Les TIC : le rêve d’une nouvelle ère de l’enseignement des langues à l’université algérienne

تكنولوجيا المعلومات والاتصالات: حلم حقبة جديدة في تدريس اللغة في الجامعات الجزائرية

ICT: The dream of a new era in language teaching at Algerian University

Amèle HAMDAD

Amèle HAMDAD, « Les TIC : le rêve d’une nouvelle ère de l’enseignement des langues à l’université algérienne », Aleph [], 8 (2) | 2021, 07 July 2021, 28 March 2024. URL : https://aleph.edinum.org/4256

Notre article s’intéresse à l’utilisation des ressources en ligne par les enseignants de FLE à l’université algérienne, lors de leurs préparations des cours et des sujets d’examens. Nous menons dans cette recherche une enquête réalisée auprès d’enseignants de français à l’une des universités algériennes (Université Batna 2) pour connaître le degré de contribution des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans leurs différentes pratiques de classe. Nous cherchons, en fait, par ce travail, à montrer que les TIC sont présentes dans les pratiques pédagogiques de la majorité des enseignants universitaires et qu’elles sont une source inépuisable qui leur permet de préparer leurs cours de langue ainsi que les sujets d’examens. Cependant, nous estimons que la majorité de ces enseignants de FLE n’a pas bénéficié de formation aux TIC et que l’université algérienne ne met pas à leur disposition les outils informatiques qui leur facilitent l’élaboration de leur tâche pédagogique.

تركز مقالتنا على استخدام الموارد عبر الإنترنت من قبل معلمي FLE في الجامعة الجزائرية ، عند إعداد الدورات والمواد الاختبارية. في هذا البحث، نجري دراسة استقصائية لمعلمي اللغة الفرنسية في إحدى الجامعات الجزائرية (جامعة باتنة 2) لمعرفة درجة مساهمة تقنيات المعلومات والاتصالات في ممارساتهم المختلفة. نسعى في الواقع من خلال هذا العمل إلى إظهار أن تكنولوجيا المعلومات والاتصالات حاضرة في ممارسات التدريس لغالبية معلمي الجامعات وأنهم مصدر لا يسمح لهم بإعداد دروس لغتهم وكذلك مواد الامتحانات. ومع ذلك ، نعتقد أن غالبية هؤلاء المدرسين في برنامج التعلم السريع لم يستفدوا من التدريب على تكنولوجيا المعلومات والاتصالات وأن الجامعة الجزائرية لا تزودهم بأدوات الكمبيوتر التي تسهل مهمتهم التعليمية.

Our article focuses on the use of online resources by FLE teachers at the Algerian University when preparing courses and test subjects. We are carrying out in this research a survey carried out with French teachers at one of the Algerian universities (Batna 2 University) to know the degree of the contribution of information and communication technologies (ICT) in their different practices of the classroom. We seek, in fact, through this work, to show that ICTs are present in the teaching practices of the majority of university teachers and that they are an inexhaustible source which allows them to prepare their language lessons as well as the subjects of exams. However, we believe that the majority of these FLE teachers have not benefited from ICT training and that the Algerian university does not provide them with the computer tools that facilitate their pedagogical task.

Introduction

L’usage des technologies de l’information et de la communication (TIC) a, de nos jours, des enjeux politiques, culturels, économiques et sociaux. En effet, nous constatons que grâce aux TIC, de nombreux pays dans le monde tels que les États-Unis, le Japon, l’Angleterre, etc., sont devenus les pays du savoir, de la recherche scientifique et de l’information. Ces pays informatisés apportent à leurs citoyens différentes chances et opportunités dans divers domaines : le commerce, la santé, l’enseignement, etc. Ainsi, l’individu est appelé à développer de nouvelles compétences et à élargir, plus ou moins, sa vision vis-à-vis des nouvelles technologies et de l’Internet. Nous constatons en tant qu’enseignante de FLE à l’université algérienne que nos collègues s’intéressent, eux aussi, de plus en plus à l’usage des TIC et font appel quotidiennement à l’outil informatique dans leurs pratiques de classe notamment pour la préparation des cours et des sujets d’examens. Nous nous sommes alors demandé :

  • Quel est le degré de contribution des TIC dans la pratique pédagogique des enseignants de FLE à l’université algérienne ?

  • Les enseignants de FLE à l’université algérienne sont-ils suffisamment formés pour utiliser l’outil informatique dans leurs pratiques pédagogiques ?

