L’emprunt linguistique dans l’expression d’un français algérien : étude des BD de Farid Boudjellal

الاقتراض اللغوي في التعبير عن فرنسية جزائرية: دراسة لرسوم فاريد بودجيلال الهزلية

Linguistic Borrowing in the Expression of Algerian French: A Study of Farid Boudjellal’s Comics

Naïma Yettou

p. 485-495

Naïma Yettou, « L’emprunt linguistique dans l’expression d’un français algérien : étude des BD de Farid Boudjellal », Aleph, Vol 11 (3-2) | 2024, 485-495.

Naïma Yettou, « L’emprunt linguistique dans l’expression d’un français algérien : étude des BD de Farid Boudjellal », Aleph [], Vol 11 (3-2) | 2024, 04 June 2024, 21 November 2024. URL : https://aleph.edinum.org/12528

Cet article examine l’emprunt linguistique dans le français algérien à travers les bandes dessinées de Farid Boudjellal, en particulier « Le Beurgeois ». L’analyse révèle des particularités morphosémantiques, soulignant les enjeux identitaires et culturels de ces emprunts. L’emprunt linguistique, dans la création littéraire, joue un rôle crucial dans la construction d’identités hybrides et l’expression d’expériences multiculturelles. Pour Boudjellal, il reflète un attachement à ses racines algériennes et une ouverture à la diversité culturelle, enrichissant ainsi le registre linguistique et esthétique de ses œuvres. La méthodologie adoptée offre une vision exhaustive des dynamiques linguistiques, révélant comment les emprunts contribuent à la richesse du neuvième art et à une identité algérienne au sein du français.

تستعرض هذه المقالة الاقتراض اللغوي في الفرنسية الجزائرية من خلال الرسوم الهزلية لفريد بودجيلال، خاصةً « البرجوازي ». تكشف التحليل عن خصوصيات مورفوسيمانتية، مسلطة الضوء على التحديات الهووية والثقافية لهذه الاقتراضات. يلعب الاقتراض اللغوي في الإبداع الأدبي دورًا حاسمًا في بناء الهويات الهجينة والتعبير عن التجارب المتعددة الثقافات. بالنسبة لبودجيلال، يعكس ذلك ارتباطًا بجذوره الجزائرية وانفتاحًا على التنوع الثقافي، مما يثري السجل اللغوي والجمالي لأعماله. توفر المنهجية المتبعة رؤية شاملة للديناميات اللغوية، كاشفة كيف تساهم الاقتراضات في إثراء الفن التاسع وإبراز الهوية الجزائرية داخل الفرنسية.

This article examines linguistic borrowing in Algerian French through Farid Boudjellal’s comics, particularly « Le Beurgeois ». The analysis reveals morphosemantic peculiarities, highlighting these borrowings' identity and cultural challenges. In literary creation, linguistic borrowing is crucial in constructing hybrid identities and expressing multicultural experiences. For Boudjellal, it reflects an attachment to his Algerian roots and an openness to cultural diversity, enriching his works' linguistic and aesthetic register. The adopted methodology provides a comprehensive view of linguistic dynamics, revealing how borrowings contribute to the richness of the ninth art and an Algerian identity within French.

Introduction

Les emprunts linguistiques représentent un phénomène sociolinguistique crucial dans l’évolution et l’enrichissement des langues. Lorsqu’une langue intègre des éléments lexicaux ou sémantiques provenant d’une autre, ce processus, appelé emprunt, se manifeste de manière particulièrement marquée dans les contextes de contact linguistique, où les interactions entre locuteurs de langues différentes facilitent le transfert lexical. Cet article se concentre spécifiquement sur les emprunts externes, c’est-à-dire ceux provenant d’autres langues, et leur usage dans le cadre particulier de la bande dessinée (BD).

La bande dessinée, en tant que médium populaire et culturel, constitue un terrain fertile pour l’étude des emprunts externes. En effet, la BD est souvent le reflet de la société et des influences linguistiques qu’elle subit. Les auteurs de BD intègrent fréquemment des termes étrangers pour diverses raisons : créer une atmosphère spécifique, caractériser des personnages, ou refléter des réalités culturelles précises.

