ibid)
sont les moyens qui contribuent à la circulation électronique des langues et à l’apprentissage de celles-ci. Fort est de signaler qu’on doit d’abord mettre l’accent sur l’ « e-mobilité » qui est, selon nous, le déplacement d’une personne en utilisant une voie électronique et l’internet bien-sûr. Donc, toute personne qu’utilise internet et rentre en contact avec une autre personne est, sans aucun doute, dans l’ « e-mobilité ».
En effet, l’usage des langues dans l’un des moyens cités supra facilite l’acquisition et la connaissance d’une nouvelle langue voire dialecte. Les locuteurs qui utilisent beaucoup plus les médias peuvent apprendre facilement les langues quand ils échangent parfois avec une autre personne d’une autre culture qui a une autre langue différente.
L’ « e-mobilité linguistique » est, dans ces cas, intéressante car elle permet le partage linguistique entre les locuteurs et les met dans une nouvelle expérience linguistique. On peut, à cet effet, définir l’ « e-mobilité linguistique » comme : le partage, la circulation et le mouvement des langues en ligne ou par voie électronique dans les différents moyens de communication que la nouvelle technologie a fait naitre.
L’usager d’un réseau social par exemple (qui est notre base d’enquête) peut être mobile et immobile à la fois. « Mobile » quand il échange avec une autre personne mais sans qu’il se déplace de son domicile en utilisant internet et un micro-ordinateur. C’est ce qu’on appelle une mobilité « virtuelle » et en distanciel. « Immobile » car il ne fait pas un déplacement physique, donc il reste là où il est dans le même endroit sans bouger. En effet, il est opportun de prouver que l’ « e-mobilité linguistique » est le meilleur moyen qui facilite la vie actuelle des locuteurs vis-à-vis les langues et leurs usages et qui met également en jeu la propagation et le partage de ces langues entre les interlocuteurs.
En réalité, l’« e-mobilité linguistique » permet le transfert des langues d’une personne à une autre lors d’un échange linguistique et d’une communication que font les locuteurs entre eux. Il appert de préciser, donc, que le locuteur doit dépenser uniquement son temps pour pouvoir apprendre une langue.
3. L’« e-mobilité linguistique » sur le réseau social « Facebook » en Algérie
L’ « e-mobilité linguistique » se fait beaucoup plus sur les réseaux sociaux. On prend le cas de « Facebook » qui est le réseau social le plus utilisé dans le monde entier. On a remarqué donc que les locuteurs algériens qui rentrent en contact avec d’autres personnes en utilisant « Facebook », utilisent différentes langues et à leurs tours, ils apprennent aussi d’autres nouvelles langues, et cela est dû à l’ « e-mobilité » des langues dans des commentaires et les différents échanges qui permettent une communication virtuelle et à distance.
L’usage des langues dans les messages et/ou les commentaires est une chose pertinente et très naturelle voire habituelle pour le locuteur algérien car il est considéré comme un sujet bilingue et plurilingue à la fois puisqu’il vit dans un pays qui connait une diversité linguistique. Plusieurs langues rentrent en usage lorsque deux locuteurs algériens communiquent entre eux parce que ces locuteurs-là sont issus d’un pays qui connait un plurilinguisme et plusieurs cultures donc
« il faut restituer le plurilinguisme dans le contexte du pluriculturalisme. La langue n’est pas seulement une donnée essentielle de la culture, c’est aussi un moyen d’accès aux manifestations de la culture » (Conseil de l’Europe, 2001, p. 12 in Blons-Pierre, C. 2016/1).
En revanche, un locuteur algérien peut se trouver dans une situation embarrassante où son interlocuteur est étranger et qui ne parle pas la même langue que la sienne et donc, il doit ou bien choisir et utiliser la langue de son interlocuteur s’il la connait et maitrise ou bien il utilise sa propre langue et son interlocuteur doit recourir à la traduction pour qu’il puisse comprendre ce qu’il dit et quelle langue utilise. Mais qu’en est-il des dialectes ? Est-ce que son interlocuteur peut traduire le dialecte algérien en sa langue ? Donc, il est parfois impossible d’interpréter la langue ou le langage de l’autre, il est cependant au locuteur algérien qui doit traduire à l’autre ce qu’il dit et ce qu’il utilise comme langue et/ou dialecte.