  • L’université algérienne met-elle à la disposition des enseignants de FLE les outils informatiques nécessaires à l’élaboration de leurs tâches pédagogiques ?

Pour répondre à ces questions de départ, nous avons mené une enquête par le biais d’un questionnaire transmis à une population de 30 enseignants de FLE à l’université de Batna 2. Nous avons cherché à décrire la situation actuelle de l’intégration des TIC dans cette université algérienne et le degré de contribution de ces nouvelles technologies dans les pratiques pédagogiques des enseignants.

1. TIC : Enseignement et formation

Les terrains principaux de notre cadre théorique se rapportent principalement à l’usage et à la formation des enseignants de FLE aux TIC, à la contribution des nouvelles technologies en classes de langues étrangères et aux difficultés qui affectent l’introduction des TIC à l’université algérienne.

Certes, ces nouvelles technologies (TIC) ont un impact important sur le monde professionnel et les lieux du savoir tels que l’université. Cette dernière est, ainsi, appelée à les intégrer et à les exploiter en son sein, afin qu’elle puisse affronter, aujourd’hui, les aspirations sociales et répondre aux besoins des étudiants.

Devauchelle (2012) estime que sur le plan de l’enseignement, les enjeux des TIC sont, en fait, très importants. Ils s’avèrent être de véritables auxiliaires qui permettent une meilleure diffusion de l’information, métamorphosent le lien pédagogique entre l’enseignant et ses apprenants et modifient la relation au savoir. Ils permettent aussi, l’accroissement des compétences disciplinaires et les compétences transversales. Quant à Klein, il affirme à ce sujet que le numérique accentue, non seulement, la motivation des apprenants des langues étrangères, mais possède aussi d’autres avantages. L’auteur dit à ce sujet qu’ « Au-delà de cet heureux effet, indirect, d’ordre psychologique, les technologies numériques, dans leurs usages pédagogiques, sont des outils à part entière d’apprentissage, modifiant profondément les stratégies des élèves pour apprendre, et des professeurs pour faire apprendre » (Klein, 2013 :8).

Pour ce qui est de l’usage des TIC lors de l’enseignement/ apprentissage du FLE, de nombreux didacticiens ont étalé ses différents bienfaits. Guichon dit à ce propos que « Les TIC peuvent apporter une valeur ajoutée pour développer des compétences langagières. » (Guichon, 2012 : 09) Les chercheurs Pouts-Lajus et Riché- Magnier (1998), abordent quant à eux, la dimension interculturelle et pluridisciplinaire de l’Internet et la richesse de l’univers numérique. Cet aspect avantageux des TIC favorise les échanges linguistiques entre des apprenants issus de pays différents. Les deux auteurs estiment que « Les réseaux, parce qu’ils sont fondés sur une logique internationale, créent des situations particulièrement motivantes pour l’apprentissage des langues » (Pouts-Lajus et Riche-Magnier, 1998 : 75).

En outre, ces outils informatiques sont d’usage facile et offrent, à volonté, aux enseignants et aux apprenants de FLE des documents authentiques et des ressources pédagogiques audiovisuelles très riches.

2. TIC : Enquête au sein de l’université algérienne

Notre enquête par questionnaire s’est effectuée auprès des enseignants du département de français de l’université de Batna 2. Ce questionnaire se compose, en fait, d’une liste de 15 questions classées en 4 parties. Nous cherchions d’abord à connaître le profil des enseignants universitaires. Nous voulions ensuite connaître les outils et les équipements informatiques qui sont mis à leur disposition dans leur lieu de travail. Nous nous sommes aussi intéressés à la formation personnelle des enseignants aux TIC et au degré de contribution de ces nouvelles technologies dans leurs pratiques pédagogiques en classe de FLE. Nous cherchions, enfin, à connaître les points de vue de notre population d’enseignants interrogée quant à l’usage des TIC en classe de FLE avec des apprenants universitaires ; aux opportunités qu’elles peuvent offrir et aux compétences qu’elles peuvent développer.

3. Usage des TIC en classe de FLE à l’université algérienne

Nous présentons, ci-dessous, le bilan de cette enquête par questionnaire effectué auprès des enseignants du département de français de l’université de Batna 2.

3.1. Profil des enseignants interrogés

Les résultats montrent qu’une majorité féminine domine dans le secteur de l’enseignement du FLE à l’université algérienne (27 femmes - soit 90 % de la population interrogée) par rapport à une minorité masculine (3 hommes soit 10 % de la population interrogée).