Maurice Pergnier (1989) définit l’emprunt externe comme une interférence entre deux langues en contact via leurs locuteurs. Cette dynamique est souvent motivée par des besoins de nommer de nouvelles réalités, des influences culturelles ou des innovations technologiques. Albert Dauzat (1967) ajoute que l’emprunt externe se distingue par la structure phonétique et orthographique inhabituelle des termes empruntés, ce qui révèle leur origine étrangère aux locuteurs natifs. Cette incorporation peut être motivée par la proximité géographique, des relations commerciales, ou des influences culturelles variées.

1. Les Emprunts Externes en Bande Dessinée

Dans la bande dessinée, les emprunts externes jouent un rôle clé dans la construction narrative et culturelle. Les auteurs utilisent des termes étrangers pour donner de l’authenticité à leurs récits et refléter la diversité culturelle. Les emprunts peuvent être lexicaux, sémantiques ou des calques.

1.1 Emprunts Lexicaux

Les emprunts lexicaux se produisent lorsque des mots entiers sont intégrés dans une langue cible. Par exemple, dans « Le Beurgeois » de Farid Boudjellal, des mots arabes sont intégrés au français pour refléter la réalité multiculturelle des personnages.

Terme emprunté

Origine

Signification en français

Harissa

Arabe

Sauce piquante

Couscous

Arabe

Plat de semoule

Médina

Arabe

Vieille ville

1.2 Emprunts Sémantiques

Les emprunts sémantiques impliquent l’adoption de significations nouvelles pour des mots existants sous l’influence d’une autre langue. Cette adaptation peut enrichir le lexique d’une langue en y ajoutant des nuances culturelles spécifiques.

Terme français

Nouveau sens (influencé par larabe)

Bled

Village natal

Caïd

Chef, leader

Kif-kif

Pareil, semblable

1.3 Calques

Les calques sont des expressions ou des structures grammaticales traduites littéralement d’une langue à une autre. Ils témoignent d’une fusion subtile entre les langues, créant des constructions uniques qui transcendent les frontières linguistiques.

Expression calquée

Langue source

Traduction littérale

Signification en français

Lune de miel

Anglais

Honeymoon

Voyage de noces

Gratte-ciel

Anglais

Skyscraper

Immeuble très haut

Faux-ami

Anglais

False friend

Mot ressemblant mais différent

2. Emprunts Externes dans « Le Beurgeois » de Farid Boudjellal

L’analyse des emprunts dans « Le Beurgeois » de Farid Boudjellal montre comment les termes et expressions empruntés enrichissent la narration. Les emprunts apportent une authenticité et une profondeur culturelle, offrant au lecteur une perspective nuancée des personnages et de leur environnement. Les termes arabes intégrés dans le texte reflètent les dynamiques sociolinguistiques de la société algérienne et la construction d’une identité multiculturelle.

Terme/emprunt

Contexte dutilisation

Impact sur la narration

Beurgeois

Titre de l’œuvre

Jeu de mots sur « bourgeois » et « beur »

Henné

Description des coutumes

Enrichit la description culturelle

Souk

Scène de marché

Atmosphère authentique

« Le Beurgeois » est une œuvre captivante de Farid Boudjellal, se déployant dans le monde de la bande dessinée. L’histoire tourne autour de Mouloud Benbelek, un Beur et milliardaire à l’ascension fulgurante, dépeignant une revanche teintée d’humour féroce. Vaniteux, puéril et capricieux, Benbelek surmonte ses problèmes d’intégration en défiant la police, le monde financier, le maire de sa ville et même son vieux copain. Entre arrogance, rage et esprit cabotin, l’histoire promet des rebondissements où les rêves audacieux de Benbelek se transforment en cauchemars pour les autres.

Dans cette œuvre, nous plongeons dans un univers où les emprunts linguistiques externes tissent une trame complexe. Notre étude se concentre spécifiquement sur ces emprunts, perçus comme des expressions éloquentes d’une identité distincte, en marge de l’identité française. Cette exploration nous offre un regard perspicace sur la manière dont ces emprunts, enracinés dans des références extérieures, contribuent à façonner une identité singulière au sein de la narration de « Le Beurgeois ».

