Les différentes formes de l’exil dans Désert de J.M.G. Le Clézio

Radji Fatima

p. 55-66

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Radji Fatima, « Les différentes formes de l’exil dans Désert de J.M.G. Le Clézio », Aleph, Vol. 3 (1) | 2016, 55-66.

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Radji Fatima, « Les différentes formes de l’exil dans Désert de J.M.G. Le Clézio », Aleph [En ligne], Vol. 3 (1) | 2016, mis en ligne le 25 décembre 2016, consulté le 21 novembre 2024. URL : https://aleph.edinum.org/673

L’exil, qui consiste à l’abandon d’un lieu pour un être humain, se révèle comme perte de l’origine. Cette détermination a priori négative n’atteint pas seulement le physique (le corps), mais aussi le psychique (la conscience) dont est dévoilée la structure ontologique fondamentale. Le psychique se manifeste en effet comme faculté de se lancer au-delà de son lieu propre. Pour vivre, il doit s’exiler. Mais puisque le concept d’exil est binaire : exil extérieur / exil intérieur, il appert que l’exil de la conscience annonce également une série d’attitudes subjectives. Dont la majorité est négatives : mélancolie, nostalgie, mal du pays, solitude, déréliction et aliénation.

In this article we wonder to prove and show about nover « Désert » of the J.M.C Le Clezio that the exile concept is binary (external exile/internal exile). With a certain evidence, it results that the psychological exile reveals a series of subjective attitudes where most of them are negative.

دراسة رواية «  الصحراء  » لليكليزيو تبين ازدواجية المنفى كمفهوم أي هناك تغرب شعوري واغتراب ينبثق عنهما مجموعة من الصفات الذاتية معظمها سلبية : الكآبة – الحنين الى الوطن – الوحدة – الهذيان – الاستلاب ..... الخ .

Introduction

Quitter son pays, partir pour vivre ailleurs, c’est changer de monde. On entend par « monde » un environnement au sens banal, mais aussi une façon d’être en relation avec ce qui nous entoure. Cette manière d’être se comprend à partir d’un langage, d’une langue maternelle, d’un sol, d’une terre, d’un climat. Voilà ce qui manque à tous les exilés, voilà ce qu’ils pleurent. Il y a encore la famille, les amis et le sentiment d’appartenir à un groupe, d’être reconnu, accepté et compris.

Dès l’arrivée dans l’espace étranger, les exilés constatent que la terre tant convoitée ne ressemble pas du tout à leurs attentes. Il y a un grand décalage entre leurs rêves et le « monde » réel. Ce sont alors le regret d’être parti, les reproches, les pourquoi qui s’emparent d’eux et qui font disloquer leur vie intérieure.

Désorientés, déçus, ils affichent un comportement bizarre, des troubles de toute sorte, des états dépressifs, des débordements d’angoisse ou des expériences de dépersonnalisation. Nous observons une véritable psychopathologie de l’exil. Dans tous les cas, l’exil s’avère être une épreuve, la cause de tant de maladies que nous pourrions nommer génériquement les maladies de l’exil.

Jean Marie Gustave Le Clézio décrit toutes les maladies de l’exil dans son roman Désert, où il dénonce le mauvais traitement des immigrés, il décrit leur place dans la société d’aujourd’hui : ils vivent dans des cités insalubres à l’écart de la société et doivent travailler dans des conditions insupportables pour gagner un salaire misérable. Le Clézio les compare également à des « fantômes », car ils sont inaperçus par la société. L’écrivain manifeste un réel don de sympathie pour tous ces exilés et illustre son choix éthique d’« écrire pour la gloire des vaincus et non pour le profit des vainqueurs ». (Bree Germaine 1990 : 110).

Désert, cette œuvre originale en forme de diptyque a reçu le grand prix Paul Morand de l’Académie française en 1980. Ce roman développe deux récits parallèles, l’histoire collective des nomades et l’histoire individuelle de Lalla, Désert foisonne des représentations émotionnelles motivées par deux exils à savoir : extérieur et intérieur. L’écrivain dépeint en détail la vie psychique de Lalla Hawa qui arrive en terre d’asile avec un « héritage » impressionnant d’affections physiques et psychiques. Elle peut être considérée comme étant le cas idéal pour l’étude de toutes les maladies de l’exil. Le travail que nous proposons tente de répondre à la question suivante : quelles sont les maladies qu’éprouve un exilé coupé de ses racines ?

