Aselmad /almad n umawal n tmaziɣt deg uɣerbaz alemmas:kra n yisummar isensegmiyen

Enseignement/apprentissage du lexique amazigh au collège : quelques propositions didactiques

تدريس / تعلم المعجم الأمازيغي في المرحلة الإعدادية : بعض المقترحات التعليمي

Teaching / learning the Amazigh lexicon in middle school: some didactic proposals

Naima HAMDI

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بحث إلكتروني

Naima HAMDI, « Aselmad /almad n umawal n tmaziɣt deg uɣerbaz alemmas:kra n yisummar isensegmiyen », Aleph [على الإنترنت], 9 (1) | 2022, نشر في الإنترنت 23 avril 2022, تاريخ الاطلاع 19 avril 2024. URL : https://aleph.edinum.org/5661

Cet article synthétise quelques éléments de notre thèse consacrée au rôle de la maîtrise du lexique dans les productions écrites des élèves. Dans cet article, nous nous cherchons à cerner la place accordée au lexique dans les documents officiels de tamazight.
Nous exposerons les méthodologies sous-tendant l’enseignement/apprentissage du lexique à travers l’analyse du programme, du document d’accompagnement et du manuel scolaire. Nous nous appuyons sur un corpus d’étude qui comprend les activités lexicales proposées dans le manuel scolaire, les instructions données dans le programme et le document d’accompagnement. Nous évaluons aussi les aspects novateurs que présentent les derniers textes officiels qui viennent de paraitre. Notre analyse aura pour objet la place du lexique dans ces documents

تلخص هذه المقالة بعض عناصر أطروحتنا المخصصة لدور إتقان المعجم في الإنتاجات المكتوبة للتلاميذ. نسعى في هذا المقال إلى تحديد المكانة المعطاة للمعجم في الوثائق الرسمية للأمازيغية.
سوف نقدم المنهجيات التي يقوم عليها تدريس / تعلم المعجم من خلال تحليل البرنامج والوثيقة المصاحبة والكتاب المدرسي. نحن نعتمد على مجموعة من الدراسة التي تتضمن الأنشطة المعجمية المقترحة في الكتاب المدرسي، والتعليمات الواردة في البرنامج والوثيقة المصاحبة. نقوم أيضًا بتقييم الجوانب المبتكرة التي قدمتها أحدث النصوص الرسمية التي تم نشرها للتو. سيركز تحليلنا على مكان المعجم في هذه الوثائق

This paper synthesizes some elements of our thesis devoted to the role of mastering the lexicon in the students’ written productions. In this article, we seek to identify the place given to the lexicon in official tamazight documents. We will expose the methodologies underlying the teaching / learning of the lexicon through the analysis of the program, the accompanying document and the textbook. We rely on a body of study which includes the lexical activities proposed in the textbook, the instructions given in the program and the accompanying document. We also evaluate the innovative aspects presented by the latest official texts which have just appeared. Our analysis will focus on the place of the lexicon in these documents

Agzul

Leqdic-a yewwi-d γefkra n yiferdisen yerzan tazrwt-nneγ n Duktura i d-yewwin γef tixutert n uselmed n umawal deg ufares s tira. Deg umagrad-a, ad d-neksen adeg i yettunefken i umawal deg warraten unsiben n tmaziγt
Deg tazwara, ad d-nessisen tisnarrayin yettusumren i uselmed n umawal s tesledt n warraten unsiben : ahil, arrat n useddu d udlisfus.Ammud-nneɣ ibed ɣef yirmad n umawal i d-yettwasumren deg udlsifus d yiwellihen i d-yewwin ɣef umawal deg wahil d warrat n useddu. Akken daɣen ad nwali amaynut id-wwin warraten-a. Iswin tesledt-a d asken n wadeg n umawal deg warraten unsiben n tmaziɣt

Awalen igejdanen

amawal, aselmed, tazmert tamawalant, anekmar s tzemmar, tinsiwalt

Introduction

À partir de 2002, la langue amazighe bénéficie des apports de l’approche par compétences, les enseignants disposent pour la première fois depuis l’introduction de tamazight dans le système éducatif d’un programme et d’un manuel officiel. Dès lors, tamazight devient une langue enseignée avec un programme officiel. Son enseignement s’organise autour des projets pédagogiques divisés en séquences didactiques, visant à leur tour le développement des compétences des apprenants. Cela a pour conséquence de créer de réelles situations de communication qui serviront de base aux apprentissages, comme l’indique le programme de la 4AM du cycle moyen