L’analyse des emprunts externes, représentés par tous les emprunts faits aux autres langues étrangères, se fera en adoptant une approche méthodologique consistant à présenter les résultats de manière systématique à travers des tableaux détaillant les emprunts lexicaux et leurs sous-catégories spécifiques. Nous distinguons l’emprunt lexical intégré, l’emprunt lexical non intégré et le xénisme, ainsi que l’emprunt sémantique et le calque, avec ses deux variantes : le calque sémantique et le calque formel. Chacun de ces tableaux est complété par une analyse approfondie, offrant des commentaires pertinents sur les emprunts identifiés et consignés dans le cadre de notre étude.

Avant d’entamer l’analyse des emprunts externes, il est pertinent de s’attarder sur un néologisme captivant, le titre de la bande dessinée de Farid Boudjellal, « Le Beurgeois ». Ce terme innovant s’érige par analogie au mot « Bourgeois », fusionnant astucieusement deux composantes distinctes. La première, « Beur », dérive du verlan du mot « Arabe » « عربي » signifiant « une personne d’origine maghrébine ». La seconde partie, « geois », décomposable en « g + eois ». « Eois » constitue un suffixe formant des substantifs initiaux en majuscule, indiquant l’origine de la personne. Il est intéressant de souligner que le « G » persiste de « bourg », dérivant du latin « burgus », lui-même issu du germanique ancien « burg », évoquant une forteresse ou un village fortifié.

2.1. Les emprunts lexicaux

Concernant les emprunts lexicaux, notre tableau révèle un total de huit emprunts, dont deux issus de la langue anglaise, un de la langue germanique, et un de l’Afrique centrale. Les autres proviennent de la langue arabe et du dialecte arabe algérien. Il est notable que la lexie est complètement transférée, tant dans sa forme que dans son sens.

Pour les emprunts de la langue anglaise, leur intégration dans la langue est totale, étant donné que le système de la langue anglaise présente des similitudes avec celui du français en termes de règles lexicologiques, de morphologie des mots et de système phonique.

En revanche, les mots empruntés à la langue arabe montrent une adaptation graphique et phonique, résultant de l’absence de certains phonèmes ou graphèmes présents en arabe mais absents en français. Cette observation a conduit à une adaptation morphologique et phonique.

En ce qui concerne les emprunts lexicaux de type xénisme tels que « marabout », « gris-gris », « talisman », « couscoussière », il est évident que ces termes reflètent des réalités spécifiquement étrangères. Ils sont utilisés pour désigner des concepts et des objets provenant d’autres cultures, notamment algérienne, soulignant ainsi leur nature étrangère dans le lexique français.

À cet effet, nous pouvons adhérer à la perspective de Guilbert, qui considère que les xénismes dépeignent des réalités dépourvues d’équivalent dans la langue du locuteur. Selon lui, l’intégration délibérée de ces termes dans l’élocution du locuteur témoigne de l’inclusion consciente de références à un contexte étranger. Ainsi, le xénisme peut être perçu comme engendrant un effet d’exotisme.

Le xénisme, bien qu’associé à un effet d’exotisme, prend une dimension particulière dans l’œuvre de Farid Boudjellal. En tant qu’auteur issu d’une double culture, française par sa naissance et algérienne par ses origines parentales, Boudjellal, à travers sa plume acérée, exprime fièrement cette dualité culturelle. Cette affirmation se manifeste dans ses personnages, notamment Mouloud Benbelek, qui incarne une facette de la population française issue de l’immigration, confrontée aux défis d’intégration, avec des résultats souvent mitigés. Ainsi, Boudjellal semble non seulement revendiquer son appartenance à la culture algérienne, mais également contribuer à la valorisation de cette identité, ancrée dans une réalité nord-africaine, en particulier maghrébine et arabo-musulmane.

Emprunts

Nombre d’occurrences

Types d’emprunt

Type d’intégration

Sens de l’emprunt

Langue source

Arabe

08

Intégré

Graphique et phonique

Personne arabophone

Arabe

Marabouts

01

Xénisme

Graphique et phonique

Un homme pieux, un ermite.

