Agzul
Deg umagrad-a newwi-d awal ɣef tenzaɣ deg teqbaylit , iswi-nneɣ d anadi ɣef yinumak izemrent ad sɛunt tenzaɣ . Nexdem tasleḍt i semus (05) n tenzaɣ , (Ger ‘‘entre’’ ; Deg ‘‘en, dans’’; ɣef “sur, pour’’ ; Seg ‘‘de, par’’ ; Ddaw ‘‘sous, au-dessous de’’ i d- nessukkes deg udlis n Picard (A.).
Deg tazwara , nemmeslay-d ɣef wayen akk i icudden ɣer tenzaɣ deg teqbaylit. Nefka-d tabadut-ines anida i d-nenna tanzeɣt d aferdis n tjerrumt, txeddem deg tefyirt assaɣ gar sin wawalen deg yiwet n tefyirt.
Deg tesleḍt , nwala inumak akk i zemrent ad aɣent tenzaɣ i d-nebder iwsawen.
Awalen tisura
Tinzaɣ, Tasnalɣa, Tasnamka, Taseddast, Aseqdec d uwelleh n wadeg.
Introduction
La langue berbère a vécu pendant très longtemps dans l’oralité, elle se présente, actuellement, sous forme d’un nombre important de dialectes répartis sur un immense territoire allant de l’océan Atlantique à l’oasis de Siwa en Égypte et de la méditerranée au-delà du fleuve Niger. Elle est parlée dans plusieurs pays de l’Afrique du Nord à savoir : l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye, le Niger, le Mali et la Mauritanie. Elle appartient à la famille chamito – sémitique avec l’égyptien ancien, le sémitique (dont font partie l’arabe, l’akkadien, l’araméen et l’hébreu) et le couchitique de l’Afrique orientale. C’est une langue dont la structure linguistique repose essentiellement sur la notion de racine comme étant le noyau central de la formation des lexèmes (Chaker 2017).
Le kabyle est l’un des dialectes du berbère algérien, parlé au nord de l’Algérie, il couvre une aire géographique assez importante. Cette région est considérée aujourd’hui comme l’une des plus importantes de l’Algérie du point de vue du nombre des locuteurs berbères.
L’évolution de toute langue naturelle est un phénomène inéluctable, il touche à la fois la catégorie lexicale et la catégorie grammaticale. Parmi les unités linguistiques qui forment l’inventaire d’une langue, on reconnaît habituellement deux types :
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Le premier est représenté par la catégorie dite lexicale ;
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Le second est représenté par la catégorie dite grammaticale.
À la différence de la catégorie lexicale, qui subit une incessante évolution dans le temps, la catégorie grammaticale, elle, est plutôt plus ou moins stable.
La préposition est une unité linguistique, aussi fondamentale et importante dans une langue, elle appartient à l’inventaire de la catégorie grammaticale, elle joue des rôles très multiples sur plusieurs niveaux :
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Sur le plan syntaxique, la préposition contribue à lier les unités lexicales entre elles pour former des énoncés, des phrases, voire des textes ;
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Sur le plan sémantique, la préposition indique le lieu, le temps, la possession, etc. (Amiot 2006)
La présente contribution tente d’étudier quelques prépositions kabyles. Son objectif est de découvrir cette autre face des prépositions qui se manifeste à travers l’espace, une fonction assurée par les particules d’orientations spatiales (-d -, -n -) et les adverbes.
Les prépositions appartiennent au vocabulaire de base. Elles présentent un inventaire clos, réduit en nombre, mais d’une grande fréquence. Toutefois, malgré son importance, les études qui touchent à cette catégorie grammaticale, celles qui traitent des prépositions sont peu nombreuses, entre autres Nait Zerrad K. (2009, 201, 2013, 2015), Djemai S. (2009), Bounfour A. (2009), Chaker S. (2009).
1. Le cadre méthodologique
Dans cette contribution, les prépositions seront examinées sous un angle purement sémantique. L’expression de l’orientation spatiale exprimée par certaines d’entre elles sera méthodiquement présentée à travers l’analyse de contextes linguistiques où elles sont occurrentes.
