Doxa et discrimination : analyse comparative des dscours sur l'immigration de Jean-Marie et Marine Le Pen (2002-2012

الدُوكسا والتمييز: تحليل مقارن لخطابات جان ماري ومارين لوبان حول الهجرة (2002-2012)

Doxa and Discrimination: A Comparative Analysis of the Immigration Discourses of Jean-Marie and Marine Le Pen (2002-2012)

Razika Boubezari

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Razika Boubezari, « Doxa et discrimination : analyse comparative des dscours sur l'immigration de Jean-Marie et Marine Le Pen (2002-2012 », Aleph [En ligne], mis en ligne le 19 juillet 2024, consulté le 24 juillet 2024. URL : https://aleph.edinum.org/12435

En 2011, Marine Le Pen a succédé à son père Jean-Marie à la présidence du Front national. Dès son installation, elle a entrepris un grand travail visant à changer l’image du parti et à élargir ses assises électorales : «  la dédiabolisation  ». Or, cette «  transformation supposée  » est-elle bien réelle ? Dans le présent article, nous nous intéressons au thème de prédilection du parti d’extrême droite française : l’immigration. Dans une perspective comparative, entre les deux campagnes présidentielles de 2002 et 2012, nous analysons la doxa à laquelle font appel les deux leaders pour argumenter leurs discours de la discrimination.

في عام 2011، خلفت مارين لوبان والدها جان ماري في رئاسة الجبهة الوطنية. بمجرد تنصيبها، قامت بعمل كبير يهدف إلى تغيير صورة الحزب وتوسيع قاعدته الانتخابية : « نزع الشيطانية ». لكن هل هذا « التحول المفترض » حقيقي فعلاً؟ نركز في هذا المقال على الموضوع المفضل لحزب اليمين المتطرف الفرنسي : الهجرة. من منظور مقارن، بين الحملتين الرئاسيتين لعامي 2002 و2012، نقوم بتحليل العقيدة التي يعتمد عليها الزعيمان في مناقشة خطاباتهما حول التمييز.

In 2011, Marine Le Pen succeeded her father Jean-Marie as president of the National Front. As soon as she was installed, she undertook major work aimed at changing the image of the party and broadening its electoral base: “de-demonization”. However, is this “supposed transformation” actually real? In this article, we focus on the favorite theme of the French extreme right party: immigration. In a comparative perspective, between the two presidential campaigns of 2002 and 2012, we analyze the doctrine to which the two leaders appeal to argue their discourses of discrimination.

Introduction

Le présent article s’inscrit dans le cadre de l’analyse du discours et plus précisément dans la théorie de l’argumentation dans le discours telle que développée par R. Amossy (2021 [2006, 2000]). Il se situe également dans la lignée des travaux émergents en sciences du langage qui s’intéressent à circonscrire ce qui caractérise un discours de haine, que l’on soit dans un «  discours de haine directe  » (Lorenzi Bailly et Moïse 2021), ou dans un «  discours de haine dissimulée  » (Baider et Constantinou 2019).

La discrimination vise à «  mettre à distance  » des individus ou certains groupes afin de «  les essentialiser en fonction d’un trait spécifique (caractéristique sociale, origine ethnique, etc.)  » (Moïse, Hugonnier, Guellouz et Lorenzi Bailly 2021) Marque des idéologies totalitaires politiques, fondamentalistes et discours porteurs de radicalité, la discrimination est liée à la question de «  l’identité  » (comment se définit - on par rapport à un autre) (Sini 2021). Mise en mot dans le discours, elle tend essentiellement à alimenter le sentiment de haine envers l’Autre.

La haine est un sentiment qui se construit autour d’autres émotions à l’instar de la colère, du dégoût, de la honte et de la peur. Ces émotions, qui donnent naissance à des réactions de courte durée, une fois mises en discours, vont permettre au sentiment de haine de s’installer (Fracchiolla et Moïse 2021). Or, ces énoncés porteurs de haine ont la possibilité de se traduire de multiples façons :

Le discours de haine peut être défini comme toute manifestation discursive ou sémiotique incitant à la haine, qu’elle soit ethnique, raciale, religieuse, de genre ou d’orientation sexuelle, ainsi que le discours identitaire contre les migrants, les apologies des crimes de guerre, les propos homophobes ou sexistes. (Baider et Constantinou 2019)

Le discours de la discrimination repose sur plusieurs procédés argumentatifs, dont celui de la doxa. Entendue comme «  l’opinion commune dans une société donnée à une époque donnée  » (Angenot 2013 : 44), «  un fond d’idées, voire de préjugés qui, consciemment ou inconsciemment, représentent la mentalité d’une communauté  » (Schapira 1999 : 32), «  le savoir partagé d’une communauté à une époque donnée  » (Amossy 2006 : 104), la doxa s’actualise «  par une généralisation de l’opinion à valeur définitoire et entendue par le plus grand nombre, pour faire idéologie quand elle devient dominante  » (Moïse, Hugonnier, Guellouz et Lorenzi Bailly 2021 : 48). Elle apparaît sous différentes formes : l’idée reçue, la sentence (la parémie), les représentations, le stéréotype, l’argumentaire, etc. (Amossy 2021).