Arabe

Un gris-gris

01

Xénisme

Aucune

Porte-bonheur

Afrique centrale

Talisman

01

Xénisme

Graphique et phonique

Porte-bonheur

Arabe

Nique

14

Intégré

Aucune

Familier : Tromper, duper, se moquer

Germanique

Couscoussière

01

Xénisme

Graphique et phonique

Ustensile pour cuire le couscous

Arabe algérien

Boss

01

Intégré

Aucune

Familier : Patron

Anglais

Bosses

01

Intégré

Aucune

Familier : Travailler

Anglais

2.2. L’emprunt sémantique

Nous n’avons relevé qu’un seul exemple : « je vais résoudre le problème des banlieues », où seule la signification du verbe anglais « to resolve » est empruntée. L’utilisation du verbe « résoudre » dans le sens de « régler » ou « solutionner » constitue une adaptation sémantique du verbe anglais « to resolve », qui implique « trouver une solution à un problème ». C’est une nuance de sens que le verbe « résoudre » en français n’avait pas initialement. En français, le verbe « résoudre » signifie plutôt « transformer en ses éléments ou faire disparaître ».

2.3. Le calque

Nous avons enregistré 28 cas d’emprunts externes de type calque, comme indiqué dans le tableau ci-dessous. La plupart de ces calques sont formés à partir de l’arabe algérien, démontrant ainsi l’interférence linguistique résultant de la pratique bilingue des personnages de Boudjellal.

L’auteur souligne que son personnage principal, Mouloud Benbelek, est un milliardaire algérien (un Beur), illustrant ainsi une contamination inconsciente de l’influence de l’arabe algérien dans son langage et son discours.

Les calques enregistrés résultent de la modélisation d’expressions ou de lexies d’origine étrangère, soigneusement référencées. Ces lexies, principalement formelles, montrent que les locuteurs ont attribué un nouveau sens à un signifiant existant dans la langue cible, empruntant ainsi une valeur sémantique de la langue source. Cela a conduit à des traductions littérales des lexies étrangères, illustrant une transposition des termes ou une construction linguistique d’une langue dans une autre par le biais de la traduction.

Parmi les expressions relevées, on peut citer « il a le bras long », bien connue en français, qui illustre l’expression équivalente « avoir les épaules larges ». De plus, des expressions calquées de l’arabe standard, comme « je laisse la parole » (en réalité « je passe la parole » en français, dérivant de l’arabe standard الكلمة أترك), ainsi que des expressions comme « j’ai grandi ici » (équivalant à « j’ai vécu dans cet endroit » en français, calqué à partir de l’arabe algérien « كبرت هنا » - « kbert hna »), sont observées. Les exemples sont abondants, et leur explication détaillée est fournie dans le tableau ci-dessous.

En conclusion, la perspicacité linguistique révélée par ces calques témoigne de la complexité des échanges culturels au sein du langage. Les calques enregistrés manifestent une fusion subtile entre les langues, créant de nouvelles significations. L’utilisation judicieuse d’expressions étrangères, parfois littéralement traduites, transcende les frontières linguistiques pour donner naissance à des constructions uniques.

Ces emprunts, qu’ils proviennent du français ou de l’arabe algérien, révèlent une richesse sémantique émergente, façonnée par la créativité des auteurs. Ainsi, l’influence de l’arabe algérien se révèle non seulement comme une contamination, mais aussi comme une source d’enrichissement linguistique, tissant un réseau subtil de connexions entre les langues et les cultures.