Le corpus qui nous sert de support à l’étude est composé de cinq prépositions, à savoir Ger « entre » ; Deg “en, dans”; ɣef “sur, pour”; Seg “ de, par ” ; Ddaw “ sous, au-dessous de ” que nous avons sélectionnées, en fonction de l’objectif principal tracé, à partir d’un certain nombre d’énoncés tirés essentiellement de l’ouvrage de Picard, A. (1958) intitulé : Textes berbères dans le parler des Irjen (Kabylie-Algérie), Alger, Imprimeries, La Typo-Litho et Jules Carbonel.
En apprêtant un regard particulier à ces prépositions, nous pensons qu’elles n’assurent pas uniquement une fonction de connecteur, mais assurent aussi, selon les contextes, un rôle sémantique très particulier, elles permettent d’indiquer l’espace, le temps et la possession.
2. Aperçu sur les prépositions kabyles
La tradition grammaticale s’accorde à caractériser la préposition comme un mot de relation, autrement dit, elle est définie comme un mot de liaison établissant une relation entre deux termes, elle introduit un syntagme nominal (nom, pronom ou groupe équivalent) et forme avec lui un syntagme prépositionnel (Melis 2017).
Le dialecte kabyle est l’un des dialectes qui possèdent un jeu de préposition très varié et commun à tous les parlers berbères. Les formes et les emplois sont souvent stables. Toutefois, il existe des variantes, par rapport aux autres dialectes, qui sont d’ordre phonétique et morphologique qui n’affecte en aucun cas la structure interne de la langue. La plupart de ces propositions sont d’origines nominales. Selon Chaker S. (1983 : 280), « ce fait transparait encore dans l’un de leurs traits combinatoires spécifiques : leur compatibilité avec les pronoms personnels affixes (série post-prépositionnelle) ». Autrement dit, le processus de grammaticalisation a transformé ces noms, qui sont à l’origine des substantifs, en prépositions, le cas de « ixef/sommet ou tête à ɣef, sur, afella, le haut à fell, sur ».
Basset, A. (1952 : 49) distingue, sur le plan morphologique, deux types de prépositions : les formes courtes et les formes longues (simples et complexes).
D’après Galand, L. (2002), il existe en berbère deux sortes de prépositions. D’un côté, il y a les prépositions simples (ou éléments brefs selon les termes de l’auteur), composées de deux consonnes au maximum et parfois les voyelles peuvent faire partie de cette composition. Par exemple s (provenance, direction), ar « jusqu’à ». En outre, la préposition simple est préposée, employée devant un nom ou un pronom auquel elle est étroitement liée. D’un autre côté, il existe des prépositions d’origine nominale ou verbale que l’auteur appelle « termes plus étoffés » : ddaw « sous » (ancienne troisième personne, masculin singulier d’un prétérit de verbe de qualité), t-tama « à côté de » (origine nominale).
Selon Sadiqi F. (1997), les prépositions sont des unités invariables qui sont toujours accompagnées d’un complément et elles ont pour rôle de déterminer la fonction des constituants d’un énoncé par rapport à d’autres comme elles ne modifient guère l’action du verbe. Elle distingue les prépositions simples de celles dites composées. Les premières sont souvent composées d’un seul morphème comme c’est le cas de f « sur », s « vers, avec », i « à », alors que celles dites composées, que l’auteur appelle aussi synthèmes prépositionnels ou locutions prépositionnelles, sont généralement des composés.
La préposition kabyle n’assure pas uniquement le rôle de connecteur ou d’agent de liaison entre deux segments d’énoncé, mais elle assure aussi un rapport spatio-temporel. J. Dubois (2002 : 377) écrit :
« la préposition et un mot invariable qui a pour rôle de relier un constituant de la phrase à un autre constituant ou à la phrase entière en indiquant éventuellement un rapport spatio-temporel, un rapport de possession, de dépendance, etc. ».
Dans ce qui vient, nous nous n’intéresserons pas ni à l’origine des prépositions ni à leurs différentes formes, mais on s’intéressera uniquement au rapport spatial des prépositions citées en haut.
La notion de l’espace et le temps a suscité l’intérêt de plusieurs chercheurs dans de différents domaines. Nos pratiques langagières et notre existence sont étroitement liées à ces deux notions. Tijana Asic et Veran Stanojević : (2013 : 03) écrivent :
« L’espace et le temps sont deux catégories d’expérience fondamentales qui structurent nos activités physiques et mentales. … L’étude de l’espace et du temps en linguistique présente un intérêt tout particulier parce que la langue nous permet, entre autres, d’accéder à la représentation que l’on se fait des entités et relations spatiales et temporelles ».