Parmi les langues que le locuteur algérien ou le locuteur étranger peuvent utiliser est « l’anglais ». L’anglais est une langue mondiale et universelle, connue et utilisée par la majorité voire tout le monde. À cet effet, cette langue reste la meilleure issue pour le locuteur algérien et le locuteur étranger car il arrive parfois que le locuteur algérien en tant qu’usager de « Facebook » ne peut pas communiquer en langue de l’autre parce qu’il ne la connait pas donc il choisit la langue la plus utilisée dans le monde comme l’anglais.
Par contre, il se peut que les deux locuteurs ne connaissent pas l’anglais donc chacun communique en utilisant sa propre langue. Alors, pour qu’ils puissent s’inter-comprendre, ils font recours à la traduction qui est applicable sur « Facebook » et là on peut dire qu’on est dans « l’e-mobilité linguistique » c’est-à-dire le locuteur ’A’ apprend la langue du locuteur ’B’ et le locuteur ’B’ apprend la langue du locuteur ’A’.
En outre, la communication entre deux locuteurs algériens qui ont la même identité et qui sont nés et ont grandi en Algérie peut aussi être un bon moyen qui mène au partage linguistique en ligne. Ils peuvent aussi bien partager et transmettre les langues qu’ils connaissent dans le cas où ils sont issus de différentes villes. Par exemple, un locuteur algérien issu d’une communauté berbérophone qui communique sur « Facebook » avec un autre locuteur algérien issu d’une communauté arabophone, donc deux cultures linguistiques différentes.
En effet, un locuteur berbérophone peut communiquer en premier lieu en amazigh et en français, et un peu, en second lieu, en arabe algérien et peut même utiliser d’autres langues comme l’anglais, etc. Un locuteur arabophone utilise en premier lieu, généralement quand il connait l’identité de l’autre, en arabe dialectal algérien mais il peut aussi utiliser d’autres langues comme le français, l’anglais, etc. selon le besoin.
Cette situation permet au locuteur arabophone d’acquérir une nouvelle langue qui est « l’amazigh » car son interlocuteur a engagé la communication en cette langue donc le locuteur arabophone doit éventuellement comprendre ce qu’il a été écrit et dit par le locuteur berbérophone en passant par la traduction généralement.
4. Forme(s) de l’ « e-mobilité linguistique » faites par les locuteurs algériens sur « Facebook »
Le partage et/ou le mouvement linguistique en ligne se fait de différentes intentions. Sur le réseau social « Facebook », on trouve parfois que certains locuteurs algériens demandent cet échange linguistique pour : évaluer le niveau des langues, donner une opportunité aux gens pour pouvoir apprendre de nouvelles langues ou alors et c’est très fréquemment utilisé, le locuteur qui est bilingue ou plurilingue utilise parfois la langue qu’il préfère et qu’il juge utile pour son échange et sa communication.
On a trouvé sur des pages tirées de « Facebook », qu’on n’a pas réellement visées, sous la dénomination « Etudiant Dz » et « Beauty algériennes », qui sont des pages algériennes, où les administrateurs de ces deux pages ont partagé des publications sous formes de messages où ils demandent de traduire quelques phrases en anglais et/ou en français. La traduction est parfois nécessaire et fortement demandée par quelques locuteurs algériens n’ayant pas un bon niveau en langues étrangères ou alors une méconnaissance de la langue utilisée par l’autre. En fait, « de tout temps la traduction a permis la communication entre les différentes communautés linguistiques » (De Carlo, M. 2006/1).
Voici quelques publications et commentaires des locuteurs algériens tirés des pages citées supra qui indiquent que les locuteurs algériens sont impressionnés par les langues et leurs usages mais idéalement par ce qu’on a appelé « l’e-mobilité linguistique » :
Image N° 1. Capture d’écran d’une publication qui demande la traduction d’un extrait de l’arabe dialectal en français
Dans cette publication, on remarque que le publicateur essaye d’interpeler les locuteurs algériens en ce qui concerne les langues. On sait très bien que la première langue étrangère utilisée en Algérie et par les Algériens est le français. Donc, on voit dans cette publication une incitation sur l’usage du français et savoir les prérequis, la compétence et le niveau linguistique des usagers algériens en ce qui concerne cette langue. Celui qui a partagé cette publication souhaite également savoir les compétences des locuteurs algériens en ce qui concerne la traduction de l’arabe dialectal algérien de cet extrait tiré d’une chanson de Rai algérienne : « Kifech ykoulou belfrançais : ana bhar alia wantiya ella ? /كيفاش يقولو بلفرونسي انا بحار عليا ونتيا لا » en français.