Le discours du parti de l’extrême droite française le Front National1 (désormais FN) sur l’immigration a déjà fait l’objet de condamnations pour incitation à la discrimination. Du père à la fille, la rhétorique mobilisée pour convaincre les électeurs se fonde entre autres sur une doxa. Dans le présent article, il sera question d’analyser la doxa durant les deux campagnes électorales de 2002 et de 2012. En effet, en 2002, Jean-Marie Le Pen (désormais JMLP) accède pour la première fois au second tour de la présidentielle. Cette victoire historique est alors qualifiée par la presse française de «  choc  ». L’année 2012 représente la première campagne présidentielle pour Marine Le Pen (désormais MLP). De ce fait, la problématique à laquelle nous essayerons de répondre est la suivante : sur quelle doxa repose le discours de la discrimination de JMLP et MLP sur l’immigration ? MLP a-t-elle été dans la continuité du discours de son père ou a-t-elle fait plus ou moins une rupture avec celui-ci en matière d’immigration ? 

Notre corpus est constitué de huit (8) discours ; quatre (4) énoncés par JMLP en 2002 : le discours du 27 janvier 2002 à Paris, du 17 février 2002 à Lyon, du 1er mai 2002 à Paris et du 2 mai 2002 à Marseille. Et quatre (4) discours prononcés par MLP en 2012 : il s’agit du discours du 15 janvier à Rouen, du 4 mars 2012 à Marseille, du 25 mars 2012 à Nantes et celui du 17 avril 2012 à Paris.

Nous analyserons d’abord différents extraits prononcés durant l’élection présidentielle de 2002 puis nous aborderons celle de 2012.

1. L’élection présidentielle de 2002

1.1. Contexte global

L’élection présidentielle de 2002 a connu la participation de seize (16) candidats, à leurs têtes figurent le président Jacques Chirac, son Premier ministre socialiste Lionel Jospin et Jean-Marie Le Pen. Elle s’est déroulée sous le poids des événements du 11 septembre 2001 marquée par une guerre mondiale contre le terrorisme ainsi qu’un drame perpétré en pleine campagne, le 27 mars à Nanterre lors d’une séance du conseil municipal, coûtant la vie à huit (8) personnes. Cette inquiétude sécuritaire devient alors l’un des thèmes principaux de cette campagne2

Pour JMLP, l’immigration est au centre du débat présidentiel et il ne manquera pas de rappeler à chaque fois son opposition à ce phénomène.

1.2. La doxa relative à l’immigration

Pour légitimer son discours sur l’immigration, JMLP s’appuie sur des «  lieux communs  » »qui s’expriment de différentes manières, mais qui relèvent surtout du «  domaine des représentations collectives, source des opinions individuelles, des préjugés, des superstitions  » (Schapira 2014 : 68).

Pour Denise Jodelet (1989), une représentation sociale est «  une forme de connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social  ».

Voici ci-dessous, la principale doxa mobilisée par le président du FN durant sa campagne de 2002.

1.2.1. L’invasion/colonisation

JMLP considère que le flux migratoire important vers la France a pris la forme et le caractère d’une colonisation. Examinons ces deux extraits :

(1) Ce que l’on a appelé dans l’histoire les grandes invasions, qui a matérialisé cette mort d’une civilisation, c’est ce qu’est en train de vivre notre temps hic et nunc. Il a, certes, dépendu pourtant, de la lucidité et de la volonté des responsables, de lutter contre ce risque ou de s’y soumettre. C’est ce dilemme qui matérialise ce qui nous sépare de l’établissement politicien de gauche et de droite qui jusqu’ici et sans doute demain s’est fait le complice de l’envahissement étranger tant par sa politique malthusienne nationale que par son utopie européiste, libre-échangiste et mondialiste. Déclaration de JMLP, le 27 janvier 2002 à Paris.

(2)… À cause de la folle législation sur le regroupement familial, initié par Chirac en 1974, elle (l’immigration étrangère) a pris le caractère d’une colonisation de peuplement menaçant la France d’une substitution de population et donc d’une servitude par conquête silencieuse. Déclaration de JMLP, le 17 février 2002 à Lyon.

JMLP affirme dans l’énoncé (1) que la France et l’Europe en général sont en train de subir une «  invasion  » comparable à celle qu’a vécue l’Empire romain d’occident au Ve siècle. L’installation des Barbares venus du Nord et de l’Est de l’Europe a conduit à l’effondrement progressif de l’empire. Il accuse les dirigeants politiques d’être les «  complices  » »de cet «  envahissement étranger  », car ils n’ont rien fait pour l’arrêter. Le locuteur recourt donc à des données historiques qui représentent un savoir encyclopédique pour défendre sa thèse coloniale.