« L’objectif que se fixe ce programme est de rendre les élèves capables de s’exprimer à l’oral et à l’écrit, dans les principales formes de discours, à savoir : la narration, la description, l’explication et l’argumentation ».1

Puisque l’apprentissage du lexique est indissociable de tout apprentissage d’une langue, les leçons de lexique se présentent donc dans le cadre d’un projet, selon une progression logique et cohérente avec les autres activités linguistiques, selon une démarche pédagogique facilitant l’apprentissage de cette composante de la langue dont l’objectif est de « réinvestir le lexique acquis en classe (…) et à la communication orale »2

L’un des principes fondamentaux de l’enseignement apprentissage de la langue amazighe au collège est le développement et l’acquisition de la compétence lexicale dans l’objectif est de favoriser l’usage du vocabulaire appris en dehors du cadre scolaire. L’enseignement du lexique est donc indispensable et essentiel dans l’apprentissage de tamazight puisqu’il est important de respecter les normes d’une langue pour bien communiquer et se faire comprendre.

Par ailleurs, se poser la question de l’acquisition du lexique lors de l’apprentissage d’une langue nous apparait fondamental, comme l’affirme David J.,

« Les connaissances lexicales constituent l’une des composantes les plus importantes de l’acquisition du langage, sur tous les versants : en compréhension comme en production, à l’oral comme à l’écrit »3

Nous nous proposons, dans cet article, de développer une réflexion sur le traitement des contenus lexicaux des nouveaux programmes pour mettre au jour les fondements linguistiques de l’enseignement de tamazight en général et de l’enseignement du lexique en particulier.

Nous ne pouvons identifier la place qu’occupe le lexique dans l’apprentissage de tamazight sans faire un bref survol des documents pédagogiques relatifs à ce niveau.

1. Cadre théorique de l’étude

1.1. Qu’est-ce que le lexique ?

Le lexique, du grec « lexis » est utilisé généralement dans son acception la plus courante. La première chose qui nous vient à l’esprit quand nous entendons parler de lexique est la liste de mots ordonnés alphabétiquement. Dans ce cas, il sera alors synonyme de glossaire, de vocabulaire ou de dictionnaire.

Nous proposons d’autres définitions du lexique dans un autre angle. Nous empruntons d’abord à Wagner R-L., la définition suivante, le lexique est « L’ensemble des mots au moyen desquels les membres d’une communauté linguistique communiquent entre eux ».4

Or, le lexique ne se limite pas uniquement à un ensemble de mots, cependant il est un ensemble complexe de relations qui possède une organisation interne.

À ce propos, Lehmann A., précise que « Les mots entretiennent entre eux des relations de sens (domaine de la sémantique lexicale) et des relations de forme (domaine de la morphologie lexicale) et sont liés entre eux par des relations syntaxiques ».5

1.2. La didactique du lexique

Les recherches en didactique du lexique foisonnent depuis une vingtaine d’années, ils ont pour but de répondre aux nombreuses questions que suscite le lexique lorsqu’il s’agit de l’aborder en classe de langue, qu’elle soit son statut. En effet, pendant une longue période l’enseignement du lexique était le plus souvent annexé à d’autres activités considérées plus fondamentales comme la grammaire et la lecture.

Depuis plusieurs années et malgré les études sur le lexique entamées par Robert Galisson il y a quarante ans, il est facilement observable que le lexique continue à être le parent pauvre des récents courants méthodologiques tel qu’il est souligné par Romian H.,

« L’enseignement/apprentissage du lexique qui a donné lieu à des recherches relativement poussées dans les années soixante-dix est aujourd’hui délaissé à la fois dans les classes et dans les recherches en didactique du français langue maternelle ».6

Les numéros de revues consacrés explicitement à la didactique du lexique sont moins nombreux en comparaison avec ceux réservés à la grammaire, à la lecture ou encore à l’écrit. Citons-en quelques-uns : Pratiques, n° 43, « Le sens des mots » (1984), Enjeux, n° 26, « Enseigner le vocabulaire » (1992), Repères, n° 8, « Pour une didactique des activités lexicales à l’école » (1993), Le Français aujourd’hui, n° 131, « Construire les compétences lexicales » (2000), Lidil, n° 21, « Enseignement/apprentissage du lexique » (2000).