Or, parfois le passage d’un dialecte à une langue est très difficile que le passage d’une langue à une langue. Donc, pour que cette traduction puisse s’effectuer, le traducteur doit d’abord transformer le dialecte à la langue officielle et nationale que son pays utilise, dans notre cas c’est « l’arabe littéraire », c’est-à-dire il faut passer de l’arabe dialectal algérien à l’arabe littéraire pour pouvoir enfin traduire cette dernière en français. Fort est de signaler que Maddalena De Carlo a indiqué que : « selon Jackobson (1959) le sens d’un mot n’est que sa transposition en un signe (linguistique ou non) qui puisse le remplacer » (ibid).
On a remarqué qu’il y a eu de différents commentaires des gens (locuteurs algériens) qui ont essayé de traduire ce dialecte au français.
Voici quelques images de captures d’écran des commentaires tirés de la même publication :
Dans cette capture d’écran des commentaires des locuteurs algériens, on a observé plusieurs et différentes réponses où ils ont essayé de trouver la traduction de l’extrait cité supra. On remarque qu’une locutrice algérienne a traduit le mot « bĥar/بحار » par « plage » en disant : « Moi plage aliya et toi non ». En effet, cette locutrice a démontré qu’elle a peu de connaissance en français même si elle sait ce que le mot « bĥar » veut dire réellement en arabe mais elle l’a accordé au mot « plage » car en arabe on a aussi le mot « baĥr/بحر » qui est prononcé en arabe dialectal algérien « bĥar ».
Par contre, ce mot n’est pas l’équivalent du mot « plage » en français sinon « mer =بحر ». On voit dans la capture d’écran du commentaire suivant qu’un locuteur algérien a essayé de lui corriger que le mot « bĥar » ne signifie pas « plage » en français mais plutôt « mer ». Donc, on est vraiment dans une « e-mobilité linguistique » qui favorise et facilite l’apprentissage d’une langue et/ou l’articulation et l’usage correct d’une langue.
Par contre, il y a d’autres locuteurs qui figurent dans la capture d’écran des commentaires présentés supra qui ont essayé de traduire ce dialecte en français : « je suis plage moi vous non/جو سوي بلاج موا فووو نن ». Cette traduction est également erronée mais on voit que le locuteur a fait des efforts pour faire connaître ses prérequis et connaissances en langue française. On a toujours eu le sentiment que ce locuteur réfléchit en arabe avant de traduire en français. Il a traduit mot par mot de l’arabe en français en se basant uniquement sur les notions qu’il connait sans savoir si c’est faux ou juste.
En effet, l’écriture était en arabe mais la prononciation en français (c’est une translittération du français en arabe). Par cela, on comprend aussi qu’il existe des locuteurs algériens qui peut-être n’arrivent pas toujours à écrire en français ou alors hésitent à écrire en français (lettres latines) car ils évitent de tomber dans l’erreur d’orthographe qui est le bémol de la majorité des algériens. Par contre, ils font beaucoup d’erreur de syntaxe et de grammaire car ils ont peut-être un manque de vocabulaire ou alors ils n’ont pas du tout l’habitude de parler en français. On considère toujours ça comme interférence linguistique. D’autres ont répliqué en : « moi je m’en fou et toi non » et « ana je m’en fou et toi non ». On peut toujours noter qu’il y a des fautes d’orthographe au niveau du mot « fou » qui doit-être écrit correctement comme « fous ».
C’est vrai que ça paraît anodin comme question de trouver la traduction exacte en français d’un extrait en arabe dialectal algérien mais cela a permis aux gens de partager leurs acquis linguistiques et de s’autocorriger entre eux et aussi faire circuler une langue par le biais d’un réseau social. Trouver la bonne traduction ou pas, ces locuteurs algériens font toujours des efforts en ce qui concerne les langues étrangères.