Dans l’exemple (2), le leader du FN estime que le regroupement familial décidé en 1974constitue une véritable «  colonisation de peuplement  ». En effet, cette procédure qui permet à un étranger en situation régulière d’être rejoint par des membres de sa famille est considérée par le locuteur comme une «  menace  » pouvant aboutir au remplacement de la population française et européenne par une population non européenne originaire en premier lieu d’Afrique et du Maghreb3 La colonisation est donc «  silencieuse  », et entraînera la soumission du peuple français aux migrants, devenus de plus en plus nombreux sur son territoire.

À travers ces paroles, c’est l’image de «  l’ennemi conquérant  » que le président du FN veut que les Français voient en l’étranger. Elles provoquent la peur et la méfiance de l’Autre et sont par conséquent incitatrices à la haine.

1.2.2. La submersion

(3) Chef de l’État, il a laissé dépérir sa force : l’autorité, mais l’autorité est d’abord morale, or Chirac est un homme perdu de réputation, un immodèle. Président d’une République une et indivisible, il en prépare la submersion par l’immigration. Déclaration de JMLP, le 1er mai 2002 à Paris.
(4) L’immigration de peuplement initiée par le regroupement familial de Chirac, en 1974, l’ouverture puis la suppression de nos frontières et des contrôles d’entrée, l’attribution d’avantages sociaux attractifs lui ont donné un caractère torrentiel, demain cataclysmique. Il nous menace de submersion et à terme de soumission, voire de disparition. Déclaration de JMLP, le 27 janvier 2002 à Paris.

Outre l’idée d’invasion, JMLP évoque également dans les extraits (3) et (4) ci-dessus le risque de «  submersion  » encouru à cause de l’immigration. En effet, selon le locuteur, le nombre de la population étrangère augmentera dans le futur et atteindra un niveau supérieur à celui de la population autochtone qui finira par disparaître. Avec ces scénarios qui prévoient la submersion de la France par les immigrés, le locuteur se positionne dans une rhétorique de «  l’exagération  » et de la «  surdramatisation  » (Charaudeau 2006).

1.2.3. La violence/l’insécurité

Parmi les thèmes de prédilection du chef du FN, l’insécurité constitue un sujet intimement lié à celui de l’immigration :

(5) Depuis que le monde est monde, la première mission de l’autorité constituée, de l’État, la raison du respect que l’on a pour lui, c’est qu’il assure à chacun la sécurité de sa vie, de ses proches, de ses biens. […]. La France devient une société criminelle et quand je dis société, qu’on me comprenne ; je devrais dire une société entre guillemets, une société en liquéfaction. Car les faits pénaux extrêmement graves, les faits criminels accompagnés d’actes de barbarie, se sont effroyablement multipliés ces dernières années et même ces derniers mois. […]. La principale raison de cette insécurité réside, vous le savez bien, dans l’immigration. Déclaration de JMLP, le 2 mai 2002 à Marseille

Protestant contre l’augmentation du nombre de crimes et de délits, JMLP signale que la majorité des faits pénaux sont commis par des étrangers et des binationaux. D’abord le dirigeant frontiste s’en prend à l’État pour avoir failli à sa mission principale : assurer la sécurité des personnes et des biens. Il considère que la France est devenue «  une société criminelle  » »où des actes de barbarie sont perpétrés de plus en plus. Il précise que l’immigration est la cause essentielle de cette situation. Il oppose à cet effet, le pourcentage des immigrés à celui de la population et à celui de la population des prisons pour signaler que malgré qu’ils ne représentent qu’une fine tranche de la société, ils sont les principaux résidents des prisons. Ceci renforce le stéréotype de «  l’immigré délinquant  » fortement répandu dans la société française.

1.2.4. L’immigration et le sous-développement de la France

(6) D’un point de vue économique, les prestations sociales que les ressortissants immigrés reçoivent automatiquement en arrivant en France constituent autant de pompes aspirantes des populations du Tiers Monde. Tout cela a un coût que supporte l’économie française. […]. La différence entre ce qu’ils perçoivent et ce qu’ils paient en impôts et cotisations s’élève à près de 300 milliards de francs. Comme le relève Jacques Dupâquier : «  Si l’Europe accueille trop de personnes étrangères non qualifiées, elle deviendra un continent sous-développé.  »Déclaration de JMLP, le 27 janvier 2002 à Paris.

JMLP compare dans l’énoncé (6), les prestations sociales dont bénéficient les étrangers venus s’installer en France à des «  pompes aspirantes  » qui attirent les habitants du Tiers Monde. Il indique quel’écart entre les sommes perçues par ces familles et leurs contributions fiscales est bien trop important et s’élève à des centaines de milliards de francs. Pour défendre ces déclarations concernant le poids de l’immigration sur l’économie française, il se réfère à l’historien français Jacques Dupâquier. Ce dernier affirme que l’Europe risque de devenir un continent sous-développé si elle continue de recevoir des étrangers non qualifiés. La présence des étrangers menace donc le continent en général et la France en particulier d’un retournement de situation caractérisé par un retard et une arriération.