Ces travaux didactiques ont insisté depuis plusieurs années sur l’importance du lexique dans le développement des compétences des élèves et son apport dans la réussite scolaire.

2. La démarche méthodologique et l’analyse des données

Notre démarche consistera à analyser en premier lieu les directives concernant le lexique dans le programme, dans le document d’accompagnement de la 4AM du collège, puis à examiner les exercices du lexique du manuel en précisant leurs types et les typologies théoriques auxquelles ils se réfèrent.

2.1. Le lexique dans le programme

Le programme suggère une nouvelle logique d’apprentissage consistant en la construction des savoirs par les apprenants eux-mêmes, réduisant ainsi la transmission du savoir par l’enseignant. D’ailleurs, à travers les finalités définies pour le système éducatif, les concepteurs du programme encouragent l’autonomie de l’élève.

En effet, le programme de 4AM favorise l’intégration des savoirs, savoir-faire et savoir-être en s’appuyant sur des démarches qui font de l’apprenant un partenaire actif dans le processus de l’apprentissage pour l’acquisition des compétences réceptives et productives visées à ce niveau.

Dans le programme de 4AM, le lexique est envisagé selon ces compétences : écriture, lecture et oral. Par conséquent, l’apprentissage des contenus lexicaux doit répondre aux objectifs des projets qui visent à leur tour l’installation de certaines compétences7.

2.1.1. À l’oral

Dans le domaine de l’oral, l’objectif de l’enseignement du lexique pour les élèves est de les rendre capables de :

« réinvestir le lexique acquis ;
-
Utiliser le vocabulaire acquis en classe ;
- Utiliser un vocabulaire précis et adapté à la situation de communication orale ;
-Utiliser un vocabulaire précis par rapport au sujet traité ;
-Utiliser un vocabulaire adapté par rapport au destinataire. »8

L’apprenant doit donc être capable de réutiliser le nouveau vocabulaire appris à l’école et cela en fonction des situations de la communication, utiliser les mots qui conviennent pour pouvoir communiquer avec les autres.

Le programme insiste sur le rôle du lexique dans la communication orale, cela est indiqué aussi dans le paragraphe suivant :

« Utiliser un vocabulaire approprié dans une situation de communication donnée ;
-Utiliser le vocabulaire acquis en vue de :
-Poser des questions ;
- Répondre à des questions ;
- Formuler une demande ;
- Demander un renseignement ».9

Il ressort de ces paragraphes que le vocabulaire est lié explicitement au domaine de l’oral, et pour cela il doit être développé à toute occasion. Le vocabulaire acquis traite surtout de l’univers scolaire de l’élève. Il permet aux élèves de formuler des questions et d’y répondre.

2.1.2. À l’écrit

Dans la continuité des compétences évoquées ci-dessus, l’apprenant est amené à produire des énoncés, à organiser ses écrits et à rédiger des textes cohérents.

Dans ce cas, le lexique est envisagé aussi au service de l’écriture comme nous le constatons dans la phrase suivante : « Utiliser un vocabulaire précis et adapté au sujet traité et au destinataire de l’écrit »10

Il s’agit aussi de « Saisir le rôle des unités lexicales pour la compréhension du texte ;

  • Émettre des hypothèses sur le sens d’un mot et en découvrir la signification à partir du contexte ;

  • Confirmer la signification d’un mot dans un dictionnaire, un glossaire, des notes de bas de page ;

  • Établir les relations que les mots entretiennent entre eux (famille de mots, synonymes, antonymes) ;

  • Distinguer les éléments qui composent un mot (préfixe, suffixe, radical) »11

Cela montre que tout texte écrit contient un certain nombre d’éléments lexicaux appris à l’école, c’est la raison pour laquelle l’élève doit avoir un certain vocabulaire pour s’exprimer dans des situations bien adaptées.