Avançant l’hypothèse que les maladies spécifiques de l’exil seraient la solitude et l’étrangeté, comme affection indéfinie, il faudra voir de quelle manière et à quel degré en souffre Lalla, le personnage principal du deuxième récit.

Comme la solitude désigne un drame vécu au quotidien, depuis la nuit du départ en exil jusqu’au jour rêvé du retour au paradis perdu, nous allons identifier et analyser les aspects de cet état. Il faudra voir aussi le rapport qui s’établit entre les deux formes de la solitude (morale et foncière) et les deux acceptions de l’exil. Peut-elle guérir de ces formes légères de maladies ou vont-elles dégénérer en d’autres beaucoup plus graves ? En d’autres termes, nous avons choisi d’examiner les phases significatives de l’exil extérieur, à savoir le paradis perdu, l’étrangeté et l’exil intérieur que l’écrivain illustre le mieux.

Mais avant de passer au statut littéraire de l’exil, nous allons recenser les différents sens du terme de l’exil.

Edward Saïd, l’éminent écrivain et critique littéraire ayant lui-même vécu l’exil, le définit dans les termes suivants : « L’exil, c’est la fissure à jamais creusée entre l’être humain et sa terre natale, entre l’individu et son vrai foyer, et la tristesse qu’il implique n’est pas surmontable. » (Edward Said 2000 : 245).

Alors que Jacqueline Arnaud avance la définition suivante de l’exil :

« L’exil, au sens premier, est un état de fait, l’expulsion de sa patrie par une violence politique, et par extension, l’éloignement forcé, ou choisi comme pis aller, quand on ne se sent pas chez soi dans son pays. Entre les deux acceptions, pour le migrant (au sens large du terme), des différences de degré rendent compte du type de violence qui a provoqué l’exil. Il existe un exil intérieur qui peut aller jusqu’à l’aliénation. » (Arnaud Jacqueline 1986 : 65.)

Qu’il s’agisse de sa forme extérieure ou intérieure, l’exil signifie toujours une rupture ou une perturbation des relations avec le pays d’origine en même temps que la naissance et le développement de relations avec le pays d’accueil.

En outre, la réflexion critique de l’exil établit une typologie fondamentale binaire : exil extérieur, proprement dit et exil intérieur. Nous nous proposons de montrer à travers cet article que la notion d’exil a deux acceptions, en distinguant l’exil intérieur de l’exil extérieur. Vécus par la protagoniste : Lalla Hawa.

L’exil intérieur comme forme d’exil 

La vie de tout exilé se trouve sous le signe de la négation. Il a une patrie, une famille, des amis, mais il n’a rien et il n’est personne. Il n’est jamais bon pour correspondre aux exigences de sa société où il a vécu, il est mal installé, il n’a ni projets ni idéaux. Il se sent vide, incapable de conférer un sens à son existence et de surmonter sa condition. Nous remarquerons dans ce cas, la notion d’exil intérieur que nous définissons comme la situation d’une personne qui, pour quelque raison, vit l’exclusion dans sa propre communauté.

En effet, l’exil intérieur se manifeste chez Lalla dès le début de l’histoire et même dès sa naissance, marquée par la solitude, elle est d’abord orpheline ; son père est mort avant sa naissance, sa mère peu après. Elle se trouve, de plus, exilée. Sa tante paternelle AMMA, en la recueillant, l’a emmenée vers la Cité où elles vivent coupées de leur espace et de leur tribu.

Amma n’est qu’un piètre substitut de la mère, même si elle raconte des histoires, elle contribue à transmettre des traditions. Quand elle veut la marier de force à l’homme au complet gris vert, Lalla « découvre pour la première fois ce qu’il y a de mensonge en elle ». (Désert : 193). Lalla est donc coupée de toute communauté même réduite ; elle erre seule, sur les dunes et sur la plage.

Lalla est heureuse et libre, la vie dans les dunes, la nature, l’amitié de Naman le pêcheur, elle est intégrée à une société, un milieu, celui de la cité, l’héroïne partage les rythmes de la vie donc elle se trouve insérée dans une communauté.