JMLP légitime donc ses paroles par le discours d’autrui et qui plus est celui d’un chercheur historien. En effet, on accorde souvent au discours scientifique cette part d’objectivité qui lui confère sa force et sa légitimité. Toutefois, comme le souligne D Maingueneau : «  (…) le simple fait de choisir tel ou tel fragment d’un énoncé pour le rapporter constitue déjà une opération aux implications considérables  » (1981 : 97). En effet, choisir tel chercheur plutôt qu’un autre, ou telle citation plutôt qu’une autre amène le locuteur à être subjectif. Il exprime ainsi un soutien, une approbation, mais peut parfois viser l’inverse ; c’est-à-dire, choisir une citation pour manifester de l’hostilité, un rejet ou un refus.

1.2.5. Le chômage, autre raison pour stopper l’immigration

(7) Mais la principale insécurité économique, c’est évidemment le chômage. Une insécurité doublée d’un mensonge permanent parce que les chiffres que l’on vous claironne fièrement sur les plateaux de télévision sont faux ou, plus exactement, partiels. Les chômeurs, en fonction de leur demande d’emploi, sont classés en huit catégories, mais on ne donne que les chiffres de la catégorie 1, les sept autres catégories passant à la trappe. La meilleure preuve en est une étude du Commissariat général du Plan en 1996, qui a évalué, à près de 6 millions de personnes, les Françaises et les Français en grande difficulté économique et sociale. C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons actuellement distraire la moindre ressource pour accueillir de nouveaux étrangers : la préférence nationale s’impose pour servir d’abord nos compatriotes dans le besoin. Déclaration de JMLP, le 2 mai 2002 à Marseille.

JMLP affirme que le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter en France. Il accuse les personnalités politiques de mentir sur ce sujet en donnant des chiffres erronés. Cette situation doit mener les autorités à stopper l’immigration et à appliquer le principe de «  la préférence nationale  » pour protéger les nationaux. Ce principe constitue l’une des principales revendications du FN qui prévoit un traitement discriminant dans l’accès à l’emploi, au logement et à la protection sociale entre les Français et les étrangers. Le chômage constitue donc un autre argument que mobilise le FN pour rejeter l’immigration.

1.2.6. L’immigration moyen de faire baisser les salaires des Français

(8)… l’immigration, décidée pour des raisons économiques dans les années soixante - il s’agissait alors de peser à la baisse sur les salaires des travailleurs français - et qui a été transformée en immigration de peuplement par le regroupement familial…Déclaration de JMLP, le 2 mai 2002 à Marseille.

Le chef de file du FN affirme que l’objectif des pouvoirs publics en encourageant l’immigration à partir des années soixante était de tirer les salaires des travailleurs français vers le bas. Argument de campagne classique de l’extrême droite, ces propos incitent les Français à voir l’immigration sous un angle négatif menaçant leur niveau de vie. Acceptant de travailler en contrepartie de sommes parfois dérisoires, les immigrés deviennent alors les concurrents des nationaux en matière d’emploi et de salaires.

1.2.7. Le déséquilibre institutionnel et social

(9) L’immigration d’aujourd’hui met donc notamment en cause notre conception de la République (multiculturalisme contre unité), notre conception de l’école (foulard islamique contre laïcité), notre conception de la famille (polygamie contre monogamie) et notre conception de la femme (excision contre respect de la femme).Déclaration de JMLP, le 27 janvier 2002 à Paris.

L’immigration provoque selon JMLP un déséquilibre institutionnel et social qui touche les principes fondamentaux de la nation. En effet, la République unie et indivisible est en danger en raison de la montée du multiculturalisme. L’école n’est plus laïque par le port du voile islamique. La famille française monogame s’oppose aux familles étrangères parfois polygames. Et, le respect de la femme est en contradiction avec la pratique de l’excision. Ces différences de conception opposent les deux groupes : «  nationaux  » et «  immigrés  » et sont génératrices de problèmes à l’avenir.

1.2.8. L’immigration et l’affaiblissement de l’identité française

JMLP affirme que l’identité nationale française est en danger et qu’elle risque de se dissoudre voire de disparaître dans le futur. Parmi les facteurs qui favorisent cette déperdition, il pointe du doigt les conditions d’acquisition de la nationalité française par les immigrés et dénonce un certain laxisme dans l’octroi de celle-ci :

(10) La seconde trahison est celle de la nationalité française. Depuis 1973, toutes les lois relatives à la nationalité française ont eu pour but de transformer cette preuve de l’appartenance à la Nation en une formalité administrative secondaire. C’est une autre manière de dissoudre le Peuple français. Déclaration de JMLP, le 1er mai 2002 à Paris.
(11) La nation française est constituée d’un territoire, d’un peuple, d’un patrimoine, d’un passé historique, mais aussi d’une communauté de principes et de valeurs. La cohésion de la nation, gage de sa sécurité, exige donc de subordonner l’acquisition de la nationalité française au respect de conditions drastiques. […]. Il faut fonder la naturalisation sur l’assimilation. Toute procédure d’acquisition automatique sera abrogée.Déclaration de JMLP, le 27 janvier 2002 à Paris.