2.1.3. La lecture

Le programme énonce les objectifs suivants :

  • « Saisir le rôle des unités lexicales pour la compréhension du texte ;

  • Émettre des hypothèses sur le sens d’un mot et en découvrir la signification à partir du contexte ;

  • Confirmer la signification d’un mot dans un dictionnaire, un glossaire, des notes de bas de page ;

  • Établir les relations que les mots entretiennent entre eux (famille de mots, synonymes, antonymes) ;

  • Distinguer les éléments qui composent un mot (préfixe, suffixe, radical) »12

Nous constatons ici que le lexique est envisagé dans la perspective de la lecture, ainsi le programme met l’accent sur les relations lexicales qui existent entre les mots tels : la synonymie, l’antonymie, la famille de mots, etc. L’objectif est d’approfondir le vocabulaire acquis au moyen de la lecture des textes. Cette activité est, en effet, interdépendante du lexique, car elle développe et élargit le lexique des apprenants.

2.2. Le lexique dans le document d’accompagnement

Comme nous avons procédé dans la partie précédente, nous allons faire ressortir tous les éléments relatifs au lexique dans le document d’accompagnement.

D’abord, le terme lexique est utilisé au début dans la rubrique « les outils de la langue ».

« Les séances consacrées aux outils de la langue sont intégrées aux séquences, au service de ces activités. L’objectif global des séquences d’un projet étant la maîtrise d’une forme de discours, il est logique que les élèves puissent appréhender ce qui relie la diversité des exercices qu’ils réalisent »13

tout comme le programme, les activités lexicales selon le document d’accompagnement doivent contribuer à améliorer les compétences des élèves à l’oral et à l’écrit. Il est mentionné d’abord à côté de la lecture comme objectif à atteindre lors de la lecture d’un texte : « Utiliser le lexique connu pour faire des hypothèses sur les mots nouveaux ».14 De plus, l’élève acquiert graduellement les savoirs lexicaux qui lui serviront de base pour la communication « On mettra l’accent sur l’acquisition progressive d’un lexique adapté aux besoins communicatifs des apprenants ».15

De ce fait, le lexique s’acquiert sans cesse à la classe en vue de contrôler le fonctionnement de la langue. Ainsi, le lexique est mentionné comme un objectif aussi dans le domaine de l’oral : « Des exercices de descriptions orales sont recommandés pour évaluer la capacité des apprenants à se servir du lexique acquis à travers les textes lus ou écoutés ».16

Nous constatons qu’il y a toujours un enchaînement entre l’activité de lexique et les autres activités à l’intérieur d’une même séquence entre autres, l’oral. L’élève devait savoir à utiliser les mots à bon escient. Par ailleurs, le document d’accompagnement insiste sur la diversité de la nature du lexique acquis,

« (…) Ces derniers doivent se constituer durant leur scolarité, un stock lexical important, couvrant : le vocabulaire d’usage scolaire, le vocabulaire thématique lié aux textes de lecture, les familles de mots, les synonymes, les antonymes. L’apprentissage et l’acquisition de ce stock ne seront effectifs qu’accompagnés d’exercices d’application et de production auxquels sont conviés les élèves en cours de déroulement des séquences et des projets ».17

Le document d’accompagnement aborde aussi la notion de racine :

« Dans le lexique amazigh, aider à identifier un certain nombre de racines targuies, conservées à travers plusieurs siècles, découvrir les origines arabes de mots amazighs et les origines amazighes dans les pratiques langagières de l’arabe algérien, en particulier les noms de villes, de localités, de cours d’eau, de plantes, etc. Il est important, à cette occasion, de faire comprendre ce que ce lexique, ces racines, ont de fécond, d’enrichissant pour la promotion de la langue amazighe ».18

Enfin, le document d’accompagnement insiste sur l’importance des connaissances lexicales plus que les autres connaissances, « L’étude de la langue ne concerne pas seulement les phénomènes grammaticaux. Le lexique et l’orthographe sont aussi importants que la grammaire. »19

Partant de cet aperçu, nous croyons que les auteurs de ces ouvrages mettent l’accent sur le terme lexique en lui accordant une place prépondérante. Plusieurs paragraphes sont consacrés à expliquer l’importance du lexique dans l’apprentissage de la langue amazighe. Pour permettre la bonne acquisition du lexique, un nombre important d’exercices sont proposés dans chaque leçon de lexique et qui sont surtout en rapport avec l’activité de lecture.

2.3. La leçon de lexique dans le manuel de la 4AM

Dans le manuel de 4AM, il n’existe aucune leçon explicite de lexique. Il n’y a que des exercices du lexique. Après avoir observé les exercices, nous avons repéré ceux qui prolongent les cours sur le lexique figurant dans les programmes et nous les avons mis en relation avec l’objectif du projet de la séquence étudiée tout en soulignant la théorie linguistique utilisée.