Emprunts (calque)

Origine de la lexie calquée

Types d’emprunt

Sens de l’emprunt dans la langue source

Langue source

Votre Boss m’attend

J’ai un RDV avec votre patron

Formel

المعلم تاعك راهو يستنى فيا

Arabe algérien

Cherchez-en un autre …

Vérifie s’il y a un autre nom

Formel

حوسي على واحد آخر

Arabe algérien

Car sinon

Pour ces raisons

Formel

خاطر على

Arabe algérien

Car personne ne peut connaître les jeunes mieux que moi

Car personne ne comprend les jeunes mieux que moi

Formel

يعرف يقدر

Arabe algérien

Comme eux

Comme les autres personnes

Formel

هوما كيما

Arabe algérien

J’ai grandi ici

J’ai vécu dans cet endroit

Formel

هنا كبرت

Arabe algérien

J’étais seul incompris de tous

Personne ne me comprenait

Formel

يفهمني ماكان واحد

Arabe algérien

Personne ne voulait m’approcher

Les gens ne voulaient pas de contact avec moi

Formel

مني يقرب حب ما واحد

Arabe algérien

Passez-moi le responsable

Je voudrais parler au responsable

Formel

جوزلي

Arabe algérien

J’ai vu

Je comprends, je l’ai remarqué

Formel

شفتها

Arabe algérien

Dis-moi Mouloud

Mouloud, je peux te poser une question

Formel

قولي

Arabe algérien

Vous ne savez pas à qui vous parlez

Vous n’avez aucune idée de qui je suis

Formel

تهدر راك من مع متعرفش

Arabe algérien

J’ai attrapé des jeunes

J’ai arrêté des jeunes

Formel

حكمت

Arabe algérien

Je vois une autre solution

Je vous propose une autre solution

Formel

نشوف راني

Arabe algérien

Te souviens-tu ……

Te rappelles-tu

Formel

شافي راك

Arabe algérien

Je te donne un doigt

Tu n’auras aucun sou

Formel

صبع نعطيك

Arabe algérien

Je vous aurai cassé en deux

Je vous massacrerai

Formel

زوج على نقسمك

Arabe algérien

Je vais vous laisser

Au revoir

Formel

نخليك رايحة راني

Arabe algérien

Nous sommes en liaison permanente

Nous sommes en contact permanent

Formel

علاقة, إتصال

Arabe

Il s’est vanté devant moi

En ma présence

Formel

قدامي

Arabe algérien

Elle est bonne

Elle est belle

Formel

مليحة

Arabe algérien

Je l’éduque

Je le corrige

Formel

فيه نربي

Arabe algérien

Achève-le

Tue-le

Formel

عليه كمل

Arabe algérien

Si tu me touches encore

Si tu me frappes encore une fois

Formel

لوكان تعاود تمسني

Arabe algérien

Je gueule « au secours ! ! »

J’appelle les secours

Formel

نعيط

Arabe algérien

Je soigne simplement l’éducation de mon neveu

Je corrige le mauvais comportement

Formel

تع التربية نسقم راني

Arabe algérien

Je laisse la parole

Je passe la parole

Formel

الكلمة أترك

Arabe

Ne l’écoutez pas

Ne le croyez pas

Formel

متسمعلوش

Arabe algérien

Il a le bras long

Il a les épaules larges

Formel

طويلة ذراعو

Arabe algérien

Conclusion

Cette étude sur les emprunts linguistiques dans la bande dessinée « Le Beurgeois » de Farid Boudjellal met en lumière la richesse et la complexité des échanges linguistiques entre le français et l’arabe algérien. Les emprunts externes, qu’ils soient lexicaux, sémantiques ou des calques, jouent un rôle crucial dans la construction de l’identité culturelle et linguistique des personnages et de l’œuvre elle-même. L’auteur utilise ces emprunts non seulement pour enrichir le texte, mais aussi pour refléter la réalité multiculturelle et les dynamiques sociolinguistiques de la société algérienne.

L’utilisation judicieuse d’expressions étrangères, parfois littéralement traduites, transcende les frontières linguistiques pour donner naissance à des constructions uniques. Ces emprunts révèlent une richesse sémantique façonnée par la créativité des auteurs, et l’influence de l’arabe algérien se manifeste comme une source d’enrichissement linguistique. Ainsi, les emprunts linguistiques dans « Le Beurgeois » sont un outil puissant pour exprimer une identité multiculturelle, favoriser l’ouverture à la diversité linguistique et culturelle, et renforcer le réalisme de l’œuvre. Cette étude contribue à une meilleure compréhension des dynamiques linguistiques dans le neuvième art et souligne l’importance de l’emprunt linguistique dans la création littéraire contemporaine.

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