Quant à l’âge, nous constatons que la majorité des enseignants interrogés est âgée entre 35 à 50 ans (25 enseignants interrogés) représentant 83,33 % de la totalité de notre échantillon. Nous pouvons donc dire que la nouvelle génération des enseignants universitaires est surtout constituée de jeunes et de femmes.

3.2. Outils et équipements informatiques utilisés

Les données montrent que tous les enseignants interrogés (soit 100 % du public interrogé) utilisent les équipements informatiques personnels pour la préparation des cours et des sujets d’examens, pour toute recherche pédagogique nécessitant l’usage d’un matériel informatique (ordinateurs, tablettes, imprimantes, réseau Internet, etc.) ainsi que dans leurs classes, en présence des apprenants lorsque le cours en nécessite.

Le seul équipement informatique dont dispose l’université se résume en un vidéoprojecteur (5 vidéoprojecteurs sont rangés dans le bureau du chef de département au 3e étage). 46 % des enseignants interrogés avouent que c’est une véritable contrainte pour eux de monter chaque fois au troisième étage, de demander l’autorisation du chef de département, de faire la queue avec d’autres enseignants, pour récupérer le seul équipement informatique disponible au sein de leur université qu’est le vidéoprojecteur. 67 % des enseignants disent être découragés à utiliser les équipements informatiques dans leurs classes ; d’autres enseignants (soit 35 % seulement de la population interrogée) font l’effort de se munir de leur propre équipement informatique (ordinateurs, enceintes, documents audio, partage d’Internet du réseau téléphonique, etc.) insistant sur le fait que leurs modules exigent impérativement la présence de matériels informatiques dans les salles de cours (tel le module de l’expression et la compréhension orale).

Certains enseignants (soit 53 % du public interrogé) notamment ceux des modules visant l’enseignement de la culture et de la civilisation françaises avouent aimer avoir les moyens matériels pour pouvoir diffuser des documents audiovisuels à leurs apprenants se rapportant à la culture française au lieu d’assurer de simples cours théoriques.

3.3. Formation des enseignants/Avis des enseignants relatifs à l’usage des TIC en classe de FLE

85 % des enseignants interrogés avouent ne jamais avoir bénéficié de formation aux TIC et qu’ils se sont formés d’une façon intuitive en autodidactes. Ces mêmes enseignants aimeraient, toutefois, bénéficier de formation aux nouvelles technologies jugeant cette formation très utile pour leur développement personnel et qu’elle optimiserait leur usage des TIC en classe de FLE.

Quant aux recours aux TIC en classe de FLE, tous les enseignants interrogés (soit 100 % de la population interrogée) disent que les outils informatiques font partie de leur quotidien, notamment :

  • Pour la préparation des cours et des sujets d’examen : les enseignants disent recourir au réseau Internet quotidiennement pour préparer leurs cours, fiches pédagogiques ou sujets d’examen. En effet, la toile offre, de nos jours, à l’enseignant universitaire une source inépuisable de documents écrits, audio ou audiovisuels visant différentes compétences et servant différents modules de FLE : modules littéraires, module de la compréhension et de l’expression écrite, modules de syntaxe et de grammaire (cours et exercices), module de l’expression et de la compréhension orale, etc.

  • Pour les échanges de mails avec les étudiants, les enseignants et la diffusion d’informations sur les réseaux sociaux (affichage numérique) : tous les enseignants interrogés disent recourir, aussi, aux nouvelles technologies pour les échanges de mails avec leurs collègues enseignants pour les activités de coordination ainsi qu’avec leurs étudiants, notamment ceux qu’ils dirigent pour les mémoires de fin d’études, mémoires de master ou thèses de doctorat. Ces enseignants ajoutent que la diffusion des informations les concernant ou concernant leurs modules par les réseaux sociaux (page Face book du département) leur fait économiser des déplacements sur leur lieu de travail.

  • Pour la motivation des apprenants et l’apprentissage du FLE dans un cadre ludique, une majorité des enseignants interrogés (soit 88 % de la population interrogée) estiment que les apprenants sont plus motivés à l’apprentissage de la langue étrangère lorsque le cours est accompagné d’équipements informatiques. Selon ces mêmes enseignants, les apprenants montrent un intérêt particulier relatif aux TIC et aimeraient, à leur tour, que leurs salles de cours soient équipées de matériels informatiques au quotidien tels (Data show, computer, Réseau the internet, etc.) jugeant que l’apprentissage d’une langue vivante à l’université algérienne devrait suivre le rythme du monde développé et que leur université devrait s’inspirer des universités européennes pour généraliser l’usage des TIC dans les salles de cours.