Nous allons nous intéresser aux éléments suivants :

  • Les activités proposées dans le manuel pour accompagner le processus d’apprentissage du lexique en classe :

  • Les types des exercices utilisés pour l’enseignement du lexique ;

  • La formulation des consignes pour les exercices du lexique.

2.3.1. Les activités lexicales

L’appropriation et l’apprentissage du lexique en classe se fait au moyen des activités diversifiées, riches et intéressantes qui permettent l’acquisition et l’assimilation de ce dernier. Pour plus de précision, le tableau suivant montre quelques informations relatives à la leçon du lexique dans le manuel.

Tableau n° 1 : Les informations relatives à l’enseignement du lexique

Les thèmes des exercices du lexique proposés dans le manuel

Le champ lexical, les synonymes/antonymes, les familles de mots, la polysémie, les devinettes, etc.

Le nombre total de leçons consacrées à l’étude de lexique dans le manuel

8

Nombre d’heures par semaine

1h consacrée à l’étude du lexique par semaine

Durée d’une séance de lexique

1h

Les leçons de lexique sont en nombre de huit dans le manuel, deux leçons pour chaque séquence. Elles sont formées d’exercices variés liés aux notions étudiées. Notons, d’abord, que la leçon du lexique dans le manuel se confond avec l’exercice du lexique. Bien que la leçon joue un rôle important dans la compréhension des notions lexicales par les élèves. À ce sujet Haddadou M. A., souligne qu’

« Il faut d’abord préciser que l’exercice de lexique n’est pas le substitut de la leçon de lexique. En effet, en l’absence des directives dans cette matière, on se rabat le plus souvent sur l’exercice qui, s’il n’apporte pas des connaissances théoriques à l’élève, on assure au moins une activité dans le domaine des structures lexicales et de la sémantique »20.

Dès la première année du collège et jusqu’à la dernière année (4AM), les activités lexicales se présentent régulièrement selon une progression logique et structurée dans le cadre d’un projet.

Lors de la lecture de ce manuel, nous nous sommes rendu compte que l’activité du lexique n’est pas mentionnée dans le sommaire contrairement aux autres activités d’apprentissage : la grammaire, l’orthographe et la conjugaison, qui sont mentionnées dans le manuel. Cependant, à l’intérieur du manuel, la leçon du lexique a sa place dans la rubrique des outils de langue à côté des autres activités. Le lexique se trouve présent certes, mais il occupe une rubrique invisible.

Nous avons remarqué aussi que les activités lexicales proposées dans le manuel de la quatrième année du cycle moyen suivent la même structure que celles proposées dans les manuels des années précédentes. Elles se répètent dans chaque année du cycle moyen.

Ces activités se présentent régulièrement dans chaque séquence et selon une progression structurée et cohérente inscrites dans un projet. Chaque activité réunit une série d’exercices variés en relation avec les notions étudiées. Ensuite, il y a un enchaînement entre les activités de lexique et les autres activités à l’intérieur d’une même séquence notamment en rapport avec le texte étudié. Pendant longtemps, le lexique était considéré comme un ensemble de leçons indépendantes l’une de l’autre. Aujourd’hui, le but selon l’approche communicative est de les enseigner dont l’objectif est d’augmenter le stock lexical des élèves afin de réaliser des actes de paroles.

Bien entendu, nous ne pouvons nier que les élèves apprennent et mémorisent un nombre considérable de mots en lisant des textes. Cependant, les activités sur le lexique permettent aussi l’acquisition efficace de ce dernier à travers les différents types d’exercices à proposer.

Voici les types d’exercices utilisés, le manuel a pris en compte plusieurs types :

2.3.2. Les types des exercices

Les exercices d’application proposés mettent en relation trois univers : l’univers morpho-lexicologique, l’univers lexical et l’univers sémantique. Les élèves sont donc initiés à apprendre les relations lexicales à l’instar de synonymie, l’antonymie et la composition des mots.

Nous constatons que les types d’exercices utilisés dans le manuel sont riches et variés. Les types utilisés se sont inspirés généralement de la typologie proposée par J. Pierre Cuq21

Nous avons relevé plusieurs types : les exercices de complétions, les exercices de mise en relation, les exercices lacunaires, les exercices ludiques, etc.