Par ailleurs, Lalla n’est pas profondément intégrée dans la société, elle n’adhère qu’à ses valeurs religieuses idéalisées. Elle ne s’intéresse ni à l’argent ni aux biens matériels, elle ne se plie pas à la règle du mariage arrangé et imposé et elle ne partage pas les préjugés.

Elle n’est donc que superficiellement intégrée à cette société. Elle conserve intacte sa liberté de fille du désert, semblable à ses ancêtres les hommes bleus. Les temps de solitude, au bord de la mer ou sur le plateau de pierres, dominent largement dans la vie de la jeune fille.

De tous les personnages de Désert, c’est elle qui éprouve le plus fort sentiment de solitude, lié à l’isolement, elle se sent aussi absente dans le monde réel.

À ce sujet Lya Tourn explique l’absence de la réalité, elle écrit : « L’exilé n’est pas présent à l’espace qu’il habite dans la réalité » (Tourn Lya 1997 : 110) ; il vit comme portant la marque de l’absence de la réalité.

Lalla incarne en un seul personnage toutes les maladies de l’exil, elle éprouve un sentiment de ne pas appartenir à une communauté ce qui engendre chez la jeune adolescente une appréhension qui la conduit inévitablement à se protéger en sanctionnant cette société, qui lui témoigne de la haine et du mépris. Victime de son inadaptation à tout ce qui représente, les préjugés du mariage arrangé et l’obéissance absolue au patron, la jeune adolescente opte pour la révolte en devenant agressive, malgré elle.

Son état fait référence à l’exil intérieur où l’exilé, condamné par l’entourage et accompagné d’une dépréciation de soi-même. Malgré tout, sa situation empire énormément quand il se retire dans son monde intérieur. La comparaison avec l’antenne de l’escargot qui, au moindre danger se retire dans sa coquille nous semble très suggestive dans ce contexte nous dit R. Jaccard et il affirme aussi « l’homme cherche lui aussi un abri protecteur devant un obstacle qu’il redoute ». (Jaccard Roland 1975 : 29). Si tout exil est une fuite, un changement de lieu, celui intérieur l’est aussi ; cette forme d’exil est une attitude de repli sur soi, un isolement des événements de son peuple, de l’Histoire de la société matricielle ou de celle du pays adoptif. L’exil intérieur n’implique pas le tragique de la perte identitaire, mais le dramatisme d’une existence où la conscience se sauve en fuyant l’Histoire et en exacerbant la conscience de soi.

Il s’agit d’un exil intérieur où une épreuve choisie est infligée par le destin, mettant l’exilé face à lui-même et à la souffrance de l’exil qui correspond à l’idée de Claude Drevet :

« Mais qui peut oublier les malheurs de l’exil intérieur ? C’est une forme d’exil plus subtil, moins saisissable. Elle atteint les consciences singulières, comme les fractions de communauté : elle pousse à vivre loin des autres, à l’écart de la majorité, mais aussi dans le rêve personnel. Dans cet exemple extrême, la fuite n’est pas un changement de lieu, mais un changement d’être : ou, pour parler un langage atroce, une fuite hors de soi. » (Drevet Claude 1996 : 215).

Dans le roman Désert nous pouvons distinguer deux parties qui correspondent à l’exil intérieur (Le Bonheur) et à l’exil extérieur (La vie chez les esclaves) de l’héroïne. Comme les deux titres pourraient déjà le suggérer, nous pouvons y identifier les deux facettes de la solitude. Dans Le Bonheur, Lalla vit au Maroc, elle semble se réjouir de la liberté, dans l’immensité du désert et au bord de la mer, mais elle est toujours seule, elle n’arrive pas à s’intégrer dans la société (solitude morale), condamnée par sa communauté d’appartenance, elle se réfugie dans son monde intérieur.

L’exil intérieur peut être vécu même dans le pays natal, mais dans la majorité des situations, il accompagne l’exil physique. C’est justement le cas de Lalla dans « la vie chez les esclaves ». En effet, la conscience de Lalla comme celle de tout être moderne ne peut pas coïncider avec le Réel, elle reste divisée entre le « moi » et l’« autre » sans aucune chance de former une unité. L’unité du sujet s’est disloquée en même temps que l’unité de l’histoire mondiale.