La préposition kabyle n’est qu’une partie de la langue qui indique l'expresion linguistique d'une position dans l’espace. En elles, les nuances sémantiques varient d'une préposition à une autre.
3. Discussion
3.1. La préposition « ger/ entre »
L’espace est plus souvent situé par rapport à une position bien déterminée, la nature de la préposition peut nous informer sur l’orientation dans l’espace. Observons ces exemples suivants :
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Iɛelleq ger yigenni d tmurt. (Il est suspendu entre le ciel et la terre)
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Yewḥel ger uɣaref n wadda d win n ufella. (il est bloqué entre le moule d’en haut et celui d’en bas).
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Yeffer ger uxxam n deffir d win zdat (il s’est caché entre la maison de derrière et celle d’avant).
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Ger da d ukessar ! (entre ici et en bas !).
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Ger da d usawen ! (entre ici et en haut !).
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Ger da d deffir ! (entre ici et derrière !).
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Ger da d sdat ! (entre ici et devant !)
On constate que peu importe la position de la préposition « ger/ entre » dans ces énoncés, elle situe le verbe (le procès) à un point bien déterminé dans l’espace, elle se place entre deux éléments de l’énoncé, quelle que soit leur nature.
En examinant de plus près ces exemples, nous constatons que la préposition « ger » s’emploie principalement pour indiquer deux mouvements dans l’espace :
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Mouvement vertical (haut et bas, ici et en haut, ici et en bas)
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Mouvement horizontal (arrière et devant, ici et ailleurs).
En effet, la préposition « ger / entre » situe le procès signifié par le verbe entre le haut et le bas, c’est une position qui sépare ces deux espaces en deux pôles. Elle sert à indiquer la position du sujet de l’action par rapport à l’espace, il n’est ni en haut ni en bas, il est juste au milieu, entre ces deux extrémités. Il s’agit d’un mouvement spatial vertical.
Pour ce qui est de l’exemple (03), il indique un espace horizontal où le sujet se situe entre une position (devant et derrière), on peut l’interpréter de manière suivante :
Et enfin, la position ici, peut être au centre de toutes les orientations, qu’elles soient verticales ou horizontales, comme l’indiquent les exemples 04, 05, 06 et 07.
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L’exemple (04) indique la position, ici et en bas.
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L’exemple (05) indique la position, ici et haut.
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L’exemple (06) indique la position, ici et derrière
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Pour terminer, l’exemple (05) indique la position, ici et devant.
3.2. La préposition « deg/dans »
Cette préposition indique, en général, un lieu intériorisé, intégré au sein d’un autre.
En examinant de plus près l’orientation spatiale de cette préposition, nous aboutissons à trois types d’orientations :
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L’orientation d’un sujet à l’intérieur d’un endroit bien précis, le lieu où se trouve le sujet.
En effet, dans la plupart des cas, la préposition est préposée, située avant le nom qui indique le lieu où se trouve le sujet.
Observons cet exemple :
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Yeqqim deg uxxam (il est resté à la maison).
Dans l’exemple cité en haut, le sujet est désigné par l’indice de personne « y - ». La préposition indique l’endroit où se trouve le sujet. Cette préposition peut indiquer un endroit non précis par rapport à ce qui se trouve dans l’enceinte des murs qui constitue la maison.
La précision de cette préposition est en fonction de l’objet dont on parle.
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Plus l’objet est général, plus l’emploi de « deg/dans » apparaît global.
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Plus l’objet est précis, « deg/dans », indique de manière très précise l’endroit où se situe le sujet.
En voici quelques illustrations :
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Axxam/maison : objet (très général, il forme un tout).
Une maison est constituée de plusieurs compartiments. -
Taxxamt/chambre : objet (bien précis, il forme une partie).
C’est l’un des compartiments de la maison.
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Yeqqim deg uxxam (il est resté dans la maison).
Ici, le sujet est à l’intérieur de la maison, mais l’endroit exact où il se trouve au sein dans la maison est laissé dans le proscrit. Donc l’orientation est très globale.
