Professeur émérite rattaché au département de linguistique et de traduction de l’Université de Montréal depuis 1978, et cofondateur de l’OLST (l’Observatoire de linguistique Sens-Texte), I. Mel’čuk a impulsé, en collaboration avec. A. Žolkovskij et de J. Apresjian, la théorie linguistique Sens-Texte, qui se présente comme théorie d’encodage.
Anciennement professeur titulaire au département de linguistique et de traduction de l’Université de Montréal, Alain Polguère exerce en qualité de professeur depuis 2009 à l’Université de Lorraine. Il s’intéresse au domaine de l’informatisation de la lexicographie et à ses applications en didactique des langues.
En 2007 paraît la première édition de l’ouvrage intitulé Lexique actif du français : L’apprentissage du vocabulaire fondé sur 20 000 dérivations sémantiques et collocations du français (désormais le LAF). Au fil des 525 pages du livre est présentée une approche dédiée à l’exploitation didactique du lexique sur la base des fondements de l’approche linguistique Sens-Texte. Par « actif » associé au mot « lexique », les auteurs entendent tout processus d’encodage et non de décodage basé sur la correspondance entre l’énoncé et de sa représentation sémantique.
Publié en 4 volumes, le LAF est une introduction méthodique à la lexicologie explicative et combinatoire et une initiation à la théorie linguistique Sens-Texte. Destiné aux professionnels de l’enseignement du français et aux apprenants, cet ouvrage se compose de deux parties d’une inégale longueur.
La première partie, générale et introductive, de 400 pages, s’articule autour de quatre chapitres ayant pour objectif de préparer le lecteur à l’appropriation des informations contenues dans la seconde partie et à leur exploitation.
Le chapitre 1 présente les notions de base nécessaires à l’étude du lexique dans un cadre pédagogique. Il détaille les caractéristiques de ce dictionnaire et explique en quoi il se distingue des dictionnaires d’usage courant. Sa nomenclature consiste en un échantillon lexical du français, permettant à l’usager d’encoder sa pensée à l’aide des descriptions formalisées des dérivations sémantiques et des collocations modélisées selon le principe de lien lexical orienté appliqué aux lexies retenues, se déclinant en formalisme mathématique. Ce formalisme est représenté par la formule f(x) = y, correspondant à lien lexical (lexie) = expressions possibles du lien lexical.
Dans la troisième section, les auteurs passent en revue les deux critères appliqués à la configuration de la nomenclature que sont la fréquence d’emploi et la fonction lexicale. La quatrième section, quant à elle, énumère les ouvrages lexicographiques qui portent pareillement un intérêt particulier aux dérivations sémantiques ou aux collocations.
Le deuxième chapitre est dédié à la description de la structure du LAF. Les auteurs présentent une initiation à la terminologie et aux symboles lexicographiques adoptés. Les chiffres romains et arabes, les lettres et les lexies en petits majuscules renvoient à la macrostructure du LAF. En revanche, les propriétés du mot-vedette (vocable) constituent sa microstructure, comprenant les caractéristiques grammaticales, l’étiquette sémantique, la formule actancielle, les dérivations sémantiques et collocations, les exemples et la liste des locutions contenant le mot-vedette.
Pour une meilleure compréhension du mode de fonctionnement du LAF, les auteurs insèrent en fin de chapitre (p. 37) un récapitulatif « tutoriel » de l’ensemble de la structure, que nous reprenons en image.
Après avoir initié l’usager du LAF aux notions de base, aux concepts théoriques et à la configuration du dictionnaire, les auteurs réservent le troisième chapitre au mode d’emploi didactique de l’ouvrage. S’agissant d’un dictionnaire aidant l’usager à encoder sa pensée, le mode d’organisation des lexies se réalise dans un rapport de hiérarchie hyperonymique-hyponymique ainsi que par champ sémantique. La conception du LAF suit le principe de « réseau lexical » sans pour autant renoncer à l’aspect linéaire de la présentation des définitions.
Le chapitre 4 rend compte du métalangage utilisé, qui y est présenté dans l’ordre alphabétique. Cette présentation s’étale sur douze (12) pages. Chaque formalisme est suivi d’une définition venant éclairer son usage dans la description sémantique.
La deuxième partie est entièrement consacrée à la description lexicographique proprement dite de la nomenclature, qui est illustrée par des exemples à la fin de chaque description. Nous présentons ci-dessous un exemple de cette partie (p. 100-101) :
Se concentrant sur un échantillon restreint du noyau du lexique français, composé de 386 vocables (mots non désambiguïsés) et 781 lexies (sens lexicaux spécifiques), la seconde partie se présente comme un dictionnaire d’encodage à proprement parler.
S’agissant d’un ouvrage lexicographique destiné au maniement pédagogique, ce dictionnaire s’achève sur deux annexes dont l’une regroupe les étiquettes sémantiques et l’autre répartit les lexies en champs sémantiques.
Le LAF se distingue par le mode de description des lexies, dont l’objectif est d’aider l’usager à encoder ce qu’il veut exprimer. En plus de la définition lexicographique des lexies décrites en fonction de leur étiquette sémantique, l’encodage des liens dérivationnels et collocationnels constitue un moyen métalinguistique efficace permettant de couvrir un large champ conceptuel. Le LAF, qui est un ouvrage tirant ses principes de modélisation et de description de la théorie Sens-Texte, ne manque pas de s’intéresser aux propriétés grammaticales et combinatoires des lexies décrites, propriétés permettant leur mise en texte de façon à ce que l’usager s’aligne sur les normes d’usage.