Ces types sont généralement en adéquation avec le niveau des élèves du collège.

2.3.3. Les consignes portant sur le lexique

Les consignes sont censées aider l’apprenant à la réalisation d’une tâche. Elle est définie dans le dictionnaire de didactique du français, langue étrangère et seconde comme un

« Discours visant la réalisation d’une tâche. Comprendre une consigne pose que l’apprenant en dénote les informations explicites (données et stimulus), qu’il en repère. Les éléments implicites (informations non formulées, attentes de l’enseignant) afin de se former une représentation correcte de la tâche (…) ».22

La consigne désigne donc ce que l’élève doit faire, c’est pour cela, il faut qu’elle soit claire et précise.

En observant de près les consignes formulées dans le manuel, nous constatons qu’elles sont souvent courtes et précises. De surcroît, elles sont adressées à la deuxième personne du singulier « keč », « toi ». Ces consignes impliquent les verbes appelés «  verbes taxonomiques »23 comme : kkes-d (relever), qqen (relier), efk-d (donner), smel (classer), bder-d (énumérer).

Et des verbes de réflexion comme af (identifier), efk-d (relever), kkes-d (repérer).

Ces consignes sont assez simples sur le plan de la compréhension, les apprenants sont logiquement habitués à ce lexique depuis la première année du collège.

3. Quelques remarques sur l’enseignement apprentissage du lexique de la langue amazighe

En plus des problèmes pédagogiques auxquels l’enseignement de tamazight est confronté actuellement tels : le problème de la graphie, l’absence d’une académie, la non-généralisation de son enseignement etc., s’ajoute la question du lexique.

Compte tenu des difficultés de l’enseignement du lexique à l’école à savoir : « la néologie pléthorique », création lexicale anarchique, l’absence de norme du lexique qui se traduit par l’existence de plusieurs lexiques et les divergences lexicales qui existent entre les différents parlers kabyles rend la tâche difficile pour l’apprenant voire même pour l’enseignant.

L’apprenant se trouve donc, confronté à ce problème, la langue qu’il pratique quotidiennement est différente de celle qu’il apprend à l’école. Certes, cela est un fait universel qui caractérise toutes les langues même les grandes langues à vieilles traditions scripturales ou normalisatrices mais la langue amazighe en souffre beaucoup vu l’atomisation de son lexique. Le phénomène de la variation figurant dans le manuel empêche de mieux enseigner le lexique

Tout cela peut avoir des conséquences indéniables sur le processus d’apprentissage chez l’apprenant. Sur le plan pédagogique, ces difficultés auraient l’immense inconvénient de détourner les apprenants d’une langue non familière non assimilable. Alors que, la langue maternelle est le moyen que l’enfant connaît mieux et l’utilise pour la communication et l’expression.

Conclusion

La lecture des documents officiels de la quatrième année du cycle moyen montre clairement que cette composante de langue y occupe une place prépondérante.

Nous avons constaté que le lexique figure dans ces documents comme outil de la langue, tout comme la grammaire, la conjugaison et l’orthographe. De plus, le lexique est fortement présent dans le domaine de l’écrit, l’oral et la lecture, car il contribue au développement des compétences des apprenants dans ces domaines. Les séquences sont des sous-ensembles hiérarchisés de chaque projet. Ce sont les projets dans leur totalité qui se démultiplient en séquences d’apprentissage pour permettre aux apprenants de s’approprier les objectifs opérationnels. La progression d’apprentissage du lexique est basée sur décloisonnement des contenus linguistiques.

En effet, nous pouvons, généralement, distinguer deux moments consacrés au lexique :

  • Le premier est l’apprentissage aléatoire des mots, ces derniers sont relevés dans les textes du manuel. Ainsi, ces mots sont liés souvent au monde concret (actes du quotidien, domaine scolaire, personnes, animaux, etc.) ou ils appartiennent à des classes grammaticales variées (noms, verbes, adjectifs, adverbes et propositions).

  • Le second, il s’agit d’un apprentissage systématique des mots qui consistait à acquérir des connaissances sur la langue par une série d’exercices d’application. Ces exercices mettent en évidence des relations de sens entre les mots (synonymie, antonymie, polysémie, ensemble de mots relatifs à un thème, etc.) et des relations concernant la forme et le sens (radical, préfixe, suffixe, famille de mots). Chaque séquence comprenait une liste d’exercice portant sur le lexique (de quatre à cinq exercices). Ces méthodes contribuent incontestablement à l’enrichissement du répertoire lexical des apprenants.