4. Pistes pédagogiques relatives à l’usage des TIC en classe de FLE à l’université algérienne

De nos jours, les TIC devraient constituer des outils pédagogiques à usage quotidien en classe de FLE à l’université algérienne. Elles sont destinées à être utilisées aussi bien par l’enseignant que par les étudiants. Ainsi, leur intégration dans les pratiques pédagogiques des enseignants universitaires améliorerait nettement l’apprentissage et réduirait l’échec scolaire de l’apprenant lors de l’apprentissage d’une langue étrangère. Pour atteindre cet objectif, nous pensons que ces enseignants de FLE devraient pouvoir développer chez eux ainsi que chez leurs apprenants les compétences nécessaires qui permettraient l’utilisation optimale des TIC. Toutefois, pour rendre possible et facile l’intégration de ces nouvelles technologies dans les pratiques pédagogiques et professionnelles de l’enseignant universitaire, la formation de ce dernier s’avère importante. En effet, il semblerait que la croissance des compétences technologiques et transversales exercerait un rôle remarquable dans la réussite du processus d’intégration des TIC. Cependant, nous constatons à travers notre enquête de terrain que les enseignants universitaires de FLE réussissent faiblement à intégrer les TIC dans leurs classes de cours, et qu’elles sont très rarement utilisées comme auxiliaire pédagogique. En fait, tel que le confirment de nombreux enseignants interrogés (soit 65 % de la population interrogée) de nombreux problèmes d’ordre organisationnel paralysent l’intégration des TIC dans leurs classes de cours comme : les programmes surchargés ; le manque de temps ; le manque de prises électriques en salles de cours ; le manque d’équipements ; etc.

En réalité, les TIC aident l’enseignant universitaire à préparer ses cours, ses fiches pédagogiques ou ses sujets d’examen à la maison, mais l’accompagnent rarement sur son lieu de travail bien que de nombreux chercheurs appellent à l’intégration des TIC dans le domaine de l’enseignement des langues, de moderniser l’école et l’université et de fournir d’autres atmosphères d’apprentissages adéquates à la société moderne d’aujourd’hui. (Mangenot, 2000 : 40) estime à ce sujet que (l’intégration des TIC) « c’est quand l’outil informatique est mis avec efficacité au service des apprentissages ». Guichon appuie ces propos en disant que :

L’introduction d’une nouvelle technologie dans les pratiques pédagogiques ne mérite le nom d’intégration qu’aux conditions suivantes :

  • Une utilisation prolongée ;

  • La négociation de changements, induits par l’introduction de la nouveauté par l’enseignant ou le groupe d’enseignants ;

  • La perception d’un gain pédagogique par l’enseignant et par les autres personnes impliquées dans la situation éducative. (Guichon, 2012 : 56)

Conclusion

Cette enquête réalisée auprès des enseignants du département de français de l’université de Batna 2, nous a amené à constater que le processus d’intégration des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) en classe de cours à l’université algérienne n’en est qu’à ses débuts, et son usage à des fins pédagogiques par des enseignants de FLE demeure très restreint. Au moment où cette nouvelle génération d’enseignants manipule quotidiennement les nouvelles technologies dans leur vie quotidienne pour se divertir ou pour la préparation des cours et sujets d’examens, l’université ne leur offre pas la chance d’exploiter ces outils informatiques à des fins pédagogiques en classe avec leurs apprenants. On observe, malheureusement, une véritable dissociation entre l’université et le nouveau mode de vie des enseignants-chercheurs. Des enseignants qui ont l’ambition d’être formés davantage aux TIC ; que leur université s’inspire des universités européennes pour passer à une nouvelle ère d’enseignement par le numérique.

Devauchelle, Bernard. 2012. Comment le numérique transforme les lieux du savoir ? FYP éditions.

Guichon, Nicolas. 2012. Vers l’intégration des TIC dans l’enseignement des langues. Paris : Didier.

Klein, Catherine. 2013. Les usages du numérique pour l’enseignement du FLE/FLS/FLSCO. L’école numérique (16, juin 2013), 8-11.

Mangenot, François. 2000. L’intégration des TICE dans une perspective systémique. Langues modernes, 3 (Les nouveaux dispositifs d’apprentissage des langues vivantes), 38-44.

Pouts-Lajus, Serge et Riche-Magnier, Marielle. 1998. L’école à l’heure d’Internet : les enjeux du multimédia dans l’éducation. Paris : Nathan Pédagogie.

Amèle HAMDAD

Université Batna 2

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