Dans ces deux extraits, le leader frontiste considère que les lois relatives à la nationalité française constituent une «  trahison  » pour le peuple français dont le sentiment d’appartenance nationale risque de se perdre à jamais. En effet, pour préserver la nation, il propose de fixer des conditions rigoureuses et strictes basées sur le souhait émis par le concerné de devenir Français et de s’assimiler aux membres de la communauté.

2. L’élection présidentielle de 2012

2.1. Contexte global

En 2012, les principaux candidats à l’Élysée sont : le président Nicolas Sarkozy, le candidat socialiste François Hollande et MLP. Si les participants avaient axé leurs programmes sur les questions économiques (chômage, impôts… etc.), le thème de la sécurité avait ressurgi dans la campagne, après les événements de Toulouse et de Montauban. Mohamed Merah, un franco-algérien, était l’auteur de ces attentats qui ont coûté la vie à sept (7) personnes, dont trois (3) enfants4

Les discours de la candidate frontiste ont été centrés sur les thèmes : «  immigration  », «  insécurité  » et «  islamisme  ». Voici la principale doxa relevée durant cette campagne.

2.2. La doxa sur l’immigration

Le refus de l’immigration est justifié par la présidente du FN pour plusieurs motifs d’ordre économique, social et culturel.

2.2.1. L’immigration est massive

(12) L’immigration massive pratiquée par Nicholas Sarkozy qui a fait entrer un million d’immigrés légaux en cinq ans, sans compter les clandestins régularisés dans l’un des 27 pays de l’UE qui peuvent s’installer librement en France…Déclaration de MLP, le 17 avril 2012 à Paris.
(13)… vous savez à quel point nous avons besoin d’une autorité de l’État face à l’anarchie d’une mondialisation débridée. Vous savez à quel point l’ouverture totale des frontières et sa cohorte de drames, parmi lesquels l’immigration massive, doivent trouver face à eux une puissante autorité de l’État pour rappeler des principes, imposer une règle et changer enfin les choses. Déclaration de MLP, le 4 mars 2012 à Marseille.

À travers les extraits (12) et (13) la présidente du FN affirme que l’immigration est «  massive  ». En effet, tout au long de sa campagne électorale de 2012, l’enchaînement des termes «  immigration  » suivi de l’adjectif «  massive  » et/ou groupe adjectival «  de masse  » s’est révélé presque systématique (Bouzereau 2021 : 77). Cette affirmation est appuyée par le recours aux données chiffrées. La présidente du FN estime que le nombre d’immigrés légaux entrés et de clandestins régularisés en France ces dernières années dépasse les seuils tolérés. De ce fait, elle appelle à la restauration de l’autorité de l’État pour contrecarrer les dangers de la mondialisation.

2.2.2. L’immigration est la cause du chômage

(14) Cette immigration massive ne peut pas être justifiée par un besoin de main-d’œuvre puisque nous avions déjà un nombre important de chômeurs qui n’a cessé d’augmenter parallèlement à la dette et à l’immigration, des chômeurs qui sont aujourd’hui cinq millions ! Déclaration de MLP, le 17 avril 2012 à Paris.

MLP réfute les déclarations du gouvernement qui justifie l’immigration par un besoin de main-d’œuvre. Elle souligne que la France compte déjà un nombre important de chômeurs estimé à cinq millions. Elle établit un lien de causalité entre «  chômage  » et «  immigration  » en affirmant que le premier ne cesse d’augmenter parallèlement au deuxième. Ainsi, la locutrice invite à protéger les travailleurs français contre les immigrés qui «  prennent la place  » de ses concitoyens.

En effet, à maintes reprises le parti de l’extrême droite a signalé que «  l’immigré a pris la place de l’ouvrier français  »5 et que les emplois occupés par les immigrés revenaient de droit aux nationaux qui doivent être prioritaires en matière d’accès à l’emploi.

2.2.3. L’immigration moyen de faire baisser les salaires des Français

(15) L’immigration de masse, voulue par un patronat avide de main-d’œuvre nombreuse et bon marché, malléable à merci, acceptée et encouragée par le mondialisme, idéologie du déracinement et de la lutte contre le sentiment national. Déclaration de MLP, le 4 mars 2012 à Marseille.

(16) Parce qu’en effet tous ces partis, UMP, PS, Modem, Verts sont les coupables de ces destructions d’emplois, de ces fermetures d’usines ; par leur soutien inconditionnel à une Europe de Bruxelles ultralibérale, par leur adoration du libre-échange intégral, par leur soutien à une immigration de masse voulue par le grand patronat pour faire baisser les salaires !Déclaration de MLP, le 15 janvier à Rouen.