En outre, les locuteurs algériens n’utilisent pas uniquement le français dans leur publication et leur commentaire. Il est important de signaler donc qu’il existe aussi un autre défi linguistique où un administrateur de la page Facebook « Etudiant Dz » a demandé aux usagers algériens de traduire l’extrait de l’hymne national algérien « wa akadna alazma an tahya eljazair/وعقدنا العزم ان تحيا الجزائر » en anglais. Voici une capture d’écran qui le démontre :
Dans cette publication, on voit que l’auteur incite les usagers algériens de Facebook de se manifester en traduisant l’extrait en anglais. En effet, les algériens ont comme première langue étrangère le français mais l’anglais est considéré comme la deuxième langue étrangère utilisée par certains locuteurs dans leur parler et dans leur communication. Donc, là, le locuteur algérien doit directement traduire de l’arabe littéraire à l’anglais (le passage d’une langue à une langue). Mais, on remarque qu’il a utilisé le mot « english » en anglais au lieu d’« anglais » qui est en français. Cet usage indique que celui qui va donner une réponse doit la donner en anglais uniquement et non pas en une autre langue.
Dans ce qui suit, on vous présente les différentes réponses présentées dans des commentaires :
On remarque donc qu’il y a des locuteurs qui n’ont pas su traduire en anglais en se contentant de le dire uniquement en arabe mais d’autres ont fait des efforts de traduire en anglais comme : « Then, we are resoleved that Algeria should long live ». Cette locutrice a ou bien fait recours à un traducteur en ligne pour pouvoir répondre ou bien elle fait déjà des études en anglais et donc elle a des prérequis et des connaissances en ce qui concerne cette langue. L’important ici est d’être sûr et certain que cette locutrice a appris quelque chose de nouveau en anglais et a fait partager ce qu’elle a appris avec ces interlocuteurs à travers un commentaire. Donc, celui qui va lire sa réponse et qui ne connait pas la traduction réelle de cet extrait, il va l’apprendre avec cet échange en ligne sous forme d’une « e-mobilité linguistique ». À cet effet, le rôle de cette technique ou méthode qui favorise le partage linguistique et d’encourager l’usage des langues et pourquoi pas la facilité d’apprentissage et d’acquisition de nouvelles langues.
Dans cette capture d’écran qui présente d’autres commentaires des locuteurs, on voit d’autres réponses de traduction : « we are determined that Algeria will live » et « we determined that Algeria will survive ». Plusieurs interprétations ont été données pour un seul et même extrait en arabe. Cela va inciter les locuteurs à mener une recherche et trouver la bonne et la correcte traduction et cela va leur permettre également à apprendre facilement.
Dans cette partie du commentaire, on voit parfaitement que cette locutrice algérienne a donné une traduction en anglais d’un autre morceau de l’hymne national algérien : « we swear be the lightning that destroy…by the stram of generous blood bein chaid » pour « kassaman binnazilat elmaĥikat....waddimae ezzakiyat ettahirat/قسما بالنازلات الماحقات والدماء الزاكيات الطاهرات » et « So be ware whiteness, be ware whiteness, be ware whiteness » pour « fachhadou, fachhadou, fachhadou/فاشهدوا فاشهدوا فاشهدوا ».
Cette locutrice a bien indiqué à la fin qu’elle l’apprenait par cœur en anglais mais c’est tout ce qu’elle se rappelle. On peut déduire que la locutrice a essayé de partager une autre chose différente de ce qu’il était demandé par l’administrateur pour, premièrement, démontrer ses compétences linguistiques en anglais et deuxièmement partager ces acquis linguistiques avec d’autres personnes. Donc, il y a réellement cette e-mobilité linguistique dans cette partie de commentaire.
Les locuteurs algériens sont connus par leurs différentes cultures qui font naitre plusieurs langues et dialectes utilisées en Algérie. On remarque dans ce commentaire et dans la même publication l’usage de « l’amazigh » par un locuteur algérien : « Jegren s ddint t-ta3rabt tamurt n lezzayer… ». Le locuteur a démontré qu’il est berbérophone et donc il a préféré de l’interpréter en amazigh au lieu l’anglais, cela explique aussi qu’il utilise uniquement sa langue maternelle « l’amazigh » pour se démarquer et mettre le point sur son amazighité.
D’autres formes peuvent être utilisées pour faire circuler une langue en passant par « Facebook » ou autre réseau social. La traduction n’est pas le seul et unique moyen qui favorise l’existence de l’e-mobilité linguistique. Il appert que certains usagers algériens cassent leur temps sur Facebook, parfois quand ils ne trouvent pas un sujet sur lequel ils parlent et discutent, ils partagent des publications dans lesquelles ils demandent à ceux qui les suivent sur leurs pages de commenter en langue et une autre personne lui répond en la même langue ou une autre et ça se continue sans limite. Le but de cette initiative est de savoir les langues que les locuteurs algériens pratiquent, maitrisent et utilisent. Mais aussi, ils donnent l’opportunité aux d’autres locuteurs de connaitre et d’apprendre la langue de l’autre.