Or, en l’absence des leçons sur le lexique et un d’un standard aussi l’abondance de la néologie, la question de lexique demeure posée avec acuité c’est pourquoi nous croyons qu’une réflexion approfondie devrait être amorcée sur cette composante centrale de la langue

Les résultats des analyses nous ont permis de formuler quelques perspectives pour mieux enseigner le lexique de la langue amazighe.

  • L’amélioration des documents officiels par des contenus plus adaptés à l’enseignement du lexique ;

  • La diversification des supports modernes (les TICE) dans la classe de tamazight langue maternelle ;

  • Le travail lexical peut être intégré à tout moment dans le cours lorsque le besoin s’en fait sentir. L’enseignant devrait tenir compte des difficultés que les élèves peuvent rencontrer en compréhension du lexique.

  • Procéder à des codifications qui assurent un minimum en matière du lexique pour réduire l’éparpillement et favoriser l’apparition d’un kabyle standard sachant que le lexique des apprenants change très vite sous l’effet des nouvelles technologies et des modalités de la communication et par des réseaux sociaux.

  • La prise en compte les parlers réels des apprenants kabylophones lors de l’élaboration des programmes et des manuels.

  • L’apprentissage des mots isolés ou des listes de mots n’est pas efficace, nous supposons que l’apprentissage des mots doit être favorisé dans un contexte. En s’appuyant sur les avancées théoriques relatives au domaine didactique qui actuellement préconisent l’enseignement systématique du lexique contrairement à la méthode indirecte qui enseigne le lexique sous forme d’une liste de mots isolés.

  • L’enseignement de lexique doit être toujours programmé de manière systématique, progressive dans l’objectif de permettre l’assimilation des activités lexicales et il est important que l’enseignement de lexique soit adapté au niveau des apprenants, de leurs besoins pour établir un enseignement efficace.

  • La lecture est un moyen important d’acquérir de nouveaux mots et d’élargir le répertoire lexical des apprenants.

  • Le travail sur la variation linguistique permettrait d’aborder les phénomènes lexicaux à partir des pratiques langagières des apprenants. Nous avons relevé peu de travail sur la variation lexicale, sur l’exploitation de la variation langagière à partir des différents discours oraux et écrits.

  • La situation de l’enseignement apprentissage doit prendre en compte l’impact de la variation sur l’apprentissage du lexique.

  • L’utilisation du dictionnaire en classe pourrait aider les apprenants à enrichir leur lexique et favorise le travail en autonomie en rendant actif l’apprenant. Et même si les enseignants ne disposent pas de dictionnaire en nombre suffisant, il est approprié de consacrer une séance pour montrer aux élèves comment tirer profit des dictionnaires existant en langue amazighe.

  • Aussi, dans les documents officiels de tamazight, les éléments phraséologiques sont peu marqués. Il n’est porté aucune mention pour leur apprentissage alors qu’ils font partie intégrante du lexique. Ces éléments sont très importants dans l’apprentissage de toute une langue, il faut donc créer chez les apprenants comme le suggère Simonet « une appétence lexicale »2 pour qu’ils trouvent un intérêt de travailler le lexique.

1 Programme de tamazight de la 4AM, 2004, MEN, p.14

2 Idem, p.12

3 David J., 2000, « Le lexique et son acquisition : aspects cognitifs et linguistique », in Le Français aujourd’hui n°131,pp.31­-41.

4 Wagner R-L., 1967, Les vocabulaires français , Paris, Librairie Marcel DIDIER.P.17.

5 Lahmann A., 2011, « Vocabulaire et son enseignement, idées reçues sur le lexique : un obstacle à l’enseignementdu lexique dans les classes », in

6 Romian H., 1993, « Des pistes pour travailler le lexique en classe, pour une didactique des activités lexicale à l’école », in Repère n°1, pp.3-10.