Selon MLP, l’immigration massive a été voulue par la classe politique afin de privilégier les intérêts privés des entreprises et des puissances financières. L’immigration constitue «  une arme économique au service du grand patronat  » (Le Pen 2012 : 81) dans la mesure où elle a pour objectif de favoriser la baisse des salaires. Elle souligne que cette immigration est «  bon marché  », car les travailleurs acceptent des salaires dérisoires et se soumettent facilement à l’autorité et à la volonté des patrons. Elle précise que la politique d’immigration s’inscrit dans un projet mondialiste et ultralibéral.

La présidente frontiste insiste sur le fait que l’immigration n’a que des effets négatifs sur le niveau de vie des Français. Elle déplore le fait que ses compatriotes étaient mieux payés par le passé est que l’une des conséquences de l’immigration, en plus du chômage, est la baisse des salaires. Elle prend en charge la défense des travailleurs français et présente une analyse économique qui lui permet de gagner en crédibilité (Alduy et Wahnich 2015 : 87).

2.2.4. Le déséquilibre économique et social

(17) Il y a un lien étroit entre l’immigration massive et les graves déficits sociaux de la France. L’immigration massive accroît nos difficultés : plus d’immigration c’est plus de chômage, plus d’insécurité, plus de déficit budgétaire, plus de dette, une charge écrasante. […]. L’immigration massive rend impossible la solution du problème du logement social puisqu’on y pratique la préférence étrangère, non plus, non plus celle de l’école où s’installe le chao, la sécurité intérieure et la défense nationale elles-mêmes sont très affaiblies, sans parler de notre système hospitalier contraint d’apporter des soins à l’ensemble de ces nouveaux venus. Déclaration de MLP, le 17 avril 2012 à Paris.

L’exemple (17) est construit autour de la figure de l’énumération6 Cette tournure permet à la locutrice d’enchaîner les différents problèmes économiques et sociaux causés par l’immigration. Elle signale que l’immigration aggrave différents maux dont souffre déjà la France. Il s’agit du chômage, de l’insécurité, du déficit budgétaire et de la dette. Elle ajoute également les problèmes qui touchent certains domaines qu’elle juge impossibles à résoudre à cause de l’immigration : le logement social, l’école, la sécurité intérieure, la défense nationale et le système hospitalier. Ces propos sont intensifiés par l’emploi de l’adverbe «  plus  » qui exprime une relation proportionnelle entre l’immigration et l’accroissement des difficultés. Notons que l’expression «  une charge écrasante  » constitue un pléonasme (répétition de mots ayant le même sens dans le même énoncé) qui vise à mettre l’accent sur le poids lourd de l’immigration supporté par la France. L’immigration crée donc un déséquilibre économique et social dans la société française.

2.2.5. L’islam radical en France est la conséquence de l’immigration

(18) Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt, cet islam radical est la conséquence directe de l’immigration de masse que droite et gauche nous imposent depuis des décennies maintenant. Déclaration de MLP, le 25 mars 2012 à Nantes.
(19) Combien de Mohamed Merah dans les avions, les bateaux qui chaque jour arrivent en France remplis d’immigrés ? Combien de Mohamed Merah dans les 300 clandestins qui, chaque jour, arrivent en Grèce via la Turquie, première étape de leur odyssée européenne ? Combien de Mohamed Merah parmi les enfants de ces immigrés, non assimilés, sensibles aux thèses les plus radicales et les plus destructrices, en rupture totale avec nos principes républicains ? Nos élites ont laissé le pouvoir aux islamistes. Déclaration de MLP, le 25 mars 2012 à Nantes.

Une autre raison plaidée par la cheffe de file du FN pour rejeter l’immigration est la montée de l’islam radical en France. Si les actes terroristes islamistes se sont multipliés en France, la raison est bien claire et évidente pour la locutrice. L’immigration a généré encore une fois un énorme problème et c’est les musulmans qui sont la source de ce mal.

Enchainant des questions qui font part d’un état de peur et d’inquiétude, MLP s’interroge sur le nombre de terroristes, en plus de ceux déjà installés, la France accueillera encore. Elle évoque entre autres les bateaux remplis d’immigrés arrivant chaque jour en France, les clandestins turcs entrant à travers la Grèce et les enfants d’immigrés non assimilés pouvant tomber dans le piège de la radicalisation. Elle accuse les politiques de laisser les islamistes imposer leur loi sans prendre les mesures nécessaires pour les arrêter.

MLP fait donc «  l’amalgame  » entre immigration, musulman et terrorisme. Ce discours renvoie une image très négative de l’immigration musulmane poussant les sentiments de haine envers cette communauté.