Voici une capture d’écran d’une publication dans laquelle une personne demande de dire un mot ou une expression en langue étrangère maitrisée et les autres leur répondent en la même langue ou une autre :
Pour bien démontrer que les personnes visées sont des locuteurs algériens, l’auteur de cette publication a utilisé l’arabe dialectal algérien puisque c’est la langue commune entre la majorité des algériens. Son objectif est clair. Cette personne-là souhaite apprendre une nouvelle langue à travers les commentaires des gens.
Ces commentaires expliquent bien que les locuteurs algériens ont de fortes compétences linguistiques vis-à-vis les langues étrangères. L’usage de l’anglais parait aussi bien comme la langue préférée de ces locuteurs. En effet, on remarque qu’il y a une « e-mobilité linguistique » car dans le premier commentaire le locuteur a dit : « Good morning » et l’autre lui a répondu : « good afternoon ». Cela explique deux choses : ou bien le premier s’est tromper et le deuxième lui a corrigé car ils étaient dans l’après-midi, ou alors le deuxième a essayé de montrer au premier locuteur qu’il a des connaissances en anglais et il a essayé de se monter par l’expression « good afternoon ».
L’e-mobilité linguistique se voit parfaitement dans cette capture d’écran où il y a l’usage des langues par les locuteurs algériens qui font circuler leurs connaissances et compétences linguistiques en communiquant par des phrases en commentaires en langues étrangères. En effet, l’outil « voir la traduction » qui se trouve au-dessous de chaque commentaire qui n’est pas en français facilite aux usagers de lire et comprendre le message et pouvoir aussi échanger en langue(s) qu’ils connaissent. Par exemple, une locutrice a engagé la discussion en disant : « Hallo zusammen ». Cette expression est en langue allemande qui signifie en français « bonjour tout le monde ». Donc, une autre locutrice lui a répondu par : « Hola como estas ? Yo puedo hablar espanol y frances. y tu ? ». Cette réponse nous a démontré que grâce à la traduction directe en ligne, la locutrice algérienne a pu comprendre ce qu’elle voulait dire et elle lui a répondu en langue espagnole pour lui démontrer aussi qu’elle sait parler en cette langue. De cette petite expérience, on peut déduire que les deux locutrices ont partagé les langues entre elles et ont aussi appris quelques choses nouvelles.
5. Les conséquences linguistiques naissantes de l’« e-mobilité linguistique »
Notre étude comporte spécialement sur la réalité d’existence de l’e-mobilité linguistique mais on va quand même parler sur ses conséquences linguistiques très brièvement.
Les usages linguistiques effectués par les locuteurs algériens expliquent bien que l’e-mobilité linguistique peut aussi contribuer à des conséquences linguistiques comme : l’interférence, l’alternance codique, l’emprunt, l’hybridation, etc. En effet, le locuteur algérien même s’il communique avec une personne algérienne ou étrangère, il fait toujours recours à l’alternance codique ou l’emprunt puisque cela est inné. Ces pratiques langagières font aussi partie d’une e-mobilité linguistique.
Le hic c’est que la personne qui ne connait pas la langue de l’autre et que l’autre se trompe à l’écriture ou à la syntaxe (chose qui peut arriver à n’importe qui) va croire que le mot ou l’expression que son interlocuteur a utilisé est correcte alors qu’elle est, peut-être, fausse et donc il va l’utiliser de manière erronée.
On a évoqué dans le titre précédent « l’interférence linguistique ». En effet, ce phénomène est le plus souvent détecté dans les usages des algériens. La non-connaissance d’une langue étrangère ou alors la mauvaise acquisition de cette langue provoque l’erreur linguistique et elle se voit à l’oral comme à l’écrit. De ce fait, il faut toujours avoir connaissance que « les paroles s’envolent, les écrits restent », ancienne expression latine d’Horace (Bobutaka, B. 2018). En effet, commettre une faute à l’oral c’est moins lourd qu’à l’écrit : si une personne commet une faute à l’oral, ça peut passer et elle peut se corriger et se rattraper mais si elle la fait à l’écrit, on va lui juger sur l’erreur qu’elle a faite car l’écrit reste prescrit et peut aussi évaluer le niveau de la personne émettrice de cette langue.