Si l’expérience de l’héroïne se résume à la solitude morale, l’incommunicabilité, l’ennui, le dégoût et le malaise, les mots essentiels de sa détresse subie et acceptée, nous pouvons certainement la classer parmi les malades de la modernité. Indifférente, détachée, troublée, désorientée, Lalla éprouve une tension intérieure qui jette son être hors de soi. C’est le malaise qui étreint le Moi et l’isole ; c’est là que se résume son exil intérieur.

L’exil extérieur et le retour aux origines

Lalla émigre chez les esclaves et il semble que la solitude de l’héroïne devienne tragique en France. À Marseille, elle mène une vie en marge, aux côtés d’autres immigrants venus des quatre coins du monde en proie à « la plus haute des solitudes »1. Elle ne trouve presque personne à qui parler, à qui offrir son affection ; ce n’est que très rarement qu’elle s’arrête pour parler aux mendiants, car ils ne sont jamais crédités d’un regard ou d’un geste d’attention. Dans l’hôtel Sainte Blanche et à la gare Saint Charles, la jeune fille observe la détresse matérielle, affective et spirituelle des exilés qui sont victimes d’une vie ne ressemblant pas à leurs rêves.

Son expérience à Marseille ressemble à une descente aux enfers ; le jour et surtout la nuit, elle erre toute seule à travers la ville « comme si elle descendait sans fin à travers tous les degrés de l’enfer, sans jamais rencontrer de fond, sans s’arrêter. » (Désert : 314), cette errance nocturne dans la ville et au cours de laquelle lui sont révélés tous les maux de ce monde terrible et vide.

La solitude de l’adolescente dans la nuit à Marseille n’est pas sans rappeler les propos de Nicolas Grimaldi sur la solitude qui :

« serait un malheur de la conscience puisque l’homme se sent exister dans l’état de solitude et toujours dans cette situation, il sent plus que jamais l’inconsistance et le peu de réalité de notre existence ». (Grimaldi Nocolas 2003 : 8).

On peut se sentir seul même au milieu d’une foule qui reste indifférente à notre personne comme si on n’existait pas. N. Berdiaeff, le philosophe russe affirme aussi à propos de la solitude et l’isolement, que « le moi veut surmonter ce tragique, mais en même temps il ne cesse d’en éprouver l’impossibilité ». (Berdiaeff Nicolas 1936 : 101). Dans la ville, Lalla éprouve un sentiment de solitude, d’inattention, d’indifférence aux autres qui définissent le comportement des citadins.

Elle a de la chance de se lier d’amitié avec un autre enfant malheureux, le petit gitan Radicz, dont le destin ressemble beaucoup à celui de la jeune fille, car sa solitude provient surtout de son état d’orphelin. Il n’est pas immigrant comme Lalla, mais un apatride, un statut qui accentue sa solitude. Il déteste la solitude, ainsi se réjouit-il de l’amitié de Lalla, mais la disparition de Radicz qui meurt écrasé par un bus, tandis qu’il s’échappait à la police, met fin à l’exil extérieur de Lalla qui est prête à rentrer au désert.

La jeune femme ne trouve rien en contrepartie à sa solitude foncière ; ni l’argent ni le succès ne peuvent la retenir dans le monde occidental qui devient pour elle une illusion. La lumière et la liberté du désert l’emportent sur tout élément de civilisation, aussi quitte-t-elle le photographe qui l’emmène à Paris, sans lui laisser d’autres messages qu’un petit signe magique, marque identitaire de sa tribu. Il semble important de remarquer que la jeune fille résiste peut-être au monde moderne grâce à l’enfant qu’elle porte. C’est ce qui la fait retourner au désert pour le mettre au monde et pour échapper à l’anéantissement.

Au moment où, à Marseille, se présentent la gloire et le succès, Lalla revient au Maroc et retrouve les grands espaces de son enfance (le désert et la mer), pour donner la vie à son enfant dans des conditions qui renouvellent sa propre naissance.

Dans ce retour au pays d’origine qui devient un pays d’accueil, Lalla a vaincu toutes les formes de l’exil, certes, elle a réuni dans son parcours dysphorique toutes les maladies de l’exil. Cependant elle ne devient pas un véritable cas pour illustrer la psychopathologie de l’exil. Avec son retour, les paroles prophétiques du vieux pêcheur deviennent réalité, Naman l’avait prédit à Lalla « Toi, tu iras. Tu verras toutes ces villes, et puis tu reviendras ici, comme moi » (Désert : 104). La naissance de son enfant est un symbole de vie, il renoue avec le passé et constitue une nouvelle vie du désert.