2.2.6. La destruction de l’identité/l’apparition du communautarisme/la laïcité menacée

L’identité nationale a toujours été une thématique au cœur du programme du FN. Dans les extraits suivants nous examinerons le lien que MLP établit entre celle-ci et l’immigration :

(20) après avoir anéanti notre sécurité, affaibli notre identité sous les feux d’une immigration massive détruisant nos valeurs et pulvérisant la laïcité, cet art français du vivre ensemble. Déclaration de MLP, le 17 avril 2012 à Paris.
(21) Vous comprenez alors très bien que la négation des identités nationales, l’immigration massive, le multiculturalisme comme doctrine, le communautarisme, tous ces fléaux contemporains participent du projet mondialiste. C’est le versant culturel en quelque sorte de ce projet, qui consiste à transformer chaque territoire, chaque nation, chaque peuple, en un magma mondialisé, vide de toute identité, et où règne en maître la seule et unique loi qui vaille, celle du commerce. Déclaration de MLP, le 15 janvier à Rouen.

MLP affirme que l’immigration massive a réduit l’identité et a brisé les valeurs sur lesquels se fondaient la nation. Le principe de laïcité qu’elle qualifie d’«  art français du vivre ensemble  » est également menacé par la manifestation des signes religieux ostentatoires (notamment le voile). En effet, absente du programme du FN en 2002, très discrète dans celui de 2007, la laïcité est en 2012 un des axes principaux du projet présidentiel de la candidate. Cette «  réappropriation d’un topos républicain  » est généralement considérée comme faisant partie de son projet de dédiabolisation (Misje 2018 : 52).

Dans l’extrait (21), MLP considère que l’immigration, le multiculturalisme et le communautarisme représentent le volet culturel de la stratégie de mondialisation universelle qui dénie les identités nationales au profit d’une seule culture, celle de l’argent et du profit. En qualifiant ces phénomènes de «  fléaux contemporains  », la locutrice estime qu’ils représentent un danger pour la nation et le peuple, car ces derniers seront vidés de leur identité.

3. Analyse et comparaison

L’étude de la doxa sur laquelle s’est construit le discours du FN durant les deux campagnes présidentielles de 2002 et 2012 a démontré l’existence d’une doxa quasi identique entre le père et sa fille en matière d’immigration. Toutefois, cela n’empêche pas de déceler certaines nuances ainsi que l’apparition de la nouvelle doxa qui tend à se généraliser.

Si JMLP qualifiait l’immigration en 2002 de «  colonisation  », «  invasion  » et «  submersion  », sa fille a préféré utiliser l’expression «  immigration massive  » et/ou «  de masse  » durant sa campagne de 2012. Loin des figures d’amplification qui accentuent l’ampleur du phénomène, allant jusqu’à l’exagération et qui caractérisent le discours du père, parler d’immigration massive permet à MLP de prétendre à un discours plus «  rationnel  ».

Toujours dans cette perspective de rationalisation du discours, le rejet de l’immigration pour des raisons économiques (chômage/baisse des salaires) constitue une doxa commune entre les deux leaders politiques. Cependant, des recherches ont démontré que chez MLP, «  le vocabulaire économique est plus développé  » (Alduy et Wahnich 2015).

Les problèmes économiques et sociaux engendrés par l’immigration sont cités par les deux leaders en employant le même procédé à savoir : l’énumération. Cette figure permet de décrire les «  diverses crises auxquelles sont confrontés les Français  » et de les «  hiérarchiser  » en «  érigeant la crise migratoire au statut de “crise majeure”  » (Bouzereau 2020 : 75).

La déperdition de l’identité nationale et culturelle constitue un autre argument que partagent les deux locuteurs lepéniens pour s’opposer à l’immigration. L’assimilation est considérée comme seule solution pouvant garantir le maintien de la cohésion sociale. Sur cette question identitaire, on voir néanmoins apparaître chez MLP la notion de «  communautarisme  », autrefois désigné par son père par le phénomène général de «  multiculturalisme  », qu’elle refuse catégoriquement. À cet effet, elle propose ce qui suit :

(22) Je veux que l’assimilation redevienne la règle et l’unité de la patrie un aboutissement. Pour cela, j’inscrirai dans la Constitution que «  La République ne reconnaît aucune communauté  ». Je ne veux plus de ces communautés qui cherchent à terroriser la société. Déclaration de MLP, le 25 mars 2012 à Nantes.

La principale nouvelle doxa qui se manifeste dans le discours de MLP concerne l’islam radical. Ce dernier, affirme-t-elle, est le résultat de la politique d’immigration. En effet, le contexte dans lequel s’est déroulé les présidentielles de 2012, marqué par plusieurs attentats terroristes a favorisé le recours à cette doxa. Ainsi, la locutrice établit clairement un lien entre terrorisme, islamisme et immigration. Ces propos, qui témoignent du «  tournant  » qu’a connu l’extrême droite européenne au cours des années 2000, alimentent les discours islamophobes (Meer 2019).