Le mélange et le changement de codes n’est pas du tout évitable car on trouve dans chaque usage linguistique effectué par un locuteur algérien, l’usage du français et l’arabe à la fois ou l’anglais :
« L’alternance codique est faite donc généralement entre ces deux langues : arabe dialectal et français, cette dernière est utilisée en différentes formes. Mais, dans certains cas, cet usage peut se faire également avec une autre langue étrangère hors que le français » (Bedia, N. 2022).
En réalité, ce changement et mélange entre les langues est naturel et habituel car l’algérien vit dans une société qui a une histoire culturelle linguistique très riche et complexe.
Donc, l’e-mobilité linguistique fait preuve d’un réel partage linguistique et une forte communication entre les locuteurs algériens mais aussi elle ne s’échappe pas des conséquences qui peuvent faire naitre, peut-être, d’autres phénomènes linguistiques.
Conclusion
La transmission des langues est caractérisée en plusieurs et différentes méthodes que l’être humain développe pour faciliter la communication et l’échange linguistique. En effet, la mobilité des personnes est l’une de ces méthodes. Mais, la progression et le développement des différentes technologies jouent un rôle très important dans la diffusion et la transmission des langues.
Cette mobilité qui a contribué également à la mobilité des langues ou linguistique a facilité le partage et l’usage des langues entre et par les locuteurs du même pays voire un pays étranger. Ce qu’on a pu déduire de l’étude qu’on a faite supra c’est que la mobilité peut se faire même par voie électronique ou en ligne d’où vient également la mobilité linguistique électronique naissante des échanges communicatifs linguistiques que font les usagers de tous les médias.
L’« e-mobilité linguistique » reste, à fortiori, toujours une meilleure technique pour que les usagers des réseaux sociaux apprennent de nouvelles langues en les faisant circuler dans les commentaires par exemple car l’apprentissage d’une langue et son usage ne sont pas définis uniquement à leur transmission à l’oral mais ils peuvent s’effectuer à l’écrit aussi.
Pour conclure, on peut dire que l’e-mobilité linguistique existe réellement et parfois les locuteurs le font recours sans qu’ils se rendent compte car personne n’empêche ou prive l’autre à utiliser les langues dans une communication par commentaire ou autre sur un réseau social.
Résumé
L’usage des langues en Algérie reste toujours une question de cultures et d’identité. La présence de différentes langues dans ce pays a construit un statut de plurilinguisme et de diversité linguistique. Dans nos jours et dans cette ère de développement technologique, l’usage des langues s’observe très fortement chez les locuteurs algériens dans leurs communications et échanges surtout dans les “réseaux sociaux” qui sont des moyens qui lient entre le monde entier. Le phénomène de la mobilité a donné donc naissance à une “e-mobilité linguistique”.
Mots clés
Communication, e-mobilité linguistique, partage linguistique, locuteur(s) algérien(s), traduction
Abstract
The use of languages in Algeria is still a question of culture and identity. The presence of different languages in this country has built a status of multilingualism and linguistic diversity. In our days and in this era of technological development, the use of languages is very strongly observed among Algerian speakers in their communications and exchanges especially in the « social networks » which are means that link the whole world. The phenomenon of mobility has thus given birth to a « linguistic e-mobility ».
Keywords
Communication, linguistic e-mobility, language sharing, Algerian speaker(s), translation
مستخلص
إن استخدام اللغات في الجزائر هو دائمًا مسألة ثقافات وهوية. أدى وجود لغات مختلفة في هذا البلد إلى بناء حالة التعددية اللغوية والتنوع اللغوي. في الوقت الحاضر وفي عصر التطور التكنولوجي هذا ، لوحظ استخدام اللغات بشدة بين المتحدثين الجزائريين في اتصالاتهم وتبادلهم ، وخاصة في « الشبكات الاجتماعية » التي هي وسائل تربط العالم كله. ولذلك أدت ظاهرة التنقل إلى ظهور « التنقل الإلكتروني اللغوي ».كلمات مفتاحيّة
تواصل ، تنقل إلكتروني لغوي ، مشاركة لغوية ، متحدث (متحدثون) جزائريون ، ترجمة