Nous rejoignons ainsi Marina Salles qui affirme que

« Quant à la petite fille (…) incarne le triomphe des forces de vie sur les morts de l’histoire, sur la stérilité du désert et ce rêve, souvent présent à la fin des livres de Le Clézio, d’un monde nouveau, apaisé, requalifié par de hautes exigences spirituelles, mais qui aurait aussi réinventé la douceur. » (Salles Marina 1999 : 59).

Par l’enfantement et le retour au temps et à l’espace originel, le parcours de Lalla refait d’une certaine manière celui de ses ancêtres les hommes bleus ; si celui-là a fini par la mort et par le désastre, celui de Lalla contient un brin d’espoir.

Conclusion

Le deuxième récit du Désert s’articule au tour de la thématique de l’exil intérieur, exil extérieur, l’errance, le voyage et la quête du personnage. Lalla qui est dans une posture passive d’exilé. Sujet sans histoire, sans statut, elle est exilée de son exil, étrangère à son étrangeté et elle ne veut rien savoir. Elle est une victime innocente d’une perte de son existence. Elle vit son déplacement comme une descente en enfer, une chute infinie sans atterrir quelque part.

Tout au long du récit, le Clézio insiste sur l’état de solitude de l’héroïne dans deux segments temporel et spatial : avant le départ en France, dans le pays d’origine (le désert) et après l’arrivée dans le pays d’accueil, il fait de son personnage une vraie fille du désert. Ainsi L’accent portera plus sur le côté dramatique et douloureux de l’exil, évoqué par l’écrivain que sur ses apports positifs.

En effet, ce récit nous semble représenter la mise en scène romanesque du paradigme de l’exil tel que le définit l’anthropologue Nadia MOHIA à propos de l’exil berbère :

« l’exilé est d’un autre monde, par lui inventé, pour se remettre de celui dont il a été rejeté comme de celui qui l’accueille, mais dans lequel jamais il ne parviendra à se retrouver pleinement. » (Mohia Nadia 1999 : 2).

L’importance de l’exil réside dans la prise de conscience douloureuse d’une rupture spatiale et temporelle, dans la déploration d’une perte et d’un déchirement, dans l’impossibilité de coexister un ici et un ailleurs, un passé et un présent ; incertitude entre deux espaces, deux moments, d’une double absence à soi-même et un double exil.

Les traces de ce double exil à savoir ; extérieur et intérieur sont repérables dans les deux formes de solitude morale et foncière et l’indifférence et dans le refus du réel, décalage, étrangeté et marginalisation. Ce sont alors la mémoire et le retour d’exil qui vont tenter de combler le fossé, d’effacer la séparation, de greffer sur la douleur une réappropriation.

1 Nous pouvons, pour nous représenter cette situation lire entre autres Les immigrés de Tahar Ben jelloun , publié à Paris, au Seuil en 1977.

Bibliographie

Arnaud, Jacqueline. 1986. La littérature maghrébine de langue française. Publi sud. Paris.

Berdiaeff, Nicolas. 1936. Cinq méditations sur l’existence. Montaigne. Paris.

Bree, Germaine. 1990. Le monde fabuleux de Le Clézio. Rodopi. Amsterdam.

Drevet, Claude. s. d. « L’exil intérieur ». In L’exil, Klincksieck. Paris: Alain Niderst.

Edward, Said. 2000. Reflexions on exile. Harvard University Press, 2000. Cambridge, Massachusetts.

Grimaldi, Nicolas. 2003. Traité des solitudes. PUF. Paris.

Jaccard, Roland. 1975. L’exil intérieur. Schizoïdie et civilisation. PUF. Perspectives critiques. Paris.

Lya, Tourn. 1997. Travail de l’exil, deuil, déracinement, identité expatriée. Septentrion. Paris.

Moha, Nadia. 1999. De l’exil, zehra, une femme kabyle. Un essai d’anthropologie. Georg éditition. Médecine et hygiène. Paris.

Salles, marina. 1999. étude sur Le Clézio,Désert. Ellipses. Paris.

1 Nous pouvons, pour nous représenter cette situation lire entre autres Les immigrés de Tahar Ben jelloun , publié à Paris, au Seuil en 1977.

Radji Fatima

Maître assistante « A ». Université de Saida

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