En outre, en 2012 l’islam est «  dépeint comme un système politico-religieux incompatible avec les valeurs libéral-démocratiques et laïques consubstantielles de la tradition républicaine  » (Frigoli et Ivaldi 2017 : 32). L’autre problème généré par l’immigration se situe donc dans l’application du principe de la neutralité religieuse. La présidente du FN considère que : les prières de rue, le financement de la construction des mosquées, tolérer des horaires séparés dans les piscines entre hommes et femmes et bien d’autres «  concessions  », constituent «  un symbole de la dérive anti-laïque et anti-républicaine  »7

Conclusion

Pour conclure, l’étude de la doxa mobilisée par les deux leaders du FN durant les campagnes présidentielles de 2002 et de 2012 a révélé que leur discours sur l’immigration se construit en accumulant de nombreux présupposés idéologiques communs. La particularité de MLP réside dans le fait qu’elle prétend être la seule à défendre les valeurs républicaines face à ce qu’elle nomme «  l’islamisation  » de la France. De ce fait, elle préconise fortement l’application stricte et formelle du principe de laïcité qui assure non seulement le respect de l’héritage chrétien de la France, mais également la protection de la communauté nationale contre les dangers du communautarisme. Ce dernier, essentiellement musulman, cherche à changer les lois de la République en imposant des valeurs religieuses à la société française.

Le discours de la discrimination sur l’immigration est construit sur une doxa qui se fonde sur un savoir partagé et des représentations sociales (délinquance, insécurité, problèmes économiques et sociaux). Cette rhétorique, essentiellement axée sur la peur, est fondée sur «  la polarisation exacerbée d’une auto-stéréotypie positive contre une hétéro-stéréotypie négative  », nourrit la haine de l’Autre et justifie l’exclusion (Alberdi Urquizu 2020).

Les résultats obtenus de cette analyse concernent uniquement la comparaison entre deux campagnes présidentielles. Or, il serait plus intéressant d’élargir cette étude pour englober un corpus plus large et plus varié et un intervalle chronologique plus long, chose que nous avons entamée dans notre thèse de doctorat consacrée à la construction du discours de la discrimination du FN entre 1995 et 2020.

1 Notre étude couvre l’intervalle 2002-2012, soit avant le changement officiel du nom du parti le 1er juin 2018. Par conséquent, nous avons conservé

2 Article de Philippe JOUBIN disponible à : https://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/

3 C’est ce qu’on appelle aujourd’hui la théorie du «Grand remplacement », introduite en 2010 par l'écrivain français Renaud Camuset reprise par la

4 Voir les articles des journaux « Le Figaro » et « La Croix » disponible à : https://colibris.link/e16LU et https://colibris.link/1JCGy

5 Cette pensée s’illustre dans un vieux slogan du FN : "tant de chômeurs en France = tant d’immigrés en trop".

6 L’énumération est « l’action d’énoncer un à un les éléments d’un tout, en partie ou en totalité, en juxtaposant des mots de même nature et de même

7 Voir le grand meeting de MLP, le 15 janvier à Rouen.

Corpus

Déclaration de JMLP, le 27 janvier 2002 à Paris. Disponible à : https://colibris.link/YpGfv

Déclaration de JMLP, le 17 février 2002 à Lyon. Disponible à : https://colibris.link/YpGfv

Déclaration de JMLP, le 1er mai 2002 à Paris. Disponible à : https://colibris.link/UyQJb

Déclaration de JMLP, le 2 mai 2002 à Marseille. Disponible à : https://colibris.link/Md7PE

Déclaration de MLP, le 15 janvier à Rouen. Disponible à : https://colibris.link/6Utsx

Déclaration de MLP le 4 mars 2012 à Marseille. Disponible à : https://colibris.link/XiNTw

Déclaration de MLP, le 25 mars 2012 à Nantes. Disponible à : https://colibris.link/O73hd

Déclaration de MLP, le 17 avril 2012 à Paris. Disponible à : https://colibris.link/vZkid

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Le site du journal Le Figaro, URL https://colibris.link/e16LU

Le site du journal La Croix, URL : https://colibris.link/1JCGy

1 Notre étude couvre l’intervalle 2002-2012, soit avant le changement officiel du nom du parti le 1er juin 2018. Par conséquent, nous avons conservé la dénomination Front National.

2 Article de Philippe JOUBIN disponible à : https://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/histoires-d-elections-a-la-presidentielle-de-2002-le-seisme-le-pen-suivi-du-raz-de-maree-chirac-278297b6-ab50-11ec-a913-f0dff1800.

3 C’est ce qu’on appelle aujourd’hui la théorie du «Grand remplacement », introduite en 2010 par l'écrivain français Renaud Camuset reprise par la suitepar l'extrême droite française.

4 Voir les articles des journaux « Le Figaro » et « La Croix » disponible à : https://colibris.link/e16LU et https://colibris.link/1JCGy

5 Cette pensée s’illustre dans un vieux slogan du FN : "tant de chômeurs en France = tant d’immigrés en trop".

6 L’énumération est « l’action d’énoncer un à un les éléments d’un tout, en partie ou en totalité, en juxtaposant des mots de même nature et de même fonction. Elle passe en revue tous les aspects ou presque d’une même réalité « (Ricalens-Pourchot, 2005).

7 Voir le grand meeting de MLP, le 15 janvier à Rouen.

Razika Boubezari

Université Alger 2

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