7 Il faut signaler que le programme de la 4AM moyen distingue entre les amazighophones et les non-amazighophones en matière des compétences à acquérir

8 Programme de la langue amazighe de quatrième année moyenne, 2004, MEN, p.8.

9 Programme de la langue amazighe de quatrième année moyenne, op.cit, p.9

10 Programme de la langue amazighe, idem, p.11

11 Programme de la langue amazighe, idem, p.12 .

12 Programme de la langue amazighe de la 4 AM année moyenne, MEN, p.12 .

13 Document d’accompagnement, idem, p.9.

14 Document d’accompagnement, idem p.10

15 Document d’accompagnement, idem, p.13

16 Document d’accompagnement, op-cit, p.14

17 Document d’accompagnement, ibidem

18 Document d’accompagnement, P.23

19 Le document d’accompagnement, idem, p.24

20 Haddadou M-A., 2003, « L’exercice de lexique en cours de langue maternelle », in Actes des stages de perfectionnement pour les enseignants de

21 J P Cuq, dans Calaque E, 2000, « Enseignement et apprentissage du vocabulaire », in LIDIL n°21,pp 17-35

22 Cuq J-P., 2002, op. cit, p.53.

23 Taxonomie de Bloom

Cuq J-P., 2002, Dictionnaire de didactique du français : langue étrangère et seconde, Asdifle, Clé internationale.

David J., 2000. « Le lexique et son acquisition : aspects cognitifs et linguistiques », in Le Français aujourd’hui n° 131, pp. 31­-41

Haddadou M-A., 2003. « L’exercice de lexique en cours de langue maternelle », in Actes des stages de perfectionnement pour les enseignants de tamazight, université Mouloud MAMMERI T.O de Tizi Ouzou.

Lahmann A., 2011. « Vocabulaire et son enseignement, idées reçues sur le lexique : un obstacle à l’enseignement du lexique dans les classes », in ressources pour l’école primaire, Université d’Amiens. Consulté en ligne in www, eduscol. Fr, le 22/12/2020

Romian H., 1993. « Des pistes pour travailler le lexique en classe, pour une didactique des activités lexicale à l’école », in Repère n° 1, pp. 3-10.

Wagner R-L., 1967, Les vocabulaires français, Paris, Librairie Marcel DIDIER.

Programme de 4e année moyenne en langue amazighe

Document d’accompagnement de quatrième année en langue amazighe.

Manuel de quatrième année moyenne en langue amazighe

1 Programme de tamazight de la 4AM, 2004, MEN, p.14

2 Idem, p.12

3 David J., 2000, « Le lexique et son acquisition : aspects cognitifs et linguistique », in Le Français aujourd’hui n°131, pp.31­-41.

4 Wagner R-L., 1967, Les vocabulaires français , Paris, Librairie Marcel DIDIER.P.17.

5 Lahmann A., 2011, « Vocabulaire et son enseignement, idées reçues sur le lexique : un obstacle à l’enseignement du lexique dans les classes », in ressources pour l’école primaire, Université d’Amiens. Consulté en ligne in www, eduscol. Fr, le 22/03/2020

6 Romian H., 1993, « Des pistes pour travailler le lexique en classe, pour une didactique des activités lexicale à l’école », in Repère n°1, pp.3-10.

7 Il faut signaler que le programme de la 4AM moyen distingue entre les amazighophones et les non-amazighophones en matière des compétences à acquérir dans le domaine du lexique.

8 Programme de la langue amazighe de quatrième année moyenne, 2004, MEN, p.8.

9 Programme de la langue amazighe de quatrième année moyenne, op.cit, p.9

10 Programme de la langue amazighe, idem, p.11

11 Programme de la langue amazighe, idem, p.12 .

12 Programme de la langue amazighe de la 4 AM année moyenne, MEN, p.12 .

13 Document d’accompagnement, idem, p.9.

14 Document d’accompagnement, idem p.10

15 Document d’accompagnement, idem, p.13

16 Document d’accompagnement, op-cit, p.14

17 Document d’accompagnement, ibidem

18 Document d’accompagnement, P.23

19 Le document d’accompagnement, idem, p.24

20 Haddadou M-A., 2003, « L’exercice de lexique en cours de langue maternelle », in Actes des stages de perfectionnement pour les enseignants de tamazight, université Mouloud MAMMERI T.O de Tizi Ouzou. p.16

21 J P Cuq, dans Calaque E, 2000, « Enseignement et apprentissage du vocabulaire », in LIDIL n°21,pp 17-35

22 Cuq J-P., 2002, op. cit, p.53.

23 Taxonomie de Bloom

Naima HAMDI

LAILEMM – Abderrahmane Mira – Université de Bejaia

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