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Yeqqim deg texxamt (il est resté dans la chambre).
Dans cet exemple, la position où se trouve le sujet est bien précise. Il se trouve dans un compartiment de la maison nommée texxamt et non ailleurs.
On peut dire enfin que la préposition « deg » indique la position intérieure où se situe le sujet ; elle peut être globale ou précise.
On peut donc schématiser ce point comme suit :
-
On peut déduire la position d’un être linguistique même s’il n’est pas spécifié dans un énoncé.
Dans notre usage de la langue, on emploie des ellipses, mais on arrive par inférence à déduire la partie manquante de l’énoncé et, du coup, restituer le sens qu’il actualise.
Dans ce cas, la préposition « deg/dans » oriente un objet absent de l’énoncé à l’intérieur d’un autre objet présent dans l’énoncé.
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Yečča deg uḍbsi (Il a mangé dans un récipient/plat/ustensile).
Contrairement à l’exemple ci-dessus qui montre où se situe le sujet, cet exemple indique la chose absente de l’énoncé. Ce n’est pas le sujet qui a mangé dans l’ustensile, mais il indique la nourriture qui est absente de cet énoncé qui se trouve dans l’ustensile.
Dans cet exemple, on déduit que le rapport spatial n’est pas le même que l’exemple : yeqqim deg uxxam (il est resté à la maison).
Elle sert à introduire un lieu non précis à l’intérieur d’un autre lieu très vaste.
Cette préposition peut aussi servir à indiquer un lieu en précisant sa position dans l’espace. En voici un exemple :
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Deg yiberdan n taddart… (Dans les sentiers du village, le vent, le froid…)
Ici, la préposition décrit un endroit sans situer en son sein un sujet ou un objet.
3.3. Les prépositions « ɣef/au-dessus, ddaw/au-dessous »
Ces prépositions, en les comparant l’une à l’autre, marquent une opposition spatiale, le haut par rapport au bas d’un objet.
Ainsi dans l’exemple
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Ires uɣrum ɣef ṭṭabla (La galette est posée sur la table).
La préposition « ɣef/au-dessus » montre la partie supérieure où est posée la galette. Par contre dans l’exemple
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Ires uɣrum ddaw ṭṭabla (La galette est posée sous la table).
Ici, le mouvement est inversé.
La préposition « ɣef » peut aussi reprendre la conclusion ou une synthèse d’un discours ou d’un récit.
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ɣef akken i d-fehmeɣ (D’après ce que j’ai compris).
Ici, c’est une synthèse de ce que nous avons déjà acquis, et la synthèse s’établit une fois le discours arrivé à son point d’achèvement.
3.4. La préposition « seg/ de, par »
Cette préposition permet de marquer un déplacement d’un lieu à un autre lieu ; elle indique un point de départ initial et un autre point cible, lieu de sa destination terminale. Comme l’indiquent ces exemples :
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Ikcem-d seg Fransa (Il est rentré de France)
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Iruḥ seg uxxam (Il est parti de la maison)
En observant ces deux exemples, il est aisé de constater que le sujet s’est déplacé d’un lieu à un autre. La préposition « seg/ de » marque en effet ce déplacement. Dans le premier exemple, le sujet (il) est rentré de France vers le lieu où je me trouve.
Dans le second exemple, on déduit que le sujet se déplace d’un lieu connu vers une destination inconnue.
Dans l’usage courant, la plupart des locuteurs de la langue n’arrivent pas à faire la distinction entre la préposition « deg/dans » qui ne marque qu’un seul lieu et la préposition « seg/ de » qui marque, quant à elle, deux points ou bien deux positions.
Conclusion
Si nous nous référons aux différentes définitions prises en considération par les dictionnaires de référence et les manuels de grammaire, nous nous apercevrons rapidement qu’elles mettent toutes l’accent sur un triple critère définitoire : l’invariabilité, la relation et la position. Dans ce présent article, il a été montré que la préposition kabyle peut aussi assurer l’orientation spatiale au même titre que les particules d’orientations spatiales et les adverbes de lieu.
En effet, la préposition indique plusieurs types d’orientations spatiales ; l’orientation verticale (haut et bas), l’orientation horizontale (avant arrière), la position centre et intérieur, et enfin la position ici